SOMMAIRE

ENTRETIENS


A LA LOUPE
Le label SOFTL
Le label V/VM
Le label Z & Zoé

Chroniques de
Julien Jaffré

[Contact]

Ce mois ci
CHRONIQUES 16

COBRA KILLER . TRAVAUX PUBLICS . V/a STAUBGOLD . KARATE . LALI PUNA . KERRIER DISTRICT . STRATEGY . Pascal SCHÄFER . V/a Antologia de musica electronica portuguesa . FIRE WERE SHOT . SWOD . PATERAS/ BAXTER/BROWN . SCHURER . @C . ADAM WILTZIE . RAN SLAVIN . THE ETERNALS . CHILDRENS OF MU . MAX EASTLEY/ DAVID TOOP . CHARALAMBIDES . ANGIL . BIP-HOP VOLUME 7 . EYVIND KANG . COCOON . VENETIANS SNARES . LULLATONE . Corker Conboy . POST INDUSTIAL BOYS . STEPHAN WITTWER . GROWING . ILIOS . YANNIS KYRIAKIDES/VEENFABRIEK . MINIT . THE GO-FIND . MICHAEL J SCHUMACHER . MILOSCH


2004
CHRONIQUES #15
BATHYSCAPHE . TRAVAUX-PUBLICS . SPEKTRUM . LUNT . BAKA ! . V/a MUSIK EXPERIENCE . LANGUAGE COMPUTER . AGF . Tô . TRICATEL . MEN’S BEST FRIEND . MAX HAIVEN/JON VAUGHN . V/a List . RYOICHI KUROKAWA . SKETCHES OF PAIN . MINOTAURE SCHOCK . Z_E_L_L_E . V/a Rural Psychogeography . MARGO . FORMA. 2.03 . FAUST Vs DALEK . MANITOBA . COURTIS / MARHAUG . LUCKY R’ . EXPLOSIONS IN THE SKY . REMARC . JOSH RITTER . GROWING . CHRISTIAN RENOU/ANEMONE TUBE . BREEZY TEMPLE . GUINEA PIG . V/A Kraakgeluiden doc1 1999-2003 . DIRGE . ATONE . HARPAGES . DEPTH AFFECT . REBECCA . JONO EL GRANDE . SKYPHONE . PUYO PUYO . MEAT BEAT MANIFESTO . WESCHEL GARLAND AND WORLD STANDARD . BRAILLE . HAMLET . O.Lamm & Sutekh . V/A HAUNTED WEATHER . MITCHELL AKIYAMA . ALEX GARRACOTCHE & STEPHAN KRIEGER . FUNKSTORUNG . HELIOGABALE . THE SIDE OF JORDAN . FROM:/TO:  . RAUD & HOLLAND . EXCAVATION SONORE . HYPO . THE LOOP ORCHESTRA . CLOUDHEAD . PAULO RAPOSO & MARS BEHRENS . V/A Nothing but a Funk Thang . Jorg PIRINGER . KID SPATULA . AIRPORT CITY EXPRESS . EPSYLUN ZYGMA CLUB . SUGAR PLUM FAIRY . Jean Luc Guionnet & Eric La Casa . CM VON HAUSSWOLFF . JOHN BUTCHER . YEYE . Pierre BONDU . MINIMALISTIC SWEDEN . BABY FORD . DJ DAMAGE . FLUNK . ALCAHA SOUNDSYSTEM . DAY &TAXI . PHI LIFE CYPHER . NHX . 90 DAY MEN . Fort Laudendale . Le POP 2 . PERLON . TBA . TANDY . WHOPPER . Villalobos . LUNGFISH . TWERK . MICHAEL YONKERS BAND . Andrew Thomas . SERGEJ MOHNTAU . The Limps Twins . ABSiNTHE (PROVISOIRE) . Gustavo Lamas . SETH P BRUNDEL . The Sound Of Warhammer . BEXAR BEXAR . Active Suspension at Vooruit, GENT . PLANETALDOL . FEIST . THE SHINS . Arman MELIES . GREENBANK . ROSIE THOMAS . V/A STEREO DELUXE . JASCH . KAMIDO . ARMAND-FLORIAND DIDIER . TANTE HORTENSE . METAMATICS . HELLFIRE . Laurent PLESSIET . ISO 68 . BMB Con . CARLO FASHION . JAS

CHRONIQUES #14
EXTENSIONS . LEFT / MIDDLE / RIGHT . BERNARD FLEISCHMANN . CHARALAMBIDES . KAFFE  MATTEWS . TRIOSK MEETS JAN JELINEK . NAO TOKUI . FANTOMAS . DEAN ROBERTS . CINELUX . FUTURE PILOT AKA . KAT COSM . OLAF HUND & HIS ORCHESTRE TOUT JUSTE . FORMANEX/AMM . PLURAMON . V/A LOST IN TRANSLATION . KID 606 . THOMAS MERY . PAUL WIRKUS . POLMO POLPO . NITRADA . MELODIUM . DUDLEY . BIAS . HANS JOAQUIM  IRMLER . ENCRE . KHANATE . ADVENTURE TIMES . V/a CIRQUE . PIANO MAGIC . THE HIGH LLAMAS . THE BOOKS . REFREE . XANOPTICON . GRIDLOCK . WILLIAM ELLIOT WHITEMORE DIM MAK . PARADISE ISLAND . DANCE DISASTER MOOVEMENT . EKKEHARD EHLERS / JOSEPH SUCHY / FRANZ  HAUTZINGER . OKKERVIL RIVER . ANTIFROST . THE PAPER CHASES . THE SILVER mt ZION MEMORIAL ORCHESTRA & TRA-LA-LA BAND WITH CHOIR . RED SNAPPER . AUTODIGEST . SUMUGAN SIVANESAW / DURAN VAZQUEZ .LEE VAN DOWSKI .WE GOT MONKEYS . RAINIER LERICOLAIS . GRASSKIRT . ANABEL’S POPPY DAYS . FABRIQUE DE COULEURS . METAXU . XIU XIU . NOVEL 23 . ERIK FRIEDLANDER . DICKY BIRD . SANTA CRUZ . PW LONG . DO MAKE SAY THINK . CHICA & THE FOLDER 42 . CLEAR HORIZON . TELEFON TEL AVIV . Ms JOHN SODA . Phrênésie #2 . EINOMA . BRUNO DESCOUT . J XAVERRE

