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TED V. MIKELS

Le tournage de The corpse grinders fut à la mesure du scénario (l’histoire d’une entreprise de pâtée pour chat qui utilise de la chair humaine comme matière première, transformant les chats ainsi nourris en des tueurs avides de chair… humaine !).
Arch Hall (producteur et réalisateur indépendant dont les titres de gloire sont The choppers, The sadist, et le lobotomisé Eegah !) m’a apporté un scénario dans mon bureau à côté des studios Paramount. J’ai bien aimé le côté délirant de l’histoire et j’ai décidé de l’acheter en le retitrant The corpse grinders. Ce fut la seule fois de ma vie où je fus enthousiasmé à l’idée de réaliser un film sur un scénario que je n’avais pas écrit. Même si je n’avais pas la moindre idée de la façon dont j’allais le financer ! Malgré cela, je suis allé voir moi-même ma banque en compagnie d’Arch Hall, et je lui ai payé le scénario en billets de cent dollars ! Comme c’est souvent le cas, j’ai retravaillé l’histoire avec Joe Cranston, jusqu’à ce qu’elle soit telle que vous la connaissez aujourd’hui. Je n’avais pas assez d’argent pour acheter ou payer quoi que se soit, mais Joe et moi sommes arrivés à réunir à tous les deux 1700 dollars pour acheter de très, très, très petits bouts de pellicules, des vieilles pelloches comme je les appelle ! Ce sont les quelques mètres de pellicule qui restent clans une caméra à la fin d’une prise. Les studios ne les utilisent pas, je les rachète donc à peu de frais. Le problème, c’est que leur brièveté vous oblige à changer de pellicule toutes les une ou deux minutes ! Très difficile. Mais faire un film sans argent n’est pas simple. Je tournais tous les jours avec les gens disponibles à ce moment là. Parfois, c’est directement sur le tournage que j’apprenais à certains comment faire leur boulot. Nous mangions beaucoup de sandwichs au beurre de cacahuètes. Je ne savais jamais qui pourrait venir tourner le lendemain, car certains trouvaient des jobs payés pour quelques jours ailleurs. C’est vraiment un boulot qu’il faut aimer.
J’ai emprunté 15 000 dollars après avoir commencé à tourner. J’avais également un crédit pour payer le laboratoire qui devait tirer les copies du film.
Entièrement fini, The corpse grinders m’a coûté 16 700 dollars, 49 600 dollars en comptant le tirage des copies. Il a rapporté plus de 10 millions ! Si l’on ajoute les gains des compagnies plus importantes qui l’ont distribué, cela se chiffre par dizaines de millions de dollars ! J’ai pu payer tous les crédits et toutes les factures dans l’année qui a suivi. Ce film m’a rapporté suffisamment d’argent pour payer mes studios et tout le personnel pendant plus de trois ans. La broyeuse utilisée dans le film, les éclairages, les effets spéciaux, et tout l’appareillage électrique ne m’ont coûté que 17 dollars ! Mais toutes les bonnes choses ont une fin. C’est une expérience que je n’oublierai jamais.

La légende prétend que vous avez vécu dans un château entouré de plusieurs femmes ?
C’est exact. C’était au Glendale Castle, un château des environs d’Hollywood. Il y avait entre quatre et huit charmantes jeunes femmes qui vivaient avec moi en permanence ! Depuis ma plus tendre enfance, on m’a toujours dit que 7 est le chiffre magique, et, sur terre, il y a 7 femmes pour chaque homme. Je comptais bien avoir toutes les miennes ! Plus sérieusement, en quatorze ans, 60 ou 70 jeunes filles ont du vivre à mes côtés, mais contrairement à ce que la plupart des gens pensent, c’était une situation très morale. Je leur apprenais à faire des films, à s’occuper de tout de A à Z, je leur cuisinais même de bons petits plats ! Ce fut une époque de ma vie tout à fait passionnante ! Tout ceci est aujourd’hui révolu. Je vis à Las Vegas, en compagnie du docteur Wendy, une psychothérapeute de charme, très talentueuse, qui était, il y a peu de temps encore, danseuse blue bell (!) à Londres.

Pouvez-vous nous parier de votre travail de producteur sur des films comme The undertaker and his pals ou The worm eaters ?
Cela consiste à rendre certains films plus facilement vendables qu’ils ne le sont. Il faut savoir promouvoir certains films pour les distribuer en salle. Pour The worm eaters par exemple, je voulais donner à Herb Robins une chance de mettre en scène son propre film. Il était, de plus, un bon acteur et un bon directeur d’acteurs. Je lui ai dit que si nous arrivions à titiller l’audience, à l’étonner et à la dégoûter juste ce qu’il faut sur le simple fait de manger des vers, nous pourrions faire le film. Nous avions besoin de ce genre de gag pour vendre le film. Le problème c’est qu’au final cela s’est révélé trop dégoûtant, et le titre de Mangeurs de vers a éloigné les spectateurs des salles !

