JadeWeb chroniques #4
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Beady Belle 
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(Jazzland/PIAS)

C’est d’emblée un album hors de la norme qui s’offre à nous. Il piétine majestueusement les conventions, enjambe les querelles de chapelle et foule le vieux débat Mainstream / Underground, un peu à la manière d’Antenne (Korm Plastique) mais dans une optique ouvertement plus dansante et extravertie. Beady Belle est le résultat des attentes de Beate Lech et de Marius Reksjo, à l’époque étudiants en musicologie à Oslo. Après diverses formations sans lendemain (insert coin, folk & rovere), ils forment ce duo. La voix de Beate Lech, est au centre de l’affaire, elle rythme la structure des morceaux, engendre les ruptures, brasse ses influences les plus personnelles, de l’acid jazz à la drum n bass, du trip-hop (massive attack) en passant par des sections jazzy feutrées (quelque chose de Red Snapper) ou des comptines électro-pop intimiste voire house, (lignée Waldeck) chaque morceau évoque une histoire, un bout de vie. La voix irréelle de beady belle joue un rôle de passeur entre les différentes ambiances, nivelle les disparités, polit la douce surface de cet album. Un beau projet entêtant ; encore révélé par Jazzland records, le petit label du Nord...
JJ.

 
       
   

Technasia / Charles Siegling 
Plus
(Technasia/PIAS)

C’est armé d’un nom à décourager les plus intrépides, technasia !, nom en soit plus proche de la compilation danse que des musiques nouvelles et sous les apparences d’une pochette un peu désuète rappelant les effrois du label Positiva que s’ouvre à nous cet album : autant dire que c’est avec quelques à priori que j’entame l’écoute de ce mix de Charles Siegling. Or, dès les premières mesures, on ploie littéralement devant le déferlement rythmique de ce DJ, qui injecte sans intermittence et avec une rage de feu, voix samplers et boucles furibardes. Un album incandescent, sans prise possible avec le réel, éreintant de bonheur, intermédiaire fulgurant entre les positions houses les plus sulfureuses et le Booty sound (Ghetto Black) de Détroit popularisé en Europe par DJ Assault , notamment... Là où DJ Assault appuie sa construction sur des arcanes hip-hop racés, à grand renfort de bitch, Charles Siegling, français de son état, s’adonne à une composition volontairement plus disco-house où l’on devine ici et là des samples amicaux (Anita Ward, George Benson !). Pas vraiment passéiste pour autant, les artistes mixés en disent long : DJ Shufflemaster, Adam Beyer, Factory man, Zank, Static Drum, Mike Wade, random noise generation, oliver Kapp, Jeff Mills, etc.
Cet album, fruit d’un mix / globe trotteurs développé lors de soirées au pays du milieu (à Beinj, entre autre) oeuvre bien davantage que toutes politiques extérieures pour le décloisonnement culturel. Un formidable passeport culturel, en somme.
JJ.

 
       
   

Micro:Mega / Below the sea 
Substracks
(Monopsone/ Chronowax)

Dès les origines, Frédéric Luneau (Löbe, Webcam) et Sylvain Chauveau (" le livre noir du capitalisme ", Arca), personnalités attachantes du duo Micro : mega ont conclu un pacte entre guitares, orgues et matière électronique. Des ambiances closes et méditatives, petite liturgie d’un monde moderne où s’entrecroisent réflexions et actions, cadence et nappe cérébrale. L’évolution la plus marquante du duo semble se jouer sur le retour d’une approche positive, gaie, plus encline à la joie, entre spontanéité pop et déterminisme analogique, les deux morceaux, déclinaison du même thème, plongent dans des recoins plus profond de leur intimité, arrachant un surcroît de sincérité et de pudeur à leur créateur. Un jeu de répétition en écho, avec en toile de fond une mélancolie retenue, proche des scories sonores de mark Nelson, de pan American et d’éléments plus abstraits et cotonneux genre Schengen- Bowery electric.
Below The Sea, quant à eux, forts d’un album, The loss of the Winter, parcours avec un regard controversé et harmonique, la province qu’il partage avec God Speed, une vision moins nostalgique que leur compatriote, et qui entretient une proximité d’esprit avec Icebreaker (1 dose de piano Magic, 1 dose de mogwaï, 1 dose de Labradford), entre autre... Une musique de voie sans issue, amère et sans complaisance, noire promesse de non-retour.
Monopsone avec l’intuition qui caractérise les Grands petits labels, élargie à la manière d’une onde au ras de l’eau la pertinence et la richesse de son catalogue.
JJ.