 

chroniques 2003
chroniques 2002
chroniques 2001

LA DEMOTHEQUE #1
LA DEMOTHEQUE #2

 
CHRONIQUES #16

> COBRA KILLER 76-77
(Monika Enterprise/import)

Cobra Killer n’est pas de cette génération spontanée de musiciens à s’être découvert un amour sans faille pour l’électro-clash Eighties ; ces 2 filles cultivent cette passion immodérée pour l’électronique et l’esprit Punk avec un son 60’ depuis plus d’années que beaucoup d’autres réunnis. L’histoire de Cobra Killer (Gina V D’orio, Annika Line Trost) commence au milieu des années 90 sur la scène Berlinoise. Avant de se fixer sur Cobra Killer, on a pu voire ces furieuses activistes dévisser les têtes à grand coup de syncopes rythmiques et de décharges d’énergie sur Shizuo Vs Shizuor, projet Noise digital à division expérimentale en compagnie de Patric Catani et sur des projets solo notamment. Un premier album sortie sur DHR qui sera suivi de quelques maxis disséminés sur des label Amis depuis Monika enterprises à Valve, , Dub Rec, dualplover, etc…
Ainsi, après un long silence, cet album fait figure de synthèse, de conclusion logique de leur savoir faire rassemblé au cours des 6 précédentes Années. Loin du phénomène de mode d’il y a 2 ans (elles auront sans doute à en pâtir, d’une manière ou d’une autre) elle présente ici un album qui a pris soin de ménager , si l’on gratte un peu la couche des apparences un savoir faire musical qui les places bien au dessus de la meute. Des morceaux tels que Let’s have a problem, Mund Auf, Tenthousand tissues, si il font volontiers battre la mesure à notre pied obsède surtout par la saveur mélodique qu’ils distillent.
Dans l’esprit, Cobra Killer se rapproche bien davantage des artistes Eighties et des projets Jazz Funk No wave d’A Certain Ration , The Slits ou Ganf of Four.
Un album où figure nombre de participants et d’amis puisqu’on y compte Patric Catani, T. Raumschmiere, thomas Fehlmann, Tashad Becker, rien de moins. Voici le grand paradoxe, il fallait attendre l’arrivée de 2 néo-punkette pour mériter un vrai album à la mesure du genre. Conseillé !

> TRAVAUX PUBLICS V/a Chantier n° 7 Slow
(
www.travaux-publics.org)

Le Slow, inventé en 1919 par John Slow avait pour fonction originelle de libérer l’individu mâle, de type caucasien, de son inclinaison à la timidité à l’encontre de la gente féminine en arguant du rapprochement de 2 corps, et ce en vue, comme le déclare son inventeur : " de faciliter les accointances et la promiscuité et de créer un substrat favorable à la promotion du couple " ( et accessoirement, de baiser, ndlr).
En simulant l’acte de reproduction de manière verticale, le dessein de cette danse semblait être la relance de la natalité, dans un continent, l’Europe [ John Slow étant Anglais, ndlr] alors meurtri par 4 longues années de guerre.
Prés de 85 ans plus tard, TRAVAUX PUBLICS, label pas asexué pour un sou, semble vouloir repeupler nos campagnes (et ses petits bals populaires) à l’occasion de la sortie de ce chantier Slow.
Un chantier qui dès les premiers chaloupements du bassin se révèle être un petit laboratoire expérimental du sexe en éprouvette.. En privilégiant le texte au sein de la construction des morceaux, l’écurie TP semble avoir élu domicile à la périphérie de l’école Française du slow des années 60’ quelques correspondances vers l’Italie jusqu’à l’Allemagne de Scorpion et Europe et plus si affinités.
La plupart des artistes ne se privent donc pas pour tirer à boulets rouges sur les écueils du genre…Permettant au passage de nous remémorer le Top5 des slows les plus efficaces pour emballer : Dream of my reality ( le thème de la Boum), Still Loving you (Scorpion), Hotel Califormia (the Eagles), One More Time (Georges Michael), l’été Indien (Joe Dassin) guest : Destiny (Paul Anka). Chacun ayant à loisir de nourrir de ses souvenirs la liste ci-avant.
Ainsi, le slow est devenu une institution des boums, pour des générations d’adolescents symbolisant L’éveil à la sexualité  où le contact , la proximité des cloisons buccales, l’effleurement des parties érogènes provoquaient fréquemment des érections chez les sujets mâles et le bâillement chez les sujets du sexe opposé.
Cependant, si ce chantier ne peut se prévaloir de vertus aphrodisiaques, il invite fréquemment nos oreilles à se dresser (c’est déjà ça !) à la cadence langoureuse de ces petits hymnes à l’amour.
Même si ici, tout n’est que tubes [règle n°3], on notera tout de même quelques performances de tout premier ordre digne de l’Eurovision 73, tels que con il gambe dangolo, having sex in the city, i can’t live without your socks, zihens uns in las vegas, le terrible The love song, the leigh song.
Au palmarès, on retrouve la garde prétorienne du label, les incontournables BOOGERS, CROQUE LOVE, POUIC-POUIC et FLAIRS puis dans un ordre d’arrivée aléatoire des artistes confirmés ou en devenir : DELI TESCO, IOLOGIC, LEONARD DE LEONARD & MENINAMANDINE, MUTE FEAT DAVID T, Nicolas ERRERA & Katy BRAITMAN, ROBERT LE MAGNIFIQUE et BIRDY BEN, 8LPM, MONSIEUR DE FOURSAINGS
Une fois encore la TP team manifeste son goût pour la transversalité entre courants indépendants et musiques populaires. Une bonne brochette de Branleurs célestes, qui savent à l’occasion aussi faire vibrer le romantique qui sommeille en eux.