Pourquoi n’avoir jamais travaillé pour des majors companies ?
Depuis que j’ai mon propre studio, certaines personnes m’ont souvent demandé de travailler sur différents projets. Habituellement, ceux-ci ne connaissent rien au cinéma, et veulent que j’apprenne à d’autres comment réaliser un film à petit budget. Je serais entièrement d’accord s’ils voulaient bien me donner une autonomie totale et surtout l’argent nécessaire à une telle opération. Personne ne m’a jamais fait de telle proposition. Alors je continue mon chemin comme avant. Plusieurs fois, suite à des contrats, les gros studios ont tenté de me placer sous 1a coupe de gens sans aucune expérience, et cela, mon ego ne le supporte pas. De plus, je ne suis jamais allé dans de grosses compagnies chercher du travail ou un financement quelconque. Il me semble que s’ils ont besoin de moi, ils viendront me chercher. Peut-être suis-je trop égocentrique ?
Si j’avais travaillé pour les grands studios, peut-être serais-je aujourd’hui riche et retiré du monde du cinéma.

Que faites-vous à l’heure actuelle ?
Je réalise des spots publicitaires pour la télévision, des vidéos musicales, des films promotionnels, ou d’entreprises. Mais la chose la plus importante pour moi, c’est encore et toujours de faire des films. Il y a tellement de projets que j’aimerais réaliser, The corpse grinders 2 par exemple, la suite de mon plus gros succès à ce jour. Ce second volet racontera l’invasion de la terre par des extraterrestres, descendants directs du peuple chat de l’ancienne Égypte, qui cherchent le Lotus Cat Food… Depuis plus de dix mois, des hommes d’affaires que je ne connais pas cherchent de l’argent pour le financement de ce film. Voici quelques semaines, quelqu’un m’a même prouvé qu’ils exploitaient mon nom. Cette personne avait décidé d’investir dans The corpse grinders 2 sur ma réputation de réalisateur de petits budgets à succès. Il a donc envoyé à ces gens-là une avance de 20 000 dollars sur les 500 000 qu’il voulait investir. Il a commencé à s’inquiéter lorsqu’il s’est rendu compte que les lignes téléphoniques de ces escrocs ne répondaient plus et qu’il n’avait aucune réponse de leurs bureaux. Bien évidemment, je n’avais aucune correspondance avec ces personnes, je n’ai jamais reçu de courrier et encore moins d’argent de la part de ces gens-là ! La compagnie C.P.A. (qui protège les auteurs) m’a téléphoné pour me dire que quelqu’un s’était simplement enfui avec les 80 000 dollars récoltés !
Vous comprenez à présent pourquoi j’écris, réalise, produit et distribue mes films tout seul dans la mesure du possible ? En qui puis-je avoir confiance ? Je pense sérieusement réaliser The corpse grinders 2 en vidéo... Question d’argent...
Il y a aussi Beowulf the viking, une histoire basée sur un héros de la mythologie anglaise. Je le réaliserai lorsque j’aurai trouvé 30 ou 40 millions de dollars ! C’est toujours pareil, j’aimerais enchaîner film sur film mais il faut de l’argent pour cela ! Toutes les formes d’art sont confrontées à ce problème, le cinéma n’est pas une exception. Je me suis enfin procuré une betacam, et j’ai prévu de tourner un petit film comploté avec mon copain Jerry Carroll. Il s’intitulera Dimension in fear. Comme d’habitude, je serai réalisateur, producteur, directeur de la photo, je m’occuperai du son et des effets sonores, ainsi que des effets spéciaux.
Je compte aussi le distribuer. Que voulez-vous, on ne se refait pas !

Depuis la réalisation de cette interviews, The corpse grinders 2 est sorti
plus d'infos sur le site du réalisateur.

La totalité des films de Ted V. Mikels est disponible en Pal (V.O.N.S.T.) à :
lncredibly Strange Films
P.0 Box 28404
Las Vegas, NV 89126-2404 USA

Pierre-Henri de Castel Pouille (le vrai)
Chaleureux remerciements à Monster Marie et à Incredibly strange filmworks.


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[ Le site de Ted V. Mikels ] [ la chronique de Astro-zombies ]

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