Un label où la mélodie et l'humanité tiennent des places d'honneur. Unique.records@caramail.com

JadeWeb : Quel est votre premier souvenir musical ou sonore ?
J'ai vraiment énormément de mal à me souvenir des premiers instants de ma jeunesse, cela me semble si loin déjà… mais j'ai quelques traces en tête d'instants où des chansons sont venues titiller mon esprit avide de découvertes. Je me souviens de voyages en voiture où la radio tournait tout au long du trajet. Les tubes de l'époque (années 80) passaient en boucle et sur le moment je ne retenais aucun nom, mais la mélodie restait. Et c'est plus tard que j'ai redécouvert certains de ces morceaux, par le plus grand des hasards à la radio ou chez des amis. Je me suis ainsi souvenu de BLACK qui chantait " it's a wonderful life " (qu'est il devenu ?!?), une chanson qui avec le recul avait des textes assez sombres, et aussi PHD, un groupe qui n'a eu qu'un seul tube (comme beaucoup à l'époque) mais un bon : " I wanna let you down ". Tiens encore un titre aux paroles tristes…Sans doute est ce là qu'est né mon goût pour la musique dépressive ?

Quels artistes ou chansons ont marqué votre jeunesse ?
Sans une seule hésitation R.E.M. avec " Losing my religion ". J'ai 13 ans, je n'écoute pas encore de musique passionnément, je m'en fout et puis viens ce titre qui change vraiment ma vie. Je me souviens de l'été où j'ai découvert le titre au top50 sur canal+. J'ai couru acheter le single en cassette 2 titres (j'avais pas encore de lecteur CD) et j'ai écouté le titre sans arrêt…la nuit je l'écoutais sur mon walkman et c'était bien avec l'autoreverse sur l'autre face il y avait encore la chanson donc je ne dormais pas de la nuit ! Après cette découverte, je suis devenu fan du groupe et j'ai découvert leur histoire, le rock américain, le folk… tout ce que disait écouter Michael Stipe, je l'achetais et j'adorais cette musique : Velvet Underground, Sonic Youth, Nirvana, GrantLeeBuffalo, Kristin Hersh, Vic Chestnutt… Et je suis ainsi devenu un addict à la musique !!! Merci à REM pour m'avoir aidé à trouver en moi une de mes plus grandes passions : la musique (et la bonne !). Je n'ose même pas imaginer ce que j'écouterais maintenant si je ne les avais pas entendu…ils m'ont vraiment bien aiguillé !

Pensiez-vous travailler dans la musique ? Que souhaitiez-vous devenir plus tard ?
Je ne travaille pas dans la musique et heureusement ! Cet un milieu des plus affligeant, un milieu où pour gagner sa vie il faut faire de la merde… Nous avons fondé Unique Records pour pouvoir entretenir une passion et non pour faire des choses alimentaires. Notre label est une association, et nous souhaitons rester comme ça pour que cela reste un plaisir et que cela ne joue pas sur nos compositions. Il y a déjà tant de choses à faire avec une association, cela nous suffit ! Plus jeune je me souviens je voulais devenir archéologue (Indiana Jones Syndrome ?), et je travaille maintenant au CNES comme ingénieur spécialisé dans l'expertise de composants électroniques pour les satellites. En clair, je voulais travailler sur des vestiges du passé, et je me suis plutôt tourné vers le futur… mais je préfère, l'espace me fascine tellement !

Y a t’il des sons désagréables (ou agréables) qui ont marqué votre jeunesse ?
. Des sons désagréables, ce sont tout les pleurs que j'ai entendu autour de moi, de gens de ma famille ou d'amis pleurant parce qu'ils avaient perdu une personne chère. C'est dur mais plus on vieillit et plus on en entend de ces pleurs-là. Des sons agréables, ce sont plutôt les premières fois où j'ai donné du plaisir à une fille !!! C'est inoubliable, non ?

Est-ce que vos parents ont participé à votre éducation musicale ?
. Mes parents ont très peu participé à ma culture musicale. Ils n'écoutaient pas trop de musique, hormis quelque fois la radio. Je regrette un peu que mes parents n'aient pas été fous de musique, il m'auraient sans doute forcé à apprendre le solfège et à jouer d'un instrument et j'aurais maintenant un bien meilleur niveau ! C'est si dur d'apprendre quand tu es vieux ! Mais bon je leurs dois leur ouverture d'esprit pour ne m'avoir jamais interdit tel ou tel groupe et ne m'avoir jamais refusé un concert. Respect !

Pouvez-vous raconter un souvenir d’enfance marquant, relatif à la musique (concert, spectacle…) ?
Le concert de Nirvana en Février 1994 à Toulouse. J'avais 16 ans, ça pogotait grave, on slammait comme des fous, tout le monde semblait s'amuser comme des fous, sauf une seule personne dans la salle… Kurt n'était déjà plus là et personne ne s'en souciait ou personne ne s'en apercevait. Quelques jours plus tard, tout le monde a du réaliser combien cela devait faire mal à Kurt de jouer ce soir-là…Mais que pouvions nous faire ? Il me manque énormément et sa présence sur scène à quelques mètres de moi, si seul au milieu de la (sa) tourmente, restera à jamais dans ma mémoire.

entretien © Julien Jaffré 2003