SOMMAIRE

ENTRETIENS
. Programme .
. Clinic .
. Piano magic .
. Bip-Hop .
. Arbouse Rec .



A LA LOUPE
Le label SOFTL
Le label V/VM
Le label Z & Zoé

Chroniques de Julien Jaffré [ Contact ]

Ce mois ci
CHRONIQUES #14
EXTENSIONS . LEFT / MIDDLE / RIGHT . BERNARD FLEISCHMANN . CHARALAMBIDES . KAFFE  MATTEWS . TRIOSK MEETS JAN JELINEK . NAO TOKUI . FANTOMAS . DEAN ROBERTS . CINELUX . FUTURE PILOT AKA . KAT COSM . OLAF HUND & HIS ORCHESTRE TOUT JUSTE . FORMANEX/AMM . PLURAMON . V/A LOST IN TRANSLATION . KID 606 . THOMAS MERY . PAUL WIRKUS . POLMO POLPO . NITRADA . MELODIUM . DUDLEY . BIAS . HANS JOAQUIM  IRMLER . ENCRE . KHANATE . ADVENTURE TIMES . V/a CIRQUE . PIANO MAGIC . THE HIGH LLAMAS . THE BOOKS . REFREE . XANOPTICON . GRIDLOCK . WILLIAM ELLIOT WHITEMORE DIM MAK . PARADISE ISLAND . DANCE DISASTER MOOVEMENT . EKKEHARD EHLERS / JOSEPH SUCHY / FRANZ  HAUTZINGER . OKKERVIL RIVER . ANTIFROST . THE PAPER CHASES . THE SILVER mt ZION MEMORIAL ORCHESTRA & TRA-LA-LA BAND WITH CHOIR . RED SNAPPER . AUTODIGEST . SUMUGAN SIVANESAW / DURAN VAZQUEZ .LEE VAN DOWSKI .WE GOT MONKEYS . RAINIER LERICOLAIS . GRASSKIRT . ANABEL’S POPPY DAYS . FABRIQUE DE COULEURS . METAXU . XIU XIU . NOVEL 23 . ERIK FRIEDLANDER . DICKY BIRD . SANTA CRUZ . PW LONG . DO MAKE SAY THINK . CHICA & THE FOLDER 42 . CLEAR HORIZON . TELEFON TEL AVIV . Ms JOHN SODA . Phrênésie #2 . EINOMA . BRUNO DESCOUT . J XAVERRE

 

chroniques 2003
chroniques 2002
chroniques 2001
Entretiens

LA DEMOTHEQUE #1
LA DEMOTHEQUE #2

 
CHRONIQUES #14

> EXTENSIONS s/t  (ARR/Bimbo)
> LEFT/MIDDLE/RIGHT s/t (ARR/Bimbo)

Extensions est le fait d’un compositeur et guitariste (Alexandre Bellenger ). Le jeune homme s’exerce ici à une exploration acoustique de l’instrument à cordes ;un périple auditif qui articule son approche autour d’épreuves et de tracés graphiques, un peu dans l’esprit dece que proposait le testament sonore de Cornelius  Cardew...une transcription musicale de formes abstraites, de tournures calligraphiques. Un geste vif et concis, de l’esquisse à la partition, du crayonà l’accord, qui laisse une large part à l’idée d’esthétisme et de libre arbitre.
La notion de hasard occupe ici une part importante de l’œuvre puisqu’elle détermine certains des paramètres de la composition ; la durée des morceaux se jouant aux dés... on ne peut alors s’empêcher de penser à l’œuvre de Luke Rhinehart (L’homme dé, édition de l’olivier), Psychanalyste déjanté des early seventies, qui confiait toutes ses décisions à l’implacable destin des dés. Pour autant, Quentin Dubost privilégie un jeu impromptu de manipulations discrètes, d’assortiments d’objets (Keith Rowe,est-tu là), une domestication des sons fine et fébrile, à laquelle s’adjoignent de petits traitements de rythmes et d’effets de turntable et de sons analogiques administrés par Alexandre Bellenger.
Un minimalisme scintillant, dronien, à la croisée des genres électroacoustiques, improvisées et d’une forme contemporaine de musique liturgique.

LEFT/MIDDLE/RIGHT est un trio d’improvisateurs parmi lesquels Quentin Dubost, Romaric Sobac et Alexandre Bellenger qui s’est fixé comme dogme intime un ensemble de règles établies : la prédétermination  de la durée des morceaux et une visée lo-fi, jamais éloignée de la quiétude. Ce qui fait la singularité du projet, c’est que chaque intervenant refuse toute implication dans le travail de l’autre, jouant en solitaire la partition que déroulent les limbes de son cerveau ; à la façon de trois soliloques discourus à "voix haute" sans attente de réponse, se greffant toujours l’un à l’autre, comme autant de strates sonores distinctes et indéfinissables. Un travail en trio où deux guitares acoustiques semblant s’éveiller doucement à la vie (1) répondent aux interférences toujours plus insistantes des fréquences radios et d’objets en immixtion. Le travail autour et sur le silence fait de ce dernier, sans doute le quatrième musicien de ces 57 minutes d’introspection expérimentée.
La maîtrise est présente, les idées et la sincérité frémissent. Un agréable moment qui conviendra parfaitement au fans nombreux de Pricilia rec Grob/ Fibbr.