 
       
   

Marie boine 
Remixed
(Jazzland/PIAS)

J’avais un peu perdu la piste de Mari boine (Persen) à l’époque des rééditions de ces premiers albums par Realworld, où l’oeil perçant de ce faucon fixait notre enchantement et notre stupeur. Une voix hors des normes, plus proche de l’incantation que du chant, lourde de l’histoire et des attentes de ses ancêtres, livrant dans un pur acte oral, tradition de rigueur, les pensées de son peuple, les Lapons, majoritairement voué au silence.
Le chant Sami (le nom de son peuple, le terme lapon étant la transcription norvégienne de Sami) joue sur des fréquences à la fois aiguës et graves, similaires pour partie aux chants indiens, proche des vibrations d’instruments, "le didgeridoo", notamment et dont l’atmosphère rappelle les chants des mers froides d’Hector Zazou.
Cet album, tout comme ses prédécesseurs, se veut le souffle brûlant de la fierté retrouvée d’un peuple qu’on a endoctriné, apprentissage de la haine de sa propre culture jusqu’à sa couleur de peau.
Difficile de taire les écrits de Jorn Riel, grand défenseur de la cause Laponne et écrivain norvégien qui a partagé 16 ans de sa vie avec ce peuple, et se fait l’écho depuis quelques décennies de la richesse de celui ci (il faut relire la série de ses racontars hilarants), de leur absence totale de haine, (le terme guerre n’existe d’ailleurs pas en langue Sami). Seul lui serait à même de déceler dans son chant la douleur et l’amertume, la part de rites ancestraux et de modernité qui s’y cache.
Pour définitivement souder la cause de son peuple au reste du monde, l’idée de remixes s’est imposée naturellement. Mettant en parenthèse ses divers travaux et collaborations (dont celle avec Jan Garbarek). Une volonté de cosmopolitisme brillante, où l’on retrouve aussi bien l’école norvégienne Ambiant (Biosphère/ Phono) avec deux morceaux splendides, Jah Wobble et un titre Dub polaire, et quelques grandes pointures (Laswell, Nils Peter Molvaer, mark de Clive, Richard Thomas...) ; des remixes dont la diversité d’approche réchauffe un peu le climat de ce pays, bien trop froid au regard de la générosité de ses habitants.
JJ.

 
       
   

Musclo records present
Simple Messieurs | Mèl

En exhumant ce qu’il y a de plus cheap dans le tennis et à Rolland Garros en particulier (n’en déplaise à Jean Paul Lhotte), Musclo records a su se faire l’étendard d’une jeunesse hédoniste et seine, privilégiant le service-volée et la boucle de sampler aux soirées Playstation et à l’alcool frelaté. Oscillant tour à tour entre Pop lo-fi débridée, électronica désinvolte, moog sessions foireuses, et musique sans filet, l’ensemble des groupes présents prend avec aisance la balle au rebond et saisit à bras le corps cette vieille dame, vigoureuse institution qu’est Rolland Garros. Pas de Tennis Elbo à l’horizon, simplement des jeunes qui expérimentent leur musique avec plutôt pas mal de talent, toujours proche du thème imposé et sa batterie de sons de balles, arbitre de ligne, joueurs...). Parmi les merveilles que recèle cette compilation, on retiendra surtout Multicolor et son intro Amstrad 8bit -ce n’est pas la peine d’en rajouter ; Chicken bones et son titre Scanner/Gilberto, Tahiti boy et tout le reste, en fait ! chacune des formations multiplie les aces. Le reste navigue entre la poussière de terre battue de la pop, l’herbe fraîche du Nu jazz à trois francs en passant par les surfaces synthétiques compactes de l’électronica tendance ? !
Une compilation brillante et attachante qui ne serait pas complète sans son souci graphique très apprécié ici bas. Bon, certes, ce n’est pas du Peter Saville, mais c’est suffisamment cheap et classe pour qu’on adhère sans limite.. Un A+
JJ.

