Presse 2002
Presse 2001

  JadeWeb presse #11
Nous vous rappelons que certaines de ces revues ne se trouvent pas forcément en librairies et que le meilleur moyen de se les procurer reste la VPC en contactant directement leurs auteurs/éditeurs (qui ne mordent pas).
 
   

 

 
 
 

GENERATION COMIX
Les Requins marteaux ont, depuis leurs origines, toujours mis l'accent sur l'édition de récits en format comics. À cela, une raison principale : nos poissons albigeois se revendiquent pleinement de cette culture cheap et populaire qui eut de beaux jours en France, des années 60 à 80. Souvent outrancier, politiquement incorrect, dessiné à la chaîne pour satisfaire une consommation immédiate et peu coûteuse, l'univers du comics pocket du temps des Lug et Artima semble cependant avoir vécu. Le comics populaire actuel a quasiment abandonné le noir et blanc, les papiers bas de gamme de ses débuts, le rocambolesque des récits S.F. et d'aventures chères aux années 60 pour une mise en avant de l'image et des personnages (concurrence visuelle du jeu vidéo et du cinéma oblige). En fidèles émules des comics d'antan, autant bercé par Pif-poche que par Le manoir des sorcières et autres Zembla, la collection Comix des Requins marteaux a permis à beaucoup d'auteurs de développer chacun des séries à mi-chemin des comics traditionnels et de la bande dessinée alternative actuelle. Pas de bol, en France, le comics survit principalement en kiosque et tout spécialement s'il est exotique. Il y a longtemps que Super-Dupont à perdu son combat et le comics "français" (souvent rebaptisé comix), se gaufre régulièrement dans les étals, qu'il soit parodie sérieuse (Mustang) de son modèle, autant que transgressive (Reptile).

Tout ce petit aparté bien sommaire et incomplet pour expliquer la démarche spéciale de l'éditeur sélacien qui s'est lancé dans une collection d'apparence très comics mais diffusée en librairies spécialisées. Re-pas de bol, le système des librairies traditionnelles, agencé surtout pour accueillir de grand volumes cartonnés ne sait pas quoi faire, ni comment présenter ces fins volumes sans dos identifiable, ce qui ne serait pas si grave si le public n'était pas tant habitué au format franco-belge classique -et donc peu curieux à en essayer d'autres. Ne voulant pas lâcher l'idée, c'est en septembre 2002 que les Requins marteaux reprennent l'édition de comix dans une collection remise à plat, fort réussie et aventureuse dans le choix de ses auteurs.

On y retrouve le trasho-belge Jampur Fraize avec Les dessous de Terminal beach dans un exercice qu'il affectionne particulièrement : l'invention absurde d'un monde microscopique original grouillant de tous les symptômes du vrai monde microscopique et de toutes les bébêtes qui s'y repaissent. Ainsi ce premier tome, empruntant son récit aux classiques soaps lénifiants américano-brésiliens et ses personnages au monde des acariens. Sur l'air des amourettes malheureuses, on s'entre-dévore, pond des millions d'œufs, nique tout ce qui passe à portée et l'instinct de survie finit, tant bien que mal, par dominer les arcannes d'un scénario taillé sur mesure pour David Hasselhoff.

Un autre Belge se fait une place dans cette collection avec En montant Godot, volume 5 de la délirante série Agrum comix déjà vue chez Le 9e monde ou 6 Pieds sous terre. On y retrouve Pierre Bellemarre, Alain Delon et BHL tentant malgré leurs handicaps respectifs de, comme le titre l'indique, monter la pièce de Samuel Beckett. David Vandermeulen (oui le même que sur Le carnet) continue de rentrer dans le gras de la veulerie médiatique et artistique avec le déploiement d'un humour visuel et d'une précision dans la mise en place des séquences qui laisse par terre.

Pièce maîtresse et sulfureuse de cette fournée, Flipper le flippé de Morgan Navarro met les pieds dans le plat grave avec cette aventure d'un ado souffre-douleur des cités (c'est un dauphin, bien sûr), qui subit autant que participe aux 400 coups d'aujourd'hui (dope, sexe, instinct de meute…). L'aspect animalier de la série renforce encore le contraste entre le fun tel qu'il est modélisé par les médias et l'imagination des gosses et la brutale réalité de son accomplissement. Pas de morale (ouf !), juste de l'excès et une approche graphique carrément géniale, c'est un pur régal…

On finit avec le volume 3 de D.T. Comix de Pierre Druilhe, reprenant une partie de ses travaux égrenés au fil des années dans Le martien auxquels il ajoute quelques pages autobiographiques en forme de réflexion sur sa carrière d'auteur un peu maudit de la scène alternative, doublées d'un petit historique sur cette aventure éditoriale que sont ces comix. Pour ma part, c'est dans cette veine réflexive-là (déjà vue dans Satellite 1994) qu'il me semble particulièrement brillant.