> BERNARD FLEISCHMANN  Western Tourist  1
> BERNARD FLEISCHMANN  Western Tourist  2
(Morr Music/La Baleine)

Le nouveau Far West du dépaysement et de l’exotisme moderne se nomme Las Vegas ; Bernard Fleishmann semble en être convaincu. Ce panneau indicateur d’un Welcome Tourist orné d’une colombe aux ailes déployées a toutes les vertus de l’accueilet du savoir recevoir tel qu’on le rêve.
D’un désert à l’autre, il n’y a qu’un pas. Loin des ambiances étouffantes et terreuses, loin de la chaleur assourdissante et ocre, l’Allemand nous convie à une envolée atmosphérique. Des points de ponctuations sonores, petites balises électroniques plus proches des grands espaces du nord de l’Europe où le refuge trouve souvent comme seul compagnon la solitude et la méditation. La lecture du passage d’un ouvrage de Thoreau par C. Kurzmann finit de nous convaincre de la réclusion nécessaire à adopter pour apprécier à sa juste valeur ce disque (suite attendue depuis le Sidonie EP et son Poplopos for Breakfast).
Délicatement ordonnancé autour du Piano, ossature évidente de "Welcome Tourist", les pulsations fébriles d’électronica, les effets et petits battements synthétiquesont un rôle d’ornementation, soulignant les gammes minimalistes de l’instrument à cordes. Des variations douces, pastelles, bercées ; quelques fois énervées, entre rêves de grands arrangements pop et volonté d’intimisme monastique.
Fleischmann se paye un luxe et nous offrele plaisir de dévoiler sur la durée d’un second album, adjonction du premier, une plage unique de 45 minutes pour un quartet d’improvisation où l’on retrouve Werner Dafeldecker, Christof Kurzmann, Martin Siewert, Burghard Stangl. Une lente mélopée élégiaque  plombée d’apesanteur et d’effluves pastoraux, de guitares hawaïennes et d'impulsions jazzy d’une beauté somnolente et aérienne. Vraiment magnifique !

> CHARALAMBIDES Unknown spin(Kranky/Chronowax)

A l’heure où JB André (les inrock/Octopuss ; spécialiste absolu et reconnu quoique perdu de vue, des musiques d’obédiences atmosphériques en provenance d’endroits insolites et rarement foulés du touriste lambda (depuis la nouvelle Zélande de Drunken Fish à L’australie de The Dead C) ; passe quelque part dans un quartier quelconque de Lyon la bague au doigt de sa charmante femme, le monde continue de tourner et Charalambides d’enregistrer des disques.
Le trio Texan Charalambides, donc, jamais tout à fait remis de l’époque psychédélique et d’une certaine utilisation des guitares et de ses vrombissements (comme en atteste d’ailleurs les motifs de leurs chemises et de façon générale quoique moins subjective, leur dégaine) continue à façonner des superpositions et autres stratifications de matière électrique en vue d’une diffusion probable. Christina et Ton Carter, rejoint récemment par Heather Leigh Murray phosphorent toujours et encore avec la saine détermination des gens qui ont renoncé à la célébrité (et n’aspirent qu’à leur art) dans les tourbillons obsédants d’une ambiant enrichie au bourdonnement et à la noisy éthérée selon la définition proposée par Bark Psychosis, Roy Montgomery ou encore Flying Saucer Attack.
D’une approche Free-néofolk-psyche-dronienne-Krautrock, le groupe a opéré ici un virage vers le minimalisme le plus abscons. Une exploration qui les rapproche de John Fahey ou d’une improbable croisement entre Ligeti et Ry Cooder (celui des bons jours…)
Au-delà des effets sur l’instrument et autres prises de position minimaliste, c’est surtout le chant qui fait son entrée et qui étire à un degré jusque là insoupçonné les élans troubles de leurs mélodies. Un aparté dans leur discographie qui n’en demeure pas moins un sublime moment d’éternité. Un chant d’éolienne en proie à une tempête de sable fin, au souffle glacial des vents nocturnes.

> KAFFE MATTEWS Cdeb+ flo (annette Works/Metamkine)