 
       
   

Roots Manuva 
Run come save me
(Big dada/ PIAS)

Le prince de Stockwell Roots Manuva nous revient, de son vrai patronyme Rodney Hylton Smith. La Richesse mélodique de son premier album, où la gravité solennelle de son timbre, mêlé à un savant et précieux mélange de gimmick Hip-hop, d’infrabass Lee Scratch Perryienne et de sections à cuivres harmoniques avait vu la fierté d’un pays se redorer ; où la résurrection du rap Anglais, après l’extinction de groupe par trop mésestimé (Gunshot, notamment auquel le titre #4 Join the dots ressemble fortement).
Run come save me est par conséquent, précédé d’une pression médiatique rare qui a du jouer sur les choix de l’auteur. On est vite rassuré, l’album se révèle rapidement d’une grande facture, objet marqueté de premier choix, multipliant les arrangements inattendus (des sons très électro funky sur le génialissime Witness, des sources improbables, les souffles de guitare et les bourrasques dub électronique.
On a un plaisir sans faille à retrouver la sincérité de texte et la syntaxe si étrange du Roots, avec des titres très expansifs et radicaux (Bashment boogie/Witness). Brand new second hand et Run come save me, ou les deux faces d’un même chef d’oeuvre. Absolument nécessaire.
JJ.

 
       
   

Tori Elgoroy
The sound of the sun
(Rune Gramophon/ ECM)

Tori Elgoroy revendique et impose un regard tumultueux et ambigu sur la manière de jouer de la guitare. Ce Norvégien, issu d’un circuit d’apprentissage classique, a rompu volontairement les amarres académiques, acte créatif et politique intime, pour exploser le caractère cadré de ses recherches et se livrer sans tabou à une recherche dédouanée de tout a priori. Une exploration qui passe par le mariage contre nature de fusion, de saturations et de folk. Le résultat est éclatant : quelque chose comme une mer de stalactites prêtes à tomber... les amateurs de Keiji Haino, Frith, AMM ou john Fahey apprécieront. Cet album contraste cependant au sein de l’écurie Rune Grammophon par ses aspects plus abrupts, plus durs, plus accidentés... de l’expérimentation à deux mains proche de la noise -bruit blanc new Yorkaise / Japonaise que des longues plages atmosphériques de Phonophani/ Supersilent.
À la croisée de phénomène ambiant noise et d’introspectives mélodies nimbées de strato-cumulus, Tori Elgoroy émancipe son style, dresse de nouvelles combinaisons, explore de nouveaux sentiers, non par but, mais par pur amour de la ballade.
JJ.

 
       
   

90% Wasser 
V/a
(90% wasser/ Nuit et brouillard/Wave)

L’acte collectif de création d’un label s’était quelque peu estompé ces dernières années à la faveur d’actions de personnes isolées. Au niveau européen, hormis le collectif Origami, rares sont les expériences à avoir été tentées.
L’action commune d’artistes européens du milieu indépendant est la preuve de la vivacité créatrice qui l’anime autant que du manque de structure à même de soutenir ses actions. 90 % Wasser est le fruit d’une collaboration étroite entre Andrew Loadman (column one), Mimetic (plusieurs albums sur Lytch), Le Bach, Columne One, Marc Wannabe, Rechenzentrum, Jûrgen Eckloff et Brain Bridgeet dont la vocation est de développer une structure culturelle multisupport (exposition, label, DVD, vidéo) autour des musiques novatrices, et plus spécialement les styles électroacoustique, minimal, spoken, digitale, électronique tonale et atonale. Vaste projet dont le premier coup de semences prend la forme d’une compilation splendide (et ludique) où se bousculent les jeunes roseaux et les vieux chênes de ce genre, de Genesis P Oridge à columne one (avec encore un morceau génial à mettre à leur actif), en passant par Francisco Lopez.
Une division s’opère d’ailleurs, puisqu’on distingue une approche très spatiale sur la seconde partie du disque (quoique) et une phase plus expérimentale / cheap électro sur la première partie avec des passages de spoken world apaisant... Autres spécificités, le mélange de vieillerie mythique et de nouveautés dans l’expectative : on trouve pèle-mêle : Mimetic Fake, Columne one, marc Wannabe, jürgen Ploog, Scimox, andrew Loadman, MOWE, Le Bach, Francisco Lopez, Genesis P-Orridge, ou afanassi Viebeg et une mention spéciale à The excellent listerner. Du beau linge.
JJ.

