Directrice de rédaction chez Supersonic Jazz (le plus classe des fanzines morts avec le stéréophile), pigiste chez Les Inrocks, L’indic, Revue et Corrigé, Guitar part’, Rock Sound (avec des chroniques de Mazzacane, Conrad !!). Co-directrice de label de feu Numéro Zéro Audio Un album avec Lorren Mazzacane Connor/ Thurston Moore et Jean Marc Montera. Actuellement programmatrice du Nouveau Casino. (on l’adore !) Gardera-t-elle son accent chantant la saison prochaine ?
Marie-Pierre Bonniol - Nouveau Casino

JadeWeb : Quel est votre premier souvenir musical ou sonore ?
La ligne de T.G.V. qui longeait ma maison, dans les quartiers nord de Marseille : un train toutes les huit minutes pour marquer mes oreilles. Ça m’aidait à m’endormir, j’ai été complètement troublée quand on a déménagé, pour mes dix-huit ans.

Quels artistes ou chansons ont marqué votre jeunesse ?
Pendant ma petite jeunesse, c’était Lil’Louis (le tube dance auch) et Technotronic qu’écoutait mon frère, les pseudos cris de jouissance mâtinés de beat et les basses vrombissantes derrière la cloison qui séparait nos chambres. Pendant ma moyenne jeunesse, on parlera de Jim Morrison et ses trois poils au torse, l’intégrale des Doors que je me passais en boucle tandis que je recherchais, rêveuse sur mon lit, des excuses pour sécher les cours de sport de 5e 1 du collège Arthur Rimbaud. À peine plus tard, il sera question de Tom Verlaine et Television que j’écoutais au walkman sur l’autoroute avec mes parents devant. Après, on tombe dans le domaine public de l’Internationale Underground : c’est moins bandant.

Pensiez-vous travailler dans la musique ? Que souhaitiez-vous devenir plus tard ?
Petite, je voulais rien faire de spécial, juste pousser tranquille, faire des dessins, regarder des livres. Peut-être institutrice, ou bibliothécaire. Pis l’adolescence arriva, ses boutons, ses fringues mal coupées qui vous tombent toujours en sac à patates. Je n’ai jamais voulu, même adolescente, même avec mon fanzine, faire ma rock-critic des chicanes. Jusque l’année dernière, je voulais faire maître de conférence à la fac, et décortiquer avec une voix suave les différentes théories de l’art en amphi, en matant des premières années de DEUG rougeauds dans le fond de la pupille. Maintenant, je sais que je voudrais faire de l’écriture un métier, mais pas forcément journaliste. Et je programme du post-rock et de la house en attendant que mon heure vienne.

Y a t’il des sons désagréables (ou agréables) qui ont marqué votre jeunesse ?
Voir la réponse 1.

Est-ce que vos parents ont participé à votre éducation musicale ?
Une vingtaine de vinyles à la maison : les Sputnicks, les Shadows et un vynil rare D’où viens-tu Johnny a moitié bouffé par les rats. Autant dire que mes parents, à part le surf mainstream à guitare et le charleston sur lequel ils dansaient pendant les mariages successifs des nièces, n’étaient pas des plus pumpy. Mais on peut dire que par leur patience d’ange et leurs sonotones d’amour, voui, ils m’ont aidé à développer ma croissance musicale biscornue.

Pouvez-vous raconter un souvenir d’enfance marquant, relatif à la musique (concert, spectacle…) ?
un concert qui m’a touché le cœur : un arbre de Noël de la boîte de mon père, avec Chantal Goya et un prestidigitateur, ou encore un récital de piano où l’on m’avait invitée sur scène, mais j’étais trop timide. Un podium RTL avec Jean-Pierre Foucault et des stars, sur la plage, le truc pour mater en douce avec des miroirs sur les yeux, aux armes de la radio. Dire Straits pré-ado où j’ai fait bouffer mes cheveux au type de derrière, désarmé par tant de furie qui ne demandait qu’à s’exprimer en live. Je n’avais pas encore de Doc Martens coquées à l’époque, j’ai eu très mal aux pieds.


Votre Top 5 de l’enfance

45 t de Barbe-Bleue, à moitié couvert de bave de gamine.

New Kids on The Blocks, les stickers de OK Magazine échangés avec les copines.

Jingles Yannick Chevalier, des vinyls de bruitages et d’animations DJ’s très très chers qu’écoutait mon frère.

Some Friendly des Charlatans, découvert par hasard en cassette à Carrefour à 10 boules.

Où veux-tu que je regarde de Noir Désir parce que le beau minois et les phrases incompréhensibles de Bertrand Cantat m’ont fait découvrir Abus Dangereux et Television.


entretien © Julien Jaffré 2003