Présente depuis plus de vingt ans dans les circuits disruptifs des musiques parallèles ou interlopes, Kaffe Mattews, dans la persistance de son approche, la maturité de ses collaborations et l’intuitivité de son esthétique musicale marque durablement ces doubles décennies. Une approche qui associe l’art de la fragilité auditive, prolongé par une grâce organique (usage du theremin, de discrets microphones, de sons vaporeux, de craquements infimes et d’une maîtrise technologique assoiffée de sampling et de processing) ; 2 aspects qui réunis, invoquent une maîtrise absolue du son, qu’elle a su mettre à contribution par le passé "au charbon", aux côtés de AGF, D’Ambarchi, Fennesz, Neumann, Rosenfeld… mais aussi Mc Intosh, le MIMEO ou encore Zeena Parkins et plus récemment Andy MOOR de the Ex pour un superbe exercice d’équilibrisme entre électricité et acoustique sur Unsound rec.
Ici, Kaffe Mattews sculpte la transparence et les basses fréquences comme d’autres tailleraient dans la glace ou plus exactement, l’artiste donne forme à ce qui à l’oreille semble être une matière organique vivante, comme si elle maîtrisait les épanchements de l’eau ou les flux des alizés. Une musique qui gagne en intensité et en grain à mesure qu’on l’investit, en rythme et en chaleur également. Une matière ciselée et fragile, puis avant-gardiste et expérimentale que ce Eb + Flo (double album) qui clôt (pour l’heure) et dans une suite logique le 6ème volet de cette documentation sonore et féminine (après), belles odes aux hautes fréquences chères à Ryoji Ikeda, Tomas Jirkuou Pita et d’autres artisans d’une diagonale Empreintes digitales/Touch/Mego. Puissant, fragile et sensitif.

> TRIOSK MEETS JAN JELINEK 1+1=3(Scape/La Baleine)

Jan JELINEK est l’éclaireur d’une scène qui se veut emprunte d’éclectisme, aux marges du jazz, de l’électronique, sans être pour autant un fourre-tout inclassable. Il avait d’ailleurs étonné son monde à la sortie de "la nouvelle pauvreté" son précédent album sur Scape, label de Stephen Bekte (Pole).
1+1=3 est un très brillant album de Jazz,où l’électronique, bien que présente, a la délicatesse de s’effacer derrière les montées sulfureuses du quartet.
Une belle géométrie musicale qui s’échafaude à la manière des structures monochromes de la pochette, hommage volontaire ou non aux abstractions architecturales du Bauhaus et aux formes improbables d’Hescher. (C’est un dessin de Jörn Gestenberg, après information).
L’association de Triosk (Laurence Pike) et de Jan Jelinek tisse son lot de surprenantes déclivités harmoniques/ de texture Jazzy.
Des plans en coupe où se dévoilent les constructions étagées de la mélodie, compositions de demi-paliers où la rotondité de la basse et de la batterie s'abandonnent, où les subtilités atmosphériques se jouent de douceur, de faux-plats montant et descendant, de ruptures de rythmes, de puits de jour, de baies lumineuses, de fonds de trottoirs et de bas-reliefs irisés.
Une association de contre-facteur de Bop où l’apport de l’Australien (Triosk) à l’Allemand (Jelinek) se comptabilise dans la surcharge de moiteur et de beauté embarquée; Jelinek se chargeant de segmenter en minces filets hiératiques ses compositions.
Une sorte de fébrilation irrégulière secoue l’échine des morceaux, une tachycardie rythmique, probablement due aux circonvolutions de batterie et aux accords de piano de L.Pike qui ponctuent la longueur de cet album. Dans l’esprit du Kammerflimmer Kollektief ou d’Isotope 217...fin et subtil.

> NAO TOKUI  mind the Gap  (Progressive Form/Moshi Moshi)
Un garçon bien occupé que ce jeune japonais Nao Tokui. Même si sa matérialisation discographique ne prend forme que courant 2001. Après quelques dérapages contrôlés et embellis maîtrisées en tant que DJ, c’est à cette période qu’il laisse voguer son esprit créatif sur un Max/Msp. Plus enclin à singulariser sa création, c’est tout naturellement qu’il  développe son propre software, et initie son imagination aux dures lois du marché musical. Un détour par l’Europe pour 2 rapides exercices de style, le premier sur Pocket Man (Belgique), le second sur Speaker Attack (Suisse)…et le voilà rattaché à l’écurie Progressive Form pour ce qui s’avère être son premier grand développement. Une lente dissertation qui chante les louanges d’une House soyeuse au tempo assez fluide. Rien d’excessivement enivrant, s’il en est, si ce n’est que le jeune, en parallèle, s’ingénie à construire des environnements vivants autour de ses rythmes, sortes de biotopes électroniques, de niches environnementales à même de donner une intuition plus empirique et originale à ce Mind the Gap. Une recherche récemment mise en lumière par ses travaux sur Sonasphere, sorte d’interface Audio/visuel d’une étonnante élégance cinématique, récemment approfondie à Paris au sein d’instituts de recherches proches de l’Ircam et des GRM. Un univers impassible et opiacé, arcanes de sons embrumés soutenus par des micro rythmes arrondis, jamais éloigné des soucis d’esthétiques de FSOL ou des laboratoires musicaux de chez Mille plateaux. [homepage]
> FANTOMAS  Delirium Cordia  ( IPECAC/Chronowax)