> V/a STAUBGOLD TEMPO TECHNIK TEAMWORK
(Staubgold/La Baleine)

Au-delà du simple fait d’embrasser la quasi intégralité des productions du label, couvrant en cela plusieurs années d’activisme forcené, cet état des lieux se pare également d’un nombre conséquent d’inédits, de compositions à venir et d’unrealised sound.
Une manière s’il en est de raviver la curiosité des plus fervents partisans de la structure.
L’expertise de cette compilation offre un très beau condensé de ce qui existe au sein des scènes électronique / électroacoustique/ improvisée et de ses dérivés (Sound fields, Bruit Blanc).
Cette double missive nous rappelle que l’univers de Staubgold est un kaléidoscope d’inventivité de genre et de sensibilités qui , malgré un manque certain de cohérence apparent cohabitent intelligemment; Chaque pièce, chaque artiste semblant finalement trouver sa place ainsi que sa juste mesure au sein du groupe.
Qu’il soit ici question des univers éthérés de Minit, du dub minimal de Mapstation, de la folk indie de The Kat Cosm, des limpides atmosphères de Dean Roberts des envolées dépaysantes de Thilges 3 (Avec Asim al Chalabi) ; du rap urbain de Faust/Dalek aux partitions acoustiques de Weshel Garland/ World Standard jusqu’aux tourments cérébraux de Oren Ambarchi/Keith Row, Ekkehard Ehlers, etc…Tous participent de l’édification d’une forme nouvelle de pluralité, déjà présente au sein du magazine Wire où tous les clivages et étiquettes s’effondrent pour laisser enfin place à la seule chose qui compte réellement : la musique.
On sort de cette double compilation à la fois repu de bonheur et soulagé, empli d’une surcharge d’émotions et délesté du superflu. Splendide et hautement conseillé.

> KARATE pockets
(Southern/Southern)

Pocket associe à nouveau les éléments qui ont fait par le passé le charme de ses 6 prédécesseurs et plus particulièrement de Unsolved …une alternance heureuse et insolente de folk du terroir, de Soul veloutée mêlés à des agencement rock de pur style. Mais au delà du genre, c’est bien cette énergie pure et vindicative, gansée ici et là d’instants de contemplation béate qui stigmatise au plus près les émotions procurées par ce trio.
8 courtes histoires, huit chroniques de la vie ordinaire qui viennent à la manière du sac et du ressac, émousser nos convictions, éroder nos certitudes.
Gavin Mc Carthy, Jeff Godard et Geoff, vu en d’autres temps et d’autres lieux aux côtés de Mary Timony, The Lune, Luther Gray, Dan Littleton, Come ou Victory at sea ne creuse jamais autant la part sombre et caché de leur âme que lorsqu’ils se réunissent sous la gouverne de Karate.
Karaté traverse les spectres de la musique américaine de ces 40 dernières années, laissant dans la traînée de leur comète les spectres de Jerry Lee Lewis, Salomon Burke, The O’jays, Jon Spencer, Mule et tant d’autres….Où quand évolution et progression communient d’une même voix.

> LALI PUNA micronomic (Morr/La Baleine)
www.morrmusic.com

Dans la mesure où Lali Puna reste une facette parmi d’autres des multiples activités de ses membres, le groupe n’a pas le loisir de multiplier les incidences discographiques autant qu’il le souhaiterait.
Ce maxi est alors une belle occasion d’approfondir notre connaissance du monde si féminin et sensitif de Lali Puna. Des remixes qui convient des univers différents à leur table et offrent une relecture en décalé de la sensibilité du groupe.
La douce fragilité de Valérie a une emprise sur la sensibilité tactile de Lali Puna ; par effet d’osmose, capillarité, elle inonde les ornières et les nids de poule de la mélodie. On retrouve cette douceur sur le morceau original Micronomic en ouverture.
En confiant à des artistes issus du courant Hip-hop (on connaît l’attachement de Markus Acher à des artistes tels que Harmony’s Basement sur Lex) le soin de gouverner à nouveau les morceaux de Faking the book, Lali Puna a intimement choisi la voie d’une relecture rythmique et…finement mélodique comme le prouve la refonte folk et instrumentale de Boom Bip ; Alias d’Anticon arpentant pour sa part les rives d’Alienation ; ce maxi 5 titres nous donne également l’occasion de découvrir 2 inédits ( The Daily Match et Harrison Reverse) d’une très belle trempe.

> KERRIER DISTRICT (Luke Vibert) s/t
(Rephlex/La Baleine)

Luke Vibert, vieil hédoniste aux poils rebelles a choisi à l’annonce de l’été de remettre les pendules de la House à l’heure.
Exit les éléments superflus, les décorums baroques, les apparats stupreux qui banalisent et dépersonalisent l’idée même de groove et d’épicurisme qui caractérise ce genre musical dans ses premières années.
Laissant de côté, pour l’heure son alter ego Wagon Christ et ses arrière-faits plus cérébraux, il affranchit la cadence et la mélodie et livre onze petites pièces house galvanisées de disco totalement salutaire et excitante.
Conçus sur le modèle de sa pochette (3 couleurs primaires s’enchevêtrant), ses compositions s’attachent à une lecture première et basique du genre, et ce malgré les gimmicks présents (petits riff de piano, voix, Hand clap) et ce, qu’on s’attarde sur le génial et chaloupé Illogan, le deep disclix,ou encore le groovy disco bus.
Un album qui s’adresse au cortex de tous les déçus de l’évolution de la House dont je fais partie et qui trouveront dans cet album, une bonne raison de reprendre le chemin des pistes.

www.rephlex.com

> STRATEGY drumsolo’s delight
(Kranky/Southern )
www.kranky.net

En invitant Paul Dickow, l’homme derrière Strategy, à investir les étagères de l’écurie, Kranky semble s’être octroyé une petite entorse à sa ligne musicale.
Le processus qui a mené Dickow jusqu’à drumsolo’s delight est tortueux et complexe ; l’homme est un multi-instrumentiste qui aura su faire fructifier son appétit de découverte au détours de multiples projets : batteur Punk chez Emergency, harmoniste au sein de Fontanelle et accesoirement Dj des clubs rock/ dance et des galeries d’art les plus en vue de la côte Ouest, il a insufflé dans Strategy son goût pour la découverte, propulsant quelques maxis sur Tigerbeat 6 et sur Outward, label de Portland.
Ce nouvel album est une chimère de musique post atmosphérique, d’ambient et de Dub translucide.Les compositions font la part belle aux harmonies épurées de détails, aux saturations discrètes, aux rythmes soufflés, aux vibrations et aux ondulations impénétrables.
On pense pour partie aux climats traversés d’éthers du radio amor de tim Hecker, mais aussi aux environnements ambigües de FSOL où surgissent à l’occasion quelques complaintes dub issues des fournaux de Soul JAZZ ou Basic Channel. Apaisant et fluide.