On ne peut que souhaiter beaucoup de bonheur au nouvel envol de cette Génération comix vue par les Requins marteaux qui sait allier -et ça personne ne l'a fait avant eux- toute la fantaisie et l'imaginaire du récit populaire à une critique sociale très politique -mais pas politisée- solidement ancrée dans la réalité, saupoudrant l'ensemble d'un humour féroce. Chapeau.
JP.

 

LES DESSOUS DE TERMINAL BEACH #1 | Jampur Fraize
32 pages | 6 EU | ISBN 2-909590-79-8
EN MONTANT GODOT (AGRUM COMIX #5) | David Vandermeulen
32 pages | 6 EU | ISBN 2-909590-78-X
FLIPPER LE FLIPPÉ | Morgan Navarro
32 pages | 6 EU | ISBN 2-909590-76-3
D.T. COMIX #3 | Pierre Druilhe
32 pages | 6 EU | ISBN 2-909590-77-1
Éditions Requins marteaux
[interview]

 
 
 

LAPIN #33
C'est décidément l'heure des reformatages. Troisième formule pour Lapin, la luxueuse revue de L'association : plein de couleurs souvent heureuses (Sardon, Placid) et parfois malheureuses (Lundkvist, Mahler), pas loin de 200 pages et une quarantaine d'auteurs, tous indispensables. Une formule qui compile les deux précédentes avec réussite. On notera un long et toujours passionnant récit de Vincent Vanoli, un Sardon impeccable, des auteurs d'un peu partout (Schlaken, Mattioli, une flopée de scandinaves), une ouverture sur un éditorial de Jean-Christophe Menu peu avare en auto-congratulation (mais il y a matière à) mais avec quelques piques bienvenues (le branchouillo-consensuel La nouvelle bande dessinée qui se targue avec dix ans de retard de faire des découvertes). En tout cas, de quoi lire, de quoi découvrir, et l'espoir que tous les futurs numéros sauront être aussi cohérents.
JP.

 
LAPIN #33 | Collectif
198 pages | 25 EU | Ed. L'association
ISSN 1167-1483
 
 
 

VERTIGE #1
Cool, un nouveau journal de bande dessinée (mais pas que) en kiosque. Bourré d'illustrateurs talentueux, ce bimestriel, format tabloïd, répond -fidèle à la ligne tracée par ces auteurs issus de l'undreground des années 80/90, au nom de Vertige. Un journal visiblement thématique, ce numéro 1 décortique l'idée de la paranoïa. Méthode : puiser dans la littérature et les textes scientifiques et de vulgarisation des extraits traitant le sujet. Une espèce de 7 jours dans la vie du monde et autres Reader's Digest dirigée sur un seul sujet, le tout parsemé d'illustrations, de strips ou de courtes bandes dessinées où l'on retrouve, parmi les auteurs Stéphane Blanquet, Laurent Lolmède, Muzo, Thierry Guitard, Placid, Ness, Pierre la Police ou le toujours terrifiant Frédox [interview]. On y cause de Roswell, de Charles Manson, du délire d'interprétation. Ça m'inquiète toujours ces journaux à la ligne éditoriale coup de poing, sortis en kiosques dans un quasi anonymat, le kiosque étant une telle jungle commerciale qu'on redoute que ces publications n'aient pas le temps de trouver leur public. Raison de plus pour se jeter sur celle-ci. À vous de voir.

JP.

 
VERTIGE #1 | Collectif
20 pages | 3,50 EU | éd. Publia

[mèl]
   
 
   

À la belle étoile est un petit fanzine bricolé en cuisine par Nicolas Filloque regroupant plusieurs histoires tendance humour désespéré. Le résultat est inégal mais certains récits valent largement le détour tel ce Pôle nord pleins d'espions, de faux ours polaires, de bases secrètes et d'aventuriers de l'extrême ou encore La grotte, ou de petit personnages en fil de fer philosophent avec humour sur des questions aussi grave que la survie ou l'ennui (heu...) et bien d'autres choses encore. Les amateurs de fanzines seront comblés, autant par la variété des récits -avec un très bon graphisme entre Morvandiau et Jonathan Larabie- que par l'aspect bricolo de l'ouvrage.
JP.

 
[mèl]
À LA BELLE ÉTOILE | Nicolas Filloque
44 pages | 2 EU + port | Auto-édition
(C/o Nicolas Filloque - 85, rue Jean Jaures - 29200 Brest)
   
 
   

 

 
   
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