L’être qui fit trembler des générations d’enfants après plus de 30 années de clandestinité revient commettre ses larcins sur le devant de la scène médiatique. Des prémisses annoncaient cet état de fait (Final’s cut), faisant entendre 2 années auparavant des sons étranges, comportant déjà les rumeurs les plus folles : 4 pontes des musiques indépendantes se liant autour d’un pacte obscur et musical : Mike Patton (Mr Bungle/ Faith no more) Buzz Osbourne (The melvins) Dave Lumbardo (Slayer) et Trevor Dunn (Mr Bungle, john Zorn..) 4 vilains garçons qui cultivent le talent et l’instabilité comme seconde nature. Un album, Delirium Cordia qui doit être perçu avant toute chose comme une transition entre leurs premiers albums et un troisième à venir ; achèvement du triptyque, qu’on annonce aussi délirant et extraverti que Delirium Cordia est "assagi  et méditatif". Un apaisement tout relatif, à l’écoute de cet album concept d’une plage unique, délire abouti de l’amitié et du plaisir sous forme d’une (viru)lente disgression ; visitant le patrimoine des musiciens, bien sûr, mais aussi les clos monastiques du 12 ème siècle ou les assauts hurlants des Villes du 20ème siècle. Un album synonyme de déclinaisons rythmiques, de riffs agacés, de batteries dégénérescentes, d’éclairs de lumières, d’échos distordus, de voix monastiques, de ruptures vertigineuses, d’accalmies enchanteresses. Un album dense et qui s’impose étrangement par la simplicité et le souffle frais de son approche. Du grand art !

> DEAN ROBERTS  bemine tonight (Kranky/Chronowax)

Avec sa gueule de biais, légèrement de travers, son regard de boxeur égaré, Dean Robert a toute notre sympathie avant même le début de ce premier album. C’est toute la sensibilité du monde qui semble s’exprimer au détour de son regard, de ce visage un peu cassé d’ange déchu jusqu’à ses doigts travaillés par le temps. Une sensibilité qui s’est exprimée par le passé sur fond de musique électro-acoustique et d’expérimentations avec et autour de sa plus fidèle compagne: sa guitare. Ressortissant Néo-Zélandais expatrié à Vienne, c’est entouré d’une équipe Italienne qu’on le retrouve à l’occasion de la sortie de son premier album, Be mine tonight. On croise notamment la silhouette de Giusseppe Alati ; dieu vivant de l’improvisation sur guitare, c’est dire. Dean Roberts, prend ici un malin plaisir à bifurquer sur de nouvelles pistes, d’autres instruments, expérimentant à loisir sur l’harmonium et les percussions, laissant vaquer son imagination au travers de l’harmonica et du piano. Mélange irréel de constructions acoustiques à cheval entre assise Post Rock et fluidité de l’improvisation, c’est l’univers d’un Mark Hollis désenchanté et taciturne qu’on visite ici, du talk talk de Laughing Stock au For Carnation de Promised Works. De la fébrilité, donc soutenue par une noire amertume, liqueur de l’âme. L’électronique vient effleurer de sa discrète présence  les remparts de Be mine tonight, même si c’est en définitif le silence et sa maîtrise qui gouvernent ce très bel album désœuvré.

> CINELUX  Pardon my French Vol.1  (Peter i’m flying/Chronowax)

Le patronyme du groupe, loin d’être erroné charrie à son passage des flux d’images, des multitudes de clichés, qu’on le conside au sens propre ou au sens figuré. Cinelux est ainsi dans le même temps une structure musicale classique (Guitare/ Basse/ Sampleur), surexposée / mise en lumière par un duo de cinéaste/ vidéaste (Vu Pour Vous). Conçu comme un spectacle, les quelques concerts offerts au public laissent deviner les musiciens en ombre chinoise derrière des flots d’images et de séquences continues, mêlant faits d’arme de l’enfance, évocations abstraites du temps qui passe, collages insidieux et poétiques, un peu  à la manière de Playdoh, en fait. CINELUX est un trio, déjà connu (reconnu) dans le milieu des musiques d’obédiences "obscures", notamment au sein de Stuntman5 (Christian Bagnalasta), de TordeOnde (Yann Lesueur) ou de MagneticDJukebox (Collectif hip-hop –électro-pop-post rock) voire en solo (Lauphi ; See Saw Motion) voire, enfin sur des structures environnantes (Travaux Publics/ Idwet/ Effervescence). En un mot résumé, des adeptes de l’action culturelle qui ici, prend la mesure de leur patrimoine musical respectif et de leur capacité à le transcender, décomposant l’architecture des courants… en présentant de nouvelles perspectives. Un legs musical justement, qui  enserre en son sein les tendances les plus intrépides et florissantes de cette nouvelle ére sonique, depuis Sonic Youth à Fourtet, depuis The Books à  Fridge, To Rococo Rot jusqu’aux soubresauts passés d’un Krautrock éclairé (Can, Silver Apples).Des morceaux concis, enlevés, qui concilient avec intelligence les courants novateurs précités. Un projet de remixes est par lui-même un acte de transformation du morceau originel. Il y a un état antérieur et un état nouveau qui se caractérise par de nouvelles relations entre les compositions existantes et les composantes du projet "d’aménagement sonore".  5 intervenants (Nationaux et internationaux) sont venus prêter mains fortes à Cinelux, et donner le ton de la série Pardon my French. Outre les subtils travaux de Tpre, de Tlone et de Jean De Bristol, on découvre les troublantes interprétations de Mitchell AKIYAMA, minimaliste à son habitude, la version groovy et un peu convenu de Capitol K ou celle de MachineDrum, tout en perversion rythmique. Très bon