 
       
   

The other people place 
Lifestyles of the laptop café (Warp/ Source)

Cet album nous est vendu comme la voix de la révolte, d’un des membres d’Underground Resistance, vision au rayon X d’une société en quête de références culturelles, attentes auxquelles répondent cyniquement les panneaux publicitaires et les logos qui environnent notre quotidien. Le mystérieux homme aux manettes évoque sans trop en parler la révolution en cours dans le milieu musical où chacun, où qu’il soit dans le monde peut, via un Laptop, diffuser sa musique, matérialiser ses créations sans se lever de son lit. Une révolution en douceur, qui vole à dieu son don d’ubiquité, des expériences de concerts à distance ont d’ailleurs déjà été consommées, notamment par le label Fylkingen.
Le vieux débat entre nature et culture est remis en route à l’occasion d’une pochette soignée. (The Designer Republic) Un album intéressant qui séduit sans toutefois vraiment convaincre, les aspects techno chill-out et les promesses d’événements sonores sont tout juste suggérées, (on pense parfois au trame mélodique d’LFO (#1) ; Les compositions n’arrivent pas à se frayer un chemin vers la lumière (nos oreilles) qu’à la faveur de multiples efforts, frêle coup d’épée dans l’eau sans risque majeur. WARP retrouve ici un esprit plus en phase avec ses premières signatures (Speedy G, et les compilations diverses du début : Tequila slammer, Blech:, etc.).
JJ.

 
       
   

My Own 
Non wake up clocks
(Ultra violet/ Tripsichord)

J’ai une relation affective avec l’entité My Own. Non que je sois intimement lié aux membres. Disons simplement qu’en fervent lecteur du fanzine d’Hugues, feu l’excellent 18 Jardins, j’ai parcouru au long des trois numéros, un peu de l’intimité et de l’amour pour la musique (et la littérature) présents chez leurs auteurs. Une plongée dans un état d’esprit pas inutile si l’on cherche à comprendre les courants ascendants et les phases de dépressions qui prédominent sur Non wake up clocks. À ce titre, My Own se révèlent de fidèles serviteurs de leur musique, tenace et rigoureuse, qu’elle invoque des appels à l’expérimentation, qu’elle bifurque vers des sphères hypnotiques, voire qu’elle soit mélodique ou émotionnelle (émo-noise ?!). Des alternances de quiétudes intenses, où le silence présage une tension en devenir, à des moments d’explosions et d’énergie pure, aiguillé par la voix très émotionnelle et nonchalante de Zoé. Que la mer soit déchaînée ou apaisée, le radeau My own ne semble pas sur le point de rompre, allant de concert avec une flotte personnelle : de Shipping News à Unwound, de Slint à Sonic Youth avec des éléments empruntés à la musique improvisée et un peu de l’esprit No wave comme allié de passage. Un album intense pour un groupe intense.
JJ.

 
       
   

Patrick Moriceau 
Pom Z
(Autoprod)

La musique de Patrice Moriceau est à l’image de sa déjà jeune vie : un foutraque d’expériences sans liaisons apparentes, un condensé de choix de vie, un camaïeu d’itinéraires, un patchwork de prises de décisions pas foncièrement explicite au premier coup d’oeœil, mais qui, mis en perspective se révèle avec toute sa beauté (qui est ici mère de simplicité) Nu Jazz éreinté, pop électronique compassée, musique concrète pour enfant, easy listening cintré, fanfare bossa claudicante à trois sous et ill hop ont trouvé refuge dans sa musique, et ont ordonné leur passage, avec plus ou moins de patience. Comme ci Matmos, Money Mark, Fréderic le Junter et Rubin Steiner causaient autour d’un créole Crème... Mention particulière à Sale temps. Quant à la pochette, un montage heureux et graphique et un titre-référence ( ?) au Poire Z du trio Muller- Voicecrack- Erik M ; ce dernier avec qui il semble partager le même coiffeur (décédé, donc). Cache-coeur naïf et malicieux.
JJ.