> Pascal SCHÄFER  Dawn
(Karaoke Kalk/La Baleine) www.karaokekalk.com

En guise de préambule, on pourrait noter le fatalisme (heureux) qui lie les SCHÄFER (avec un ou deux F) à la musique, qu’il soit question de Pierre et son legs de théorie concrète sur la musique ou de Murray et ses réflexions sur l’environnementalisme des sons sans oublier Janek et ses suppliques dark ambiente . En un sens, si Pascal Schäfer n’avait cette soif à décomplexer ses compositions par des mélodies fragiles ou facilement assimilables, certains détails de sa musique laisserait à penser qu’il a pris la relève de ses illustres pairs.
L’album débute sur un morceau qui rappelle immanquablement le Ennio Morricone du début des années 80 et sa musique récursive et belle ; puis Pascal Schäfer, s’amuse alors, sautant d’un titre à l’autre à créer des atmosphères aussi complémentaires que déphasées, qu’elles aient les aspects de l’exotica , de troublante antichambre easy listening, pièces ambiantes, partitions de Muzak soignées et discrètes.
Puis l’orchestration bifurque à nouveau, rappellant les instrumentations 60’ de Gainsbourg, ou plus proche de nous, les climats envoutant du Cinematic Orchestra, mélange de sonorités numériques, et de passage de bandonéon d’Amérique latine ou d’accent Amon Tobien en plus épuré. Des phases d’ambiances désinvoltes et d’univers chauds façon Tommy guerrero.

> V/a Antologia de musica electronica portuguesa (Tomlab/La Baleine)

Cette anthologie, malgré le caractère éminemment personnel et subjectif de ses choix et orientations (Rafael Toral en est l’instigateur) a su conserver une dimension exhaustive, plurielle et achevés dans son " dénombrement ".
Sans visée historique, cette compilation présente ici une large frange des artistes portugais a avoir construit une démarche artistique autour de la chose électronique ( depuis l’ambiente à l’électro-acoustique au sens large) ; la devançant dans certains cas ou accompagnant son évolution dans d’autres . Mais au delà de cette seule grille de lecture, ce sont bien les racines musicales que porte en lui Rafael Toral, ingénieux et sensible guitariste portugais , qui viennent émerger de ce terreau fertile de musiciens.
Des compositions surprenantes, pour des compositeurs ,qu’il soit question de Candido Lima, Nuno Rebelo, Filipe Pires, Jorge Peixinho, Carlos Zingaro ouJoao Pedro Oliveira pour n’en citer que peu, qui donnent une vision beaucoup plus ouverte et nuancée de l’héritage et du patrimoine musical portugais.
Une démarche unique pour une compilation, bien que difficile d’accès, indispensable, et qui semble alors vouloir mêler ses précieux sons au non moins précieuses pensées du poète Fernando Pessoa.

> FIRE WERE SHOT Solace
(Asphodel/Venus work) Asphodel ASP 2022

Le Texas et ses entités paysagères épurées semblent propices au jeu contemplatif et dissolu des arrangements éthérés de guitares. Asphodel signe ici un troublant duo de guitares, enclin aux pratiques expérimentales, constitué de John Wilkins et Clay Walton.
Les intonations trompeuses, les dissonances étirées, les vortex abyssaux de brouillards analogiques, les arpèges de mélodies offrent un panel de sensations variées, de nuances complexes à cette musique préoccupée et songeuse dans la même intervalle.
Ni totalement ambient, ni même Dronnienne, leur approche est davantage caractéristique des artistes qui pratiquent à loisir un Space Rock brumeux à la manière de Roy Montgomery, Windy & Carl, chris heaphy, voir Stars Of the Lid, accessoirement voisin de palier de Fire Were Shot. Autant dire que les amateurs transits de KranKy, Space Age recording ou Drunken Fish trouveront dans la musique de ce duo un refuge apaisant aux atermoiements de leur vie. Une musique purificatrice et pastorale.
www.asphodel.net

> SWOD gehen (City centreoffices / La Baleine)

Composé de Oliver Doerell et de Stephan Wörhrmann, SWOD (abréviation de leur initiales) est une délicate psychanalyse autant qu’une belle introspection sur les relations raffinées que devraient toujours entretenir l’analogique et le numérique. Ici, ce sont bien les instruments, à savoir le piano, la guitare et la batterie acoustique qui gouvernent le registre des compositions. L’électronique ne venant qu’enrichir la trame de fond des harmonies.
La douce ondulation des mélodies, le caractère instrumental de leur destinée, donnent un caractère éminement humain à leur construction. Les tournures musicales entêtantes du piano, les légers bruits organiques, d’eau, de frisonnements d’insectes, de chants de grenouilles, mêlés à de lents flux jazzy enivrent notre esprit et nous laissent lentement érrer le long de ces 10 compositions. Touchant et pur. Un régal !!!
www.city-centre-offices.de

> PATERAS/ BAXTER/BROWN Ataxia
(Synaesthesia/Chronowax)

Le rituel et l’esthétique qui entourent  la préparation  d’un piano valent à elles seules quelques strophes de poésie, comme le souligne si justement la photo qui orne cette nouvelle production du label Synaesthesia.
Un poème de Prévert ne pourrait pas mieux suggérer cet enchevêtrement singulier de pièces, de vis, de petits objets non-inventoriés, de bouts de journaux pliés, tendus tels du linge sur les cordes à piano, au parallélisme et à la géométrie parfaites.
Les compositions, puisqu’il est ici question de musique sont l’œuvre d’un trio issu de Melbourne, composé du pianiste et compositeur Antony Pateras accompagné ici du percussionniste Sean Baxter et du guitariste (guitare préparée) David Brown.
Sur Ataxia qui signifie en grec, la perte de co-ordination musculaire , on sent évidemment le spectre de John Cage, pair d’entre les pairs, mais une fois cette impression dépassée, l’album se livre corps et âme à l’écoute.
Un album flexible, retord à la complaisance, qui comme un animal sauvage est traversé de phases d’accalmies et d’explosions de brutalité. Des boutures mutantes de musiques savantes et acoustiques, d’expérimentation et de musique in progress.
Les parties les plus denses, proches de Hecker, Merzbow et les partitions libres façon AMM sont constamment contrebalancées par l’écriture réfléchie, héritage de Morton Feldman et Xenakis…