> FUTURE PILOT AKA  Salute your soul  (Geographic/Chronowax)

Quel bien étrange et éclectique album que ce salute your Soul! Sorti récemment sur Geographic, label des Pastels, me semble-t’il. C’est une compilation du label Sulphur (le boss en est Robin Rimbaud) qui m’a fait découvrir pour la première fois les travaux de Futur Pilot Aka : une belle construction électronique mid-tempo qui présageait déjà du meilleur. "Salute Your Soul" vient sceller l’attendu retour de Sushi K Dade, étrange et inventif producteur derrière ce projet. Un album dont l’écoute liminale surprend, étonne et disons le charme par la variété des genres parcourus ; un caléidoscope d’influences bigarrées, d’origines et d’orientations diffuses. Déstabilisant les premières minutes, il faut prendre sur soi de considérer cet album comme la bande sonore d’un film sans images supportant autant de scènes que s’expriment de sentiments. Des camaïeux d’intitulés qui traversent les galaxies du Dub, de la Pop la plus étoffée façon Weller/noonday underground jusqu’au incantations tibétaines (la présence surprenante de Philip Glass !) et d’Easy Listening attrayant ! Plusieurs univers en un qui ont le mérite de véhiculer un sentiment d’hédonisme et de joie perceptible au fil de ces 14 titres. Une pérégrination qui pourrait se comparer à un moment étrange et heureux de plaisir.

> KAT COSM  Knightboat  (Staubgold/Chronowax)

Il y a un temps pour la gloire et un temps pour la guerre, un temps pour le rire et un pour la peine, un temps pour le rythme et la vie, un temps pour l’apaisement, également. L’homme accoudé à cette rambarde, au bord d’un lac, perdu dans ses pensées, en proie à ses souvenirs me rappelle le héros d’Intimité de Hanif Kureishi et évoque de la plus belle manière qui soit la musique de Kat Cosm. Des accointances pleines et entières traduisant en courbes de couleur, en gamme chromatique ce qu’expriment déjà les mélodies plombées du groupe. Un vague à l’âme généralisé… Kat Cosm met en exergue la belle et douce musique de la vie, les petites attentions et les détails fugaces. Jane Plewa et Sébastien Skalei, tous deux song-writer allemands du groupe distillent dans leur alambic une musique à l’aplomb de l’électro-acoustique la plus désarmante et d’une approche de l’écriture des plus traditionnelle. Croisant sur leur chemin Momus et Syd Barret, on retrouve 3 remixes heureux en fin d’album dont celui de john Leafcutter dans un travail d’électronisation des sentiments à la Fennesz. Ainsi que 2 relectures de Ten Ecke (Calla) et Mondoman.

> OLAF HUND & HIS ORCHESTRE TOUT JUSTE  Sing Outside limited (Free/La baleine)

L’amour qu’Olaf Hund (c’est parait-il son vrai pseudonyme! ) applique à ficeler, à agencer des compositions harmonieuses et défibrillatrices est tout à son honneur Sing Out side limited n’a beau être qu’un maxi (étiré), chaque note, chaque parcelle est investie par des compositions dynamiques et flinguées. Des propositions audacieusement dansantes; sataniquement ibérique (Carino Mio) à souhait ou Philippe Decouflé exécute les vocaux, du hip-hop racé façon Ganstarr exécuté par Maxximus & Norazia (Elasto Mano), du spleen urbain Teuton (Valseuse par Tarwater), du dub façon Mapstation pour Slowette, etc… composent un délicieux maxi qui on l’espère appelle de ses vœux un album à venir.

> FORMANEX / AMM  s/t  (Fibbr)

A force de tourner l’un autour de l’autre, il était inévitable que ces deux là se rencontrent ; FORMANEX jeune structure nantaise qui œuvre avec la sincérité de ses moyens à une reconnaissance de l’œuvre de Cardew (ancien membre de l’AMM), disparu trop tôt, laissant à sa traîne un énigmatique et intense travail de recherche et l’AMM de l’autre, artistes mythiques de la scène improvisée.. Keith Rowe, pilier fondateur de l’AMM, Nantais d’adoption, a certainement  participé de cette rencontre, insufflant à la jeune structure son magnétisme, l’énergie rémanente qui fonde les projets intenses. Un Treatrise, déjà commenté et épilogué à l’occasion d’une précédente création, et qui s’offre ici  la participation  exceptionnelle du Trio fondateur de l’AMM (pour mémoire Another Mistery in Music) soit John Tibury, Eddie Prévost et Keith Rowe lors du festival "Musique Action" de Nancy en juin 2002 à l’occasion du vingtième anniversaire de la mort du compositeur. Ce live n’est qu’une étape supplémentaire (au delà même du treatrise réalisé par Formanex en conditions studio), Un élément à charge, une hypothèse à même de mieux cerner la complexité du traité de Cardew, en livrer de nouvelles approches, toujours fluctuantes, jamais figées. On traverse une géographie musicale riche de variations, qu’on peut aborder comme un traité sonore sur le climat, juxtaposant assourdissement de  la tempête, calme intense de la voie lactée, déchirement métallique du ciel nocturne (pour paraphraser Char), aube rayonnante etc… Climats changeants qui invitent les sens à une totale attention.. d’une lente plage somnolente, on se voit exposer à de cinglantes  ondes aiguës, qui nous sortent à plusieurs reprises de notre léthargie puis l’atmosphère se chargeant d’une obscurité splendide, angoissante… Au-delà de la superbe tenue de ce live (45 min.), il est ici question d’amitié, de déférence, d’estime réciproque, de considération, d’affection, de passation et de soif de compréhension ; toutes composantes de l’esprit vertueux de ces hommes.

