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HUGUES ORSETTI

 

JadeWeb : Quel est votre premier souvenir musical ou sonore ?
Elles sont toutes comme ça les questions ? ? ? Je me rappelle avoir eu horreur du bruit des travaux en face de chez moi : quoi de plus affreux que des grondements de moteurs ?
Musicalement, un vieux 45 tours rayé me rappelle immanquablement une période ( floue, brumeuse, éthérée ) de mon enfance : A L’Aube Du Cinquième Jour d’Ennio Morricone. Déjà la musique m’émouvait de façon profonde, quelque chose de romantique, qui fait rêver et donne envie de pleurer.

Quels artistes ou chansons ont marqué votre jeunesse ?
J’ai baigné dans Brel (et Brassens et Ferré, que mes parents écoutaient). J’appréciais ses disques (notamment Amsterdam), mais ce qui a "traumatisé" l’enfant que j’étais, ce fut de le voir sur scène lors d’archives télé.
Son émotion était si impudique et poignante qu’elle me paraissait sans prix. J’adorais Brel à un point que moi-même je n’imagine peut-être plus aujourd’hui. Je n’osais même pas en parler, à l’époque. Plus tard je découvris Le Plat Pays que j’ai écouté tous les jours pendant des années (celles du lycée notamment).

Pensiez-vous travailler dans la musique ? Que souhaitiez-vous devenir plus tard ?
Je travaille dans la musique ? J’ai toujours eu un problème avec le mot "travail". Non, je ne l’envisageais pas. Tout se fait de fil en passion (pour ainsi dire), il y a quelques mois encore, j’ignorais que j’allais autant m’intéresser à la country…
Je voulais être d’abord dessinateur de bande dessinée (genre Spirou), puis tennisman ( je vous défends de rire) puis poète, voire Arthur Rimbaud (autre traumatisme).

Y a t’il des sons désagréables (ou agréables) qui ont marqué votre jeunesse ?
J’ai déjà répondu pour le désagréable ( je refuse toujours aujourd’hui de conduire tout engin à moteur, vive le vélo), l’agréable (de paire avec l’odeur, sans l’ombre d’une plaisanterie) c’est le bêlement des moutons qui passaient (encore, en ce temps-là) près de chez ma mémé, là-bas dans ce village de Provence. Un vrai bonheur : on aurait dit qu’ils ronronnaient.

Est-ce que vos parents ont participé à votre éducation musicale ?
Indirectement, c’est indubitable. Par la suite je me suis rendu compte que j’écoutais la musique (n’importe laquelle) avec beaucoup plus d’attention que les autres (je suis de ceux qui s’arrêtent dans la rue pour écouter une chanson venant d’un haut-parleur, quelque soit la circonstance – croyez-moi, c’est pas courant).

Pouvez-vous raconter un souvenir d’enfance marquant, relatif à la musique (concert, spectacle…) ?
Je ne vais jamais aux concerts (étonnant, non ?). C’est trop fort et je trouve ça complètement con, de jouer trop fort. J’adore écouter des disques, par contre – à la folie. Les sensations durant lesquelles j’ai découvert Le Plat Pays sur un 25cm, chez des amis dans le Minervois, sont indescriptibles et prendraient des pages. Baudelaire disait à propos d’une femme : "- Et l’harmonie est trop exquise / Qui gouverne tout son beau corps / Pour que l’impuissante analyse / En note les nombreux accords". On peut dire la même chose à propos de la musique ou d’une chanson (comme Imagine de Lennon, par exemple).


Votre Top 5 de l’enfance

Mais où situe-t-on l’enfance ?
Enfin, voici cinq chansons qui me plaisaient particulièrement vers mes cinq/douze ans :

Stop, I Don’t Wanna Hear It Anymore Mélanie (The Best Of Mélanie)
Le Roi Georges Brassens (album 11)
Chanson Pour Pierrot Renaud (3ème album)
Marguerite Richard Cocciante (je ne sais pas!)
Banana Split Lio (j’avais l’oreille collée au juke-box !)

J’ajoute une remarque importante à votre questionnaire : ce qu’on a écouté durant son enfance n’a pas plus d’importance que ce qu’on écoute aujourd’hui. Si on croit que ça a plus d’importance, c’est juste parce qu’on s’attache à son enfance. Pour ma part, ce que j’écoute et découvre aujourd’hui, je le sais, est tout autant conséquent sur ma sensibilité et sur mon devenir

> Rédaction
© Julien Jaffré | Jadeweb 2003