> SCHURER Vexations
(Domizil/Metamkine)
www.domizil.ch

Même si son nom ne vous dit rien, Bernd Schurer n’est pas un inconnu puisque sous son pseudonyme Teleform, il a déjà contribué de sa petite œuvre à la grande histoire de la musique.
Il est sans doute à jamais impossible d’évaluer la portée qu’auront eu des compositeurs tels que Erik Satie et John Cage, (à quelques décennies d’écart près) sur la pratique de l’instrument Piano. Un apport et un legs à ce point pesants que la majeur partie des approches et des postures postérieures se résument bien souvent à de simples fax similés.
Il s’agit bien évidemment d’un hommage à Satie comme l’indique l’intitulé du disque
Pourtant Schurer, au long de ses 28 pièces, réinvente quelque peu l’histoire de l’instrument.
L’idée n’est pas tant de transcrire dans une forme contemporaine le leg du maître mais de traduire la pensée sous-jacente de celui-ci, la  psychologie intestine et les affects qu’elle succite. Une approche à double tranchant, tour à tour délicate, quasi poétique où les douces vibrations de cordes frappées viennent troubler la sérenité nocturne de l’air , le silence devenant observateur de ce monologue entre l’auteur et son instrument ; et des phases saturées de grésillements, de petites infractuosités générées via ordinateur, qui donnent un goût définitivement contemporain à cette œuvre.

> @C V3 (Cronica/ Import/ www.cronicaelectronica.org )

Ce disque célèbre la double collaboration du trio @c avec le label Cronica, ainsi que l’apport mutuel entre le groupe et les visuels de Lia, qui, si ils ne sont que suggérés sur la pochette, tiennent pourtant une place importante dans l’esthétique du groupe.
Ce disque est en fait l’état des lieux à un instant T des pratiques et des environnements musicaux performés par @c, mais également des collaborations, des échanges qu’ils peuvent entretenir avec l’international des musiques improvisées.
Composé de 3 performances délivrées en live lors de festival tenus entre le Portugal et l’Angleterre, le trio s’est adjoint au cœurs de ses périgrinations, outre la présence de Lia au visuel, celles de Manuel Mota, Joao Hora, (Guitares) Andy Gangadeen (Batterie) ou encore Vitor Joaquim, quatrième émanation du groupe.
Des créations qui s’appuient pour une large part sur un travail de texture du sons, de tramages des atmosphères, souvent fluides, une approche tactile du son, où alternent phases abrasives, instants soyeux, événements corrodants, climats filandreux..
Les visuels de Lia, à base d’éléments géométriques, pixelisés, ne suivent pas de schémes narratifs, et comme pour mieux épouser les courbes de la musique de @c livrent par bribes diffuses, à la manière d’une trame, des éléments éparses, sans relations apparentes.
Ambitieux et élevé.

> ADAM WILTZIE THE DEAD TEXAN
(KRANKY/ Southern)

Pour beaucoup (dont votre serviteur), Adam Wiltzie représente une forme discrète et bien humaine de légende vivante. ses nombreuses collaborations et ses projets ont exalté ce qui se fait de mieux dans le domaine rock atmosphérique de ces dernières décennies. Membre imminent de Star of the Lid, Aix Em Klemm (avec Bobby Donne de Labradford), mais aussi ancien membre de Windsor for the Derby, The dead Texan représente son réel premier projet soliste.
Wiltzie magnifie ici le désert en insinuant des violons aux chevets de la nuit, en laissant la complainte du vent et les aspérités du sable s’en faire les discrets confidents. Proche des travaux de George Delerue (Truffaut), de Zbigniew Preisner, sa musique est une lente plongée nocturne, un travelling avant une once au dessus de l’asphalte qui se joue de nombreux emprunt et clin d’œil au cinéma, laissant une continuité symbolique au travers des titres (La ballade d’Alain Georges) ou encore A chronicle of early Failures .
Il apparaît clair que cet album, solemnel, liturgique, replié sur lui même , mature, réfléchi est un petit chef-d’œuvre de contemplation nocturne et d’agilité mélodique.
Hors des styles, il impose le même respect que le premier projet d’un autre artiste solo du nom de Mark Hollis Sublime. Une musique qui si elle n’était pas accompagnée des splendides images de Christina Vantzos (DVD associé au CD), ornerait magnifiquement les courts métrages de Jonas Mekas.
Onze sonates sublimes en attendant l’aurore.

> RAN SLAVIN Product 02
(Cronica/ Import/
www.cronicaelectronica.org )

Deuxième épreuve de la série Product du label Cronica, série dédiée à la confrontation de genres au sein d’un même album et où sont généralement associés un graphiste/ Illustrateur/ Plasticien/ Designer qui a à sa charge la couverture de l’album et de l’autre, un musicien qui est pour sa part dépositaire des créations sonores.
Evidemment, l’interaction est extrêmement ténue, marquée. Elle oppose un graphisme haché, piéces et parties d’images recomposées, surajouté de caractères monochrome, fruit d’un univers à la fois extrêmement doux et violent à une musique qui par analogie ou mimétisme se caractèrise des même adjectifs.
Sorte de superposition constante de sons, de mécanismes cinématiques, de strates recursives, de mélodies de sous-sol rayées, Cronica 009 donne l’impression d’être en présence d’une mécanique immergée, qui malgré les points de rouille et les algues continue à faire tourner ses rouages, se laissant à l’occasion transpercer de rayons de lumière, venus troubler sa tranquilité.
Ran Slavin livre ici un album empli de subtilité et de nuances, ni tout à fait ambiante, ni proprement Post –industriel, d’une grâce et d’une profondeur infinies. L’immersion absolue.