> PLURAMON Dreams Top Rock (Karaoke Kalk/La Baleine)

Chaque apparition de Markus Schmickler étoffe toujours davantage l’étonnement, suscite toujours un regain d’intérêt croissant et fondé. Son implication volontaire et constante dans des projets musicaux  irrévérencieux des modes (PARAM, œuvre électro-acoustique néoclassique) ou étonnants tels que le MIMEO (au côté d’un nombre surprenant de signatures) apporte invariablement sa cohorte de curiosités, de questionnements. En premier lieu, à un niveau de détails poussés, on laissera courir notre regard sur les remerciements qui embrassent les meilleurs espoirs de la scène européenne (T.Brinkmann, burnt Friedmann, Jôrg Burger, Heide Sperling). Mais ce qui retiendra davantage encore notre attention, c’est le line-up accompagnant l’artiste; Keith Rowe ( !!!) Kevin Drumm qui se sont gentiment pliés à des travaux appliqués sur la guitare, alors que Félix Kubin, se voit préposé aux synthétiseurs/ Piano sur Hello shedar ; Hayden Chrisholms, quant à lui,  soufflant son intégrité au bec d’une clarinette sur Flageola. Un esprit communautaire qui apporte  à ce Dreams top rock cette sensation imprécise de familiarité, d’intimisme et surtout d’ardente synergie. Les morceaux sonnent par le plus subtil des hasards étrangement Noisy, comme si Piano Magic, Slowdive et surtout My bloody Valentine s’exerçaient à la Cibi sous un tunnel, éloge à la saturation diffuse et aux bourdonnements étiolés de pop ; bien plus au demeurant que sur ses 2 précédents albums, comme si Pluramon avait doucement glissé d’un projet intime à une intention collective à géométrie variable. Un dépaysement qui s’échafaude dès les premiers accords (oo4, Time for a lie, Noise Academy), Flageolea apporte une accalmie jazzy  bien sentie, puis Have You seen Jill reprend le chemin d’un esprit rock qui s’amplifie sur Hello Shadows pour ne plus quitter nos oreilles jusqu’au terme de ce sublime album, malgré quelques moments de pop folk (le merveilleux Difference Machine) De perspectives cavalières en perspectives cavalières, Marcus Schmickler nous entraîne toujours plus profondément dans les limbes de son esprit créatif, labyrinthe mental et musical où en définitif, il nous importe peu de trouver la sortie, pour peu que dure encore et toujours le plaisir. A noter la très belle photo de couverture du cheval "Dreams Top Rock" avant la course, crédité aux bons soins de Geissler & Sann.

> V/A LOST IN TRANSLATION (Emperor Norton)

En mettant en scène le livre de  Jeffrey Eugénie : Virgin Suicide, Sofia Coppola, en plus de réaliser un long métrage emprunt de sensibilité et d’esthétisme, aura permis aussi au duo AIR de concevoir à ce jour leur album le plus abouti et inspiré. Au-delà de ses qualités, le film révélait la relation intime et étroite entretenue entre l’image et le son. Une relation privilégiée et une attention particulière qui semble à nouveau se faire jour sur Lost In translation. Bill Murray, génial d’aigreur, de harassement et de lassitude plante ici un personnage de Nomade des temps modernes (l’acteur-VRP). La mégalopole de Tokyo est le cadre de ce nouveau métrage dont le thème central semble être la perte de repère de deux individus en quête d’eux-mêmes. Quoi de plus normal alors pour perdre la tête que de s’offrir des tourbillons de guitares, des tournoiements de réverbérations,  confiés au maître du genre, le bien nommé Kevin Shield (pardon de le rappeler, ancien leader de My bloody Valentine) 6 titres inédits qui galvanisent de leur étourdissante beauté le parti pris esthétique du film (une approche très photographique entre Nan Goldin, et Kim Hiortoy) au milieu d’autres artistes parmi lesquels nos nationaux Sébastien Tellier, Phoenix et AIR (évidemment). Avec également Death in Vegas, Squarpusher, Jesus & Mary Chains… Hautement conseillé !!!