> THE ETERNALS rawar style
(Aesthetics/La Baleine)

Alors que le groupe vient d’assurer la tournée américaine en compagnie de Tortoise et de Beans (Warp), Aesthetics nous fait parvenir sa nouvelle production.
Pas franchement enclin à se laisser apposer une étiquette sur le coin du col, The Eternals, un peu dans l’esprit " auberge espagnole " de Motherhead Bug, est composé de 3 musiciens de Chicago : Damon Locks, Wayne Montana, Tim Mulvenna qu’on a vu traîner auparavant chez Trenchmouth, vandermark 5, Smog, etc… auxquels s’adjoignent fréquemment John Herndon (Tortoise, isotope 217, Agrape drope) et Dan Fliegal. Ils ont déjà commis un album sur le label Desoto.
Leur musique est un assemblage foutraque de blues sale à la Jon Spencer, de rock Progressif façon Salaryman , de posture post-rock, de délires folk-acoustique et d’un travail d’harmoniste que n’aurait pas renié Money Mark ! les textes sont tour à tour chantés, rapés, modulés, lents, accélérés.
Des références qui explosent les cadres et qui se résument magnifiquement dans les artistes qu’ils ont accompagnés en tournée : Tortoise, Isotope 217, Brokeback, Stereolab, Fugazi, Hood, Antipopconsortium
Dans l’idée, ça pourrait ressembler à la confrontation de Ui, The Books,Tortoise, Fourtet, Boom Bip, fugazi et Money Mark !!!!!… C’est vraiment excellent et plein de trouvailles. Fortement conseillé ! www.aesthetics.com

> CHILDRENS OF MU V / a
(Planet Mu/La Baleine )

Non, Childrens of Mu n’est pas un nouvel avatar de secte, ni une nouvelle escalade dans la pratique religieuse si tant est que pratique il y ait.
Les fils de Mu ne sont rien d’autres que notre génération, celle qui a su croître en ayant un pavillon porté sur les fondamentaux de la musique (depuis Schaeffer, Gang of 4, Can, Faust et Kraftwerk ) tout en laissant l’autre bivouaquer aux aléas de ses instincts de découverte et de second degré. (du heavy metal à l’électronica en passant par le folk, le post-rock et l’Harsh noise…).
Une trash Culture qui a su faire le tri sélectif ( bien que subjectif) dans ses références et qui s’amuse de cette approche polymorphe et un peu foutraque des genres.
Ce double Album du label Planet Mu nous offre une réelle occasion de faire notre le patrimoine ouvert du label de Mike Paradinas et de saisir, avec le recul que le temps offre, la richesse et la soif de diversité qui l’animent.
C’est flagrant dès les premières manœuvres The Gasman et ses chants religieux, Chevron et ses riff de guitares…tant et si bien qu’on perçoit à certaines occasions ce disque comme un chaînon manquant entre le folklore déjanté de V/vm et l’impétueuse virulence de Rephlex.
L’architecture de cette compilation, extrêmement bien conçue ne laisse jamais l’attention de l’auditeur divaguer et assène à une cadence régulière de très beaux moments de métissage entre rythmes et sens aïgu de l’harmonie. C’est le cas pour Lexaunculp qui confirme tout le bien qu’on pensait de lui, julian Fane, luke Vibert mais aussi le blues cajun de John Leafcutter, Patrick Wolf, Frog Pocket, Shitmat, Divin !!!
Avec Datach’i, Jega, 000, Chevron, Fluoroscopic, L.Vibert, Sujex, Lexaunculpt, Patrick Wolf, Joseph Nothing, Shitmat, Nautilis, ambulance, Local, Phthalocyanine, Urban myth, Venetian Snare, hrvatski, etc…

> MAX EASTLEY/ DAVID TOOP doll creature
(Bip-hop/La baleine)

Max EASTLEY est un musicien accompli de la scène indépendante qui après avoir accompagné Nico, entre autres c’est surtout fait apprécier aux côtés d’Andy Diagram et Richard Harrison pour son travail au sein de SPACEHEADS.
David TOOP, pour sa part, malgré assez peu d’albums à son actif, parce que journaliste et écrivain avant tout, est une des grandes sommités des courants indépendants, notamment dans le domaine des musiques nouvelles, tous courants confondus. On lui doit un album référencé sur SubRosa et un travail de compilation pour Staubgold en marge de la sortie de son nouveau livre Haunted Weather.
Comme le suggère la photo intérieure, le respect des mucisiens, fondé sur la connivence, leur permet de se soustraire au regard de l’autre, se tournant fréquemment le dos lors des sessions d’improvisation.
Les apports de chacun sont facilement perceptibles, Toop privilégiant la matérialisation sonore d’atmosphères micro-organiques, mouvantes, monde du début du monde, climats imperceptibles et environnements pré-humains. Max Heastley, intégrant plus volontiers ses parties d’improvisations libres, à base de frottements, de manipulations d’objets non sonores en périphérie de micro, de préparation d’instrumentaux.
Il y a un moment dans le disque, aux alentours de nights où les 2 hommes et leur savoir se rencontrent pour ne plus se séparer.
C’est à une leçon de biologie moléculaire, de scrutation au microscope à balayage que nous convient ces 2 scientifiques du son. Et comme bien souvent, l’infiniment technique rejoint l’infiniment philosophique et donne une petite leçon de vie, pas nécessairement musicale, d’ailleurs.
www.bip-hop.com

> CHARALAMBIDES joy shapes
(Kranky/Southern)

On trouve dans les tournures musicales que privilégie aujourd’hui (depuis toujours) Charalambides des résonances et des réflexions diffuses avec les travaux de Michel Snow, où, ralentissant à l’extrème ses films, chaque geste semble contenir en substance un univers tout entier. Christina et son frère Tom Carter, Heather Leigh n’ont de cesse d’épurer , de développer et d’amplifier tant et plus leurs harmonies fragiles, suggestions vaporeuses de folk, de blues, de post atmosphérique et d’une certaine approche ésotérique. Les incantations vocales rappellent le timbre perché et fluctuant de Meredith Monk sur ECM, alors que la musique témoigne et vénère à la même mesure, les univers désenchantés de Paris-Texas, les mélodies désapointées de John Fahey et les climats atomisés et désertiques de Tomorrowland
Joy Shapes, du haut de ses 75 minutes se révèle être une quête initiatique, une lente introspection nocturne au cœur de sa propre humanité.
Here, not here, Stoke, Joy Shapes, natural Light puis Voice for you réinvente la ligne d’horizon, la plaçant toujours au delà du champs de vision, infléchissant alors nos paupières à se clore et à laisser nos oreilles prendre le relais.
Le temps ne suspend plus son vol, il l’a simplement arrêté sur Joy Shapes.
www.kranky.net