> KID 606 Kill sounds before sound kills you (IPECAC/Chronowax)

Paul Virilio aurait pu préfacer sans trop se faire violence ce nouvel album de KID 606, via son traité sur l’esthétique de la disparition, allégorie d’un album où la vitesse et la frénésie atteingnent à chaque nouveau palier un degré supplémentaire dans l’intensité. Une cabale infernale et ludique pour une jeunesse sanglée, où les flows cut-upisés assurent une vitesse de croisière et une certaine stabilité à l’équilibre des morceaux. Une tension maîtrisée où Break Beat, furies punk, bastards cut, bruits blancs, saturations de glitchs et effets d’infrabasses s’entremêlent et fusionnent. Un laboratoire de textures, de sons et de collisions ioniques, où la mélodie n’est pourtant pas oubliée, n’en déplaise aux puristes de l’expérimentation feutrée, et qui ravira les fans de la première heure du Kid, ou les amateurs heureux d’une triade DJ Rupture / Dj SCUD / Cex A l’impertinence et à la saine jovialité rythmique se surimpose l’impertinence graphique qui taille au passage un costard aux productions de Prodigy, mis en boite gentiment, comme pour annoncer la nouvelle ère... On en rigole avec lui, même si le tour du sieur 606 viendra un jour où l’autre…En attendant, l’américain fait feu de tout bois et lapide le son, concasse le rythme, atomise la logique du tempo, expulse l’air du poumon des mélodies. L’album irrémédiable de ce début d’année.

> THOMAS MERY  I mater  (Dora Dorovitch)

“Itinéraire d’un enfant gâté" pourrait suggèrer assez justement le parcours d’un jeune homme qui n’a jamais réellement cherché à se faire une carrière et une situation mais qui pourtant, au détour d’un chemin de pistes original, à su faire montre de non-conformisme et de talent et en retour être remercié par la destiné. Au sein de Purr tout d’abord, officine d’expérimentations soniques à caractère émotionnel marqué.. puis dans divers projets jetant à la face de l’auditeur la multiplicité d’approches, la variété de facettes composant ses envies et attentes… Pêle-mêle aux côtés de PLAYDOH, auprès desquels il joue en live, où dans de courtes explorations à la faveur d’accompagnements de court-métrages. Sa dernière tentation en date relève du pêché de modernité puisqu’il a choisi de faire de l’ordinateur et de l’électronique, l’arbre à came de ses compositions, sa fébrile colonne vertébrale.
Une musique qui avance avec précaution, à tâtons, comme si l’obscurité des lieux qu’elle traversait  ne l’autorisait pas, ou freinait sa témérité et son enthousiasme naturel. Une certaine forme d’humilité, qui prédestine ses échos de compositions pop-folk à une écoute douce et réfléchie ; des instants fugaces où les arpéges de guitares viennent s’amarrer à la brise cristalline de petits glitchs. Un registre dans lequel il excelle  : une intimité aveuglante, communicative... sa capacité à rendre des thèmes universels adjacents à nos attentes les plus  proches, les plus touchantes.Un garçon éclairé pour un album lumineux.

> PAUL WIRKUS  Inteletto d’amore  (Quecksilber/Chronowax)

Le trajet qui mène de l’énervement à l’accalmie, de la rage à l’apaisement est  le temps qu’il faut à un homme pour mûrir, intellectualiser sa colère ; en somme, apaiser ses démons intérieurs. Issu d’un combo punk Polonais au sein duquel il martelait les fûts (Karcer), Paul Wirkus a progressivement investi, au fil des années les bancs du Jazz, puis de la musique improvisée, se prêtant même à l’exercice d’un Post-rock ciselé à l’orée du second millénaire (Mapa) Participant de cette ouverture d’esprit, de ce sobre éveil de la conscience, de cette embrasure philanthropique, Inteletto d’Amore, troisième long-courrier soliste du musicien (Echo et Mimikry sur Gusstaff rec ), campe ses positions en terre électronica. Un espace austère, minimaliste, à la luminosité dévoyée, mais qui offre pourtant une retraite salutaire à qui sait se plonger au-dedans. Passons sur les processus techniques qui ont contribué au jaillissement de ce disque, retenons en pour notre partie les affects émotifs, les sensations étranges qu’on en retire, qu’ils prennent la couleur de vibrations de piano, d’accidents analogiques, de litanies fragmentaires, sectoriels d’instants de calme ou de bruits presque blancs.

> POLMO POLPO Like hearts swelling (Constellation/Chonowax)

L’intimité d’un projet est généralement proportionnelle au nombre de gens qui y sont associés. Dans cette implacable équation, réside la destinée de Polmo Polpo et de son songwriter...
Polmo Polpo est la nouvelle référence du label Constellation dont les égarements passés ont marqué de la main de Dieu la nouvelle génération de compositeurs émergents. Polmo Polpo, originaire de Toronto cultive dans cet énigmatique patronyme, les douces racines de ses origines italiennes. Sandro Perri, réalise ici son premier véritable album, abstraction faite de son 12‘ édité sur son label Audi Sensa et Alien 8 par la suite. Si l’on devait pointer sur la voie lactée l’étoile de Sandro Perri, elle aurait une proximité de vue évidente avec les amateurs de drones de chez Space Age Recording. Un isolationisme qui cavale le long de l’échine et sature cet album ; une pop pastorale saturée et désincarnée ; où l’émotion prime sur le sensationnel  ; les violons, accordéons et frises électroniques surlignant discrètement les slides omniprésents de guitare ; la fébrilité attachante de Farewell, les sirènes désespérées de Romeo Heart… les rythmiques ensablées, réitératives de Requiem for a fox… Un album plein de contrastes où la simplicité des émotions procurées est proportionnellement égale à la complexité des arrangements. Like Hearts swelling est un disque somptueux... le plaisir de l’engourdissement poussé à son paroxysme.

> NITRADA  We don’t know why, but we do it  (2.nd rec/La Baleine)

Faisant suite à un précédent album salué par la presse indépendante (nous…) Nitrada, autrement connu sous son patronyme Christopher Stoll continue de reconnaître les contrées lointaines, No’man land jamais foulés de mémoires d’humain, où vents et silences se sont associés dans un serment de solitude. Loin d’avoir pris des délicatesses avec ses précédents engagements, ce nouveau principe musicale, tancent notre curiosité sur fond de ritournelles métaphysiques... Nous ne savons pas pourquoi mais nous le faisons…où l’amère incertitude du sens de la vie trouble notre foi dans la création. On retrouve ce pragmatisme glacial, cet implacable réalisme à froid dans les vues et les actes de son auteur, qui trouve dans ses compositions électroniques, un lieu de réclusion à  l’allant social, une claustration à la civilisation. Dans un souci (ou par envie) de communier sans pourtant combattre cet état naturel de ses désirs ( l’isolement ) Nitrada s’est adjoint sur ce nouvel album, 5 instrumentistes avec lesquels il n’a échangé qu’à distance, privilégiant le troc de fichiers informatiques, le transit télématique et électronique au travers de l’Europe: Italie, Sicile, Ecosse, Allemagne… puis enfin la Pologne ou Paul Kominek’s (Turner) aura su apporter les derniers détails à cette aventure intérieure et pourtant communautaire.
Le résultat est assez fascinant, plus affiné encore que pouvait l’être son précédent ep  0+, ou Noisy cérébrale plombée cautérise  des gammes cristallines de synthétiseurs. A rapprocher de Growing sur Kranky ou des tentatives de space rock les plus soyeuses.

> MELODIUM parthenat ep (Autres directions in music)
> DUDLEY Seasonal lp (Autres directions in music)

L’implication du Webzine Autres Directions du sieur Stéphane Colle n’est plus à démontrer. Une quête de  beauté et de bonheur engagée deux ans auparavant, traduite dans les faits par des chroniques avisées et sensibles, aux détours d’interviews passionnantes, le tout sur fond de graphisme à l’assise minimaliste. Une analyse sensible du microcosme indépendant, un soutien aux petites entreprises qui, dans une logique de l’engagement, devait nécessairement se prolonger vers la diffusion. C’est chose faite avec Melodium, qui engage sa confiance envers Moulin à vent, nouveau venu dans le paysage déjà riche des microstructures. Rien d’exceptionnel à ceci près que ce label se veut une plate-forme anti consumériste, tournée exclusivement sur une logique d’aide à la découverte, une pépinière de talents… Une approche qui se veut éclectique, puisque Melodium, à la faveur d’un nombre déjà conséquent de productions a su faire montre de son ouverture et de sa capacité à mailler les genres. Une posture entre électricité et électronique, confirmée par leur production sur Static Caravan, Active Suspension, et bien d’autres... Une visée électronica, pleine de générosité avec des parties très narratives et des instants de liberté émancipatrice (ses sonorités d’eaux très belles en introduction de l’album). Un constat à nuancer, à considérer les 3 remixes qui émaillent ce maxi. Des remixes qui tirent les morceaux vers d’autres contrées (n’est ce pas le but d’une relecture ?!) qu’il soit ici question de Motenai (donnant à Ichtio une dynamique pastorale bien venue), Dudley ou Depth Affect (et sa charge d’abstract hip-hop). Un maxi qui nous offre l’heureuse opportunité de redécouvrir sur un exercice de style plus long, la volubilité d’un artiste tel que Melodium .
Derrière Dudley, se cache un jeune homme de 31 ans et peut-être le jeune garçon en couverture de ce Seasonal Lp ; Une belle concision parcourt ce disque ; Dudley maitrise parfaitement le registre et la texture de ces 9 serments d’intimité. Le musicien se permet même des possibilités d’ouvertures, de questionnements sur les suites possibles à donner à ses compositions, d’autres voies d’explorations. Un album extrêmement porteur d’ondes positives, de vibrations sélectives et heureuses. Une mise en poésie du quotidien en douceur. Il conforte l’idée qu’on avait pu se faire de ses morceaux lors du remixes : un écrin molletonné, une douce sensation de capitonnage, exhortant notre corps à se recroqueviller  ; Un artiste dont les projections mélodiques, les choix musicaux sont de jolis concours de circonstances entre Tommy Guerrero, Fourtet,  Minotaur Schock ou The books. Hautement agréable.

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