> ANGIL : teaser for : matter (Unique records/ La Baleine)

Le timbre endolori et désenchanté de sa voix, mêlée à ses orchestrations tamisées et comblées d’amertume et de vie nous avaient conquis 2 ans plus tôt sur Bedestanding.
La maturité était alors déjà présente..manquait simplement une production plus ample et un petit coup de pouce de la destinée. Unique records, label à l’instinct heureux aura fait de notre intime souhait une réalité en produisant ce teaser for : matter.
L’album commence avec no more guitars, belle ballade qui fait se croiser Radar Bros et Marc Hollis avant de laisser les guitares reprendre leur droit.
Beginning of the fall est une mélopée divine et non-chalante où la flute traversière et la guitare se meuvent d’un même élan pour soutenir la voix d’Angil.
Alternent ensuite parties orchestrés, moments de noisy controlée , torpeurs de fin de soirée.. et petits instants de grâce qui chavirent toujours avec la même justesse nos âmes. UNIQUE, comme son label du même nom
www.uniquerecords.org

> BIP-HOP VOLUME 7
(bip-hop/La Baleine)

Beaucoup seraient tentés de voir dans les séries Bip-hop l’évolution probable des musiques électroniques à courte ou moyenne échéance alors même qu’elles ne font que refléter la contemporeinéité d’une musique qui tient autant des pratiques électroniques actuelles, néo-industielles que des musiques improvisées d’aujourd’hui.
La dernière venue du genre, Volume 7 annonce déjà dans sa couleur (un blanc lumineux) la fin d’un cycle et le début d’un nouveau. Loin s’en faut, il paraît évident que l’entreprise d’inventoriage et de recensement n’est pas close et ne le sera sans doute jamais totalement.
Ici, le minimalisme électronique domine les premiers arpents de la compilation sous les traits de Taylor Deupree, boss du label New-Yorkais 12K et co-fondateur de Line avec Richard Chartier .Des compositions fines et translucides, constamment en mouvement, qui s’évertuent à donner une définition toujours plus subtile du terme minimalisme .Trois titres comme un inventaire songeur de textures fragmentées, de sons de cristaux, d’ambient arctique. Slow
semblant faire glisser dans des abîmes toujours plus conséquents la mélodie. Une BO idéale pour le Solaris de Tarkowsky
L’Argentin Leonardo Ramella et son projet EMISOR saisit le relais dans le cadre de sa première partition internationale, avec 4 morceaux qui enrichissent les marges d’un Dub blanc sourd et dynamique aux relents d’électronica façon Pan American . Très bon.
FONICA (Keiichi Sugimoto & Cheason) après leur excellent album ripple paru sur Tomlab en 2003 viennent nourrir notre curiosité d’un morceau translucide, saturé d’hélium et d’altitude, très apaisant. FM3 , projet chinois dans lequel on retrouve Christiaan Virant et Zhang Jian et qui s’évertue à disséquer les folklores traditionnels Chinois et à en restituer l’essence au détour de titres méditatifs et obsédant. Superbe.
Ghislain Poirier, déjà entendu sur Intr_version pour ses travaux dub-atmosphériques ciselés et plus récemment sur Chocolate Industries pour une exploration hip-hop, revient ici à ses premiers amours ; une évocation sensible, presque féminine des espaces vierges.
Janek Schaefer, clot cette session décidément très riche en colorations et teintes avec un avant-gout de ses soundscapes si eidétiques.
Une volume 7 qui trouve une osmose parfaite avec la blancheur de sa pochette.

> EYVIND KANG virginal Co-ordinates
(IPECAC/SOUTHERN )

La somme des années passées dans l’ombre d’artistes de renoms tels que John Zorn, Wayne Horvitz ou Bill Frisell ou au flanc de formations aussi originales que Mr Bungle, We ou Sun City Girl n’aura pas été vaine et aura procuré à Eyvind Kang la saveur de la note juste et une certaine forme de détermination artistique.
Son jeu, traversé par les rayonnements et les réflexions des musiques minimalistes répétitives de Riley, Conrad, La Monte Young ou Gorecky autant que par certains instincts rémanents de musique traditionnelle d’Asie Centrale ,est constituée de passages d’écriture narrative et de purs moments d’abstraction portée à la faveur d’une improvisation libre.
Les harmonies de son violon, capturé live ont un caractère profondément affecté, renforcé par les quelques 20 musiciens qui encadrent Eyvind Kang,
Virginal Co-ordinates, 5ème album à son actif, met aussi le doigt sur une amitié étroite avec Mike Patton, satellite géostationnaire de la galaxie Ipecac/ Tzadik qui concoure et ponctue de plusieurs contributions électroniques/ chants les environnements vierges de ce bel et brillant album. L'exil des grand espaces dans sa plus simple expression.

> COCOON  (OPTICAL SOUND/ www.optical-sound.com )

Optical Sound continue à tisser d’incessantes relations entre les arts graphiques, plastiques et musicaux. Faisant suite à Renier Lericolais, Cocoon paraît en apparence moins porté sur les arts graphiques. Il place d’emblée une certain état de mal-être en présentant une femme gansée de plastique, icône contemporain du " tout sous vide "
Les atmosphères du disque, prolongent le dessein de malaise du graphisme en exposant à nos oreilles des environnements soufrés aux eaux saumâtres, des milieux phtisiques où la lumière perce difficilement le brouillard Des Urban fields entrecoupés de sonorités fulgurantes, d’échos travestis, de rythmiques distordues par l’éther. Jamais éloignées d’Elektroplasma sur (Ytterbium) ou de Bathyscape (sur Monopsone), les propositions de Cocoon (Christophe Demarthe) mènent la conscience toujours un peu plus loin, l’élevant par la même, gardant l’esprit dans un état de léthargie contenue.
Etonnement, on se sent lavé, pur comme après une longue fièvre, ou les accès de températures et les délires associés aurait purgé notre corps et notre esprit de tout ce trop plein d’impuretés.
Organique et captivant.
Le disque est accompagné d’un CD-rom conçu à six mains par Rachid Boukrim, Vincent Tirmarche et Christophe Demarthe.

> VENETIANS SNARES  huge chrome cylinder box unfolding
(Planet Mu/La Baleine)

Pur produit de la culture Planet Mu et par extension des sphères Skam/Rephlex/Vertical Form, Venetians Snares a mesure qu’il publie et édite, accède au fil du temps à un statut de Hérault du label et de cette forme ludique et complexe d’électronique.
Toujours porté aux avants-gardes des sons, Aaron Funk privilégie une fois encore l’efficacité rythmique sous couvert d’une certaine dramaturgie pour insuffler jusqu’à nos tympans ses rythmes concassés, dans la plus pure tradition de ce qui se pratique du côté de chez Richard D James.
Cette volonté très affirmée d’approfondir et d’excaver toujours davantage les arabesques sonores de son style, cette obstination, cette persévérance à ne pas dévier vers d’autres courants est une vraie qualité qui donne une cohérence et offre un attachement particulier à son œuvre.
Même si la réalité de sa musique flirte fatalement avec celle d’Aphex Twin, elle arrive à l’occasion à s’en extirper au détour d’intros soyeuses comme c’est le cas sur Vida .
Les amis du rythme et des click’n cut sauvages en auront pour leur frais. Qu’on prenne ici à parti les lignes de basses fulgurantes ou les mesures binaires primesautières de cadmium lungjacket . Tout converge et nous rappelle que notre corps avant d’être composé d’eau et de tissu et aussi le réseau central de forces électriques en irruption !
www.planet-mu.com

> LULLATONE " little Songs about raindrops" (PLOP /Moshi-moshi)

Popularisée par des artistes et structures aussi variés que Takagi Masakatsu, Klimperei, Fonica, Childisc Recordings, voire Tomlab, la musique "  naïve ", fruit d’une étude appliquée de formats empruntés à l’enfance et à ses comptines ne se révèle jamais un sous-genre et mérite une attention toute particulière.
Derrière Lullatone se dissimule Shawn James Seymour, dissident américain résident au Japon ( Nagoya.) Le jeune homme a déjà entrepris sa quête de l’infiniment candide au détour d’une première production réalisée sur le label Audio Dregs Recordings (d’E*rock et d’E*vax) en 2003. Computer recital s’appliquait alors à souligner à la fois l’importance de ses inspirations (Steve Reich et Satie pour l’essentiel) sous couvert d’une forme minimale et abstraite.
L’abstraction est ici toujours de mise mais elle est à présent étayée par une panoplie de petites sonorités numériques et analogiques, en provenance de petits jouets pour enfants, pour partie et d’ambiances électronica fébriles façon Tujiko Noriko.
Plus proche de l’aquarelle que de la peinture, du pointillisme que du réalisme, Little songs about raindrops s’exerce à circonscrire les moments intimes, les petites allégories de l’enfance.
Lullatones nous laisse ainsi entrevoir la part de candeur qu’on souhaite de toutes nos forces garder au creux de nos paumes, tous ces sentiments confus, ces analyses abstraites qui font de l’enfance cet énorme terrain de jeux à ciel ouvert.
www.inpartmaint.com/plop

> Corker Conboy Six for five
(Vertical Form/La Baleine)

Tout est ici question de perception, à la manière de ces formes abstraites bleu de méthylène et noire qui ornent la couverture et qui à mesure qu’on les observe prennent la figure d’une panthère.
Corker Conboy est converti aux sphères d’un post-rock instrumental et d’une noisy névralgique. La musique est ondulante et cahotante. Elle emprunte des chemins de traverses , s’inscrivant tantôt dans la répétition, tantôt dans une accumulation de sons amples et harmoniques (le remix de Xela).
Ce maxi offre la particularité de voir David Grubbs revisiter l’artiste sur Get 1 over avec un Tornado Green remix très cinématique et proche de l’esprit de salaryman. Derailer (John Mathias and David Prior) privilégiant la nostalgie aux detours de sons brimbalants de boites à musique. Fort réussi.
On attend l’album avec impatience qui ornera merveilleusement l’hiver.

> POST INDUSTIAL BOYS
(Max Ernst/La baleine)

Label du sémillant Thomas Brinkmann, Max E. , au départ conçu pour exposer les productions minimales techno de ce dernier s’est au fil du temps élargie, par philanthropie sans doute à une frange large des vertueux armateurs d’une électronique sans frontière.
La mise en avant de ce projet atypique relève d’un certain panache.Si le leader-titre du nom du groupe à des relents d’house matinés de No wave, et malgré le charme et les intonations étranges de la voix de gogi et quelques emprunts à Burrough (naked lunch) la dynamique de vie de l’album est absente et traîne des pieds dés le 3ème titre

> STEPHAN WITTWER Sicht 04 etc.
(DOMIZIL/Metamkine )

L’analogie entre ce double album Sicht 04 etc. et l’installation visuelle Sichtbare Welt des artistes Peter Fischli et David Weiss n’est pas fortuite puisqu’ elle découle d’une même gamme de sensations qui s’expriment simplement sur 2 médiums différents, l’un visuel, l’autre sonore.Ainsi, cet album est le prolongement de cette expo et son développement exacerbé.
Sicht 04 etc. est le fruit de la pratique expérimentale du musicien Stephan Wittwer, qui après un album salué chez Grob (Stream en 2002) s’attache ici à développer et croiser différents thèmes et différentes approches qui lui sont chères.
D’un point de vue technique tout d’abord, où auront été privilégiés la logique algorythmique et les méthodes de probabilité via la programmation (Supercollider)…démarche cartésienne et pragmatique s’il en est.
De l’autre côté, nous étreint sa musique, fluide, harmonieuse, disruptive, micro-organique, méditative à l’extrême qui paradoxalement semble se jouer des conventions, des raisonnements et se soustraire aux processus dialectiques pour n’écouter que son intime logique, l’instinct naturel qui la gouverne.Un instinct de la nature qui trouve des points d’ancrage dans le caractère environnemental de certaines compositions.
Ce paradoxe, pour étrange qu’il soit, n’enlève rien à la richesse narative intérieure des morceaux, à leur beauté abstraite ni à l’inconfort qu’ils procurent (!!!)
Une musique qui se teinte selon son orientation des couleurs de l’ambient, des coloris de la drone music, de pigmentations de glitchs, de disruptions analogiques ou de passages atmosphériques et légèrement expérimentaux des plus fins (notamment Sicht 04, longue plage de 51 min 31). Le repos des Dieux au jardin d’Eden. www.domizil.ch

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