 
       
   

ROOM 204 
[Private diary of a man on the verge of ruin…]
(AP 2001) | Mèl

La musique d’Eric Chaslerie nous prend violemment à la gorge. Par sa torpeur et son incandescence froide, elle est la buée qui se forme à l’orée de nos lèvres au plus froid de l’hiver, la présence invisible qui se révèle à nous au plus profond de notre solitude. Des boucles d’arpèges mortes, de lentes vibrations de guitare, une rythmique de batterie anémiée, des spectres vocaux et des entrelacs éthérés hantent cet album, beau et lucide, qui échappe à la classification, tout comme son auteur qui tente d’échapper à l’oeil de l’objectif en couverture. Des titres splendides, condensé âpre de GSYB et d’expérimentation néo-no-wave ([Katharsis 99] , My own collapse, N.B , Tra Moi), qui se succèdent dans un lent cortège funéraire.
Sobre, élémentaire, nostalgique et envoûtant comme une galerie d’inconnus de Christian Boltanski.

JJ.

 
       
   

Christoph Gallio Mösiöblö 
A Robert Filliou
(Percaso/import)

Robert Filliou, poète et écrivain contemporain de la mouvance pluriartistique Fluxus est un personnage incontournable de la scène culturelle indépendante. Christophe Gallio, soucieux de porter le verbe de cet artiste hors norme a composé à cet effet cette pièce de musique baroque, session improvisée où s’exerce, dans une joute amicale quelques belles figures du genre : Christoph gallio (Soprano & alto saxophone) bien sûr, Thomas Eckert (bass clarinette), Marino Pliakas (Guitar), l’interprète des textes Sarah Maurer (Mezzo Soprano) et Peter Schärli (Trompette & flügelhorn). Des artistes dont les précédents albums ont fait les belles heures de Enja, Hat hut & Har Art et ce au côté de Joe Mc Phee, Glenn Ferris ou encore Ton Varner.
Une belle brochette d’invités, dont l’intime projet aura été de faire écho, par le biais de leur instrumentation et composition, aux textes innocents et inspirés du poète. Des critères révérencieux qui n’empêchent pas la composition de s’emballer à l’occasion, causant de bien jolis apartés où la trompette éructe sa rage, le saxophone crache la cadence et la guitare triture. L’interprète mezzo-soprano Sarah Maurer, quant à elle m’exaspère un brin sur la longueur. (Effet prof de chant !) Un honnête appendice de l’oeuvre écrite de cet artiste Fluxien qu’il est urgent de (re)lire.

JJ.

 
       
   

Brian Agro 
Poems and preludes
(Percaso/import)

Percaso est un label suisse crée en 1986 par Christoph Gallio, dont les préoccupations rejoignent celles de nombre de ses confrères, à savoir assurer la production et la diffusion (la survie ?) de créations d’artistes européens dévoués à l’improvisation, tous genres confondus et à la musique minimaliste classique. Le label compte déjà 19 références parmi lesquelles Urs Voerkel, Michel Kanan, Matthew Ostrowskin Day & taxi, Ueli Niederer, Christophe Wolfarth.
Ce 18e coup de semence est l’oeuvre du Canadien Brian Agro. Celui-ci est âgé de 48 ans (1953, Hamilton). Épris de piano et de jazz, Poems and preludes et son second album, faisant suite à A hole in the ice.
Le Canadien séduit rapidement, tant il fourvoie avec élégance et simplicité l’instrument piano pour le plier à ses vues. L’aide essentiel de Tomas Bächli, compagnon de fortune de ce disque, dont le répertoire englobe tout aussi bien la musique contemporaine, le néo-classique avec des interprétations d’oeuvre de Jean Barraqué ou les travaux méconnus des futuristes Mosolov & Protopopov oeuvre à l’ouverture et à la cohésion d’ensemble de ce Poems & preludes.
Un duo de pianiste, pour piano, qui évoque, dans un autre registre l’influence des pianistes du 19e, ou des signatures Naxos.
Les phases d’emballement mettent en relief les très beaux passages calmes, prenant à l’occasion l’auditeur par surprise, le brinquebalant au fil de ces multiples ruptures.
JJ.

 
       
   

Musik Experience compilation 
V/a
  (musikexperience) | Mèl

Musik Experience record se démarque sensiblement des labels à vocation électronique présents sur Paris (Goom, Clapping music, Active Suspension) par un radicalisme plus prononcé, un sens de l’expérimentation omniprésent, et une ligne électro plus affirmée, chez l’ensemble des signatures du label. Un compromis entre la mélodie et l’improvisation, entre l’harmonie et la dodécaphonie digitale, qu’on envisage Tlone et sa rythmique hachée, Gel et son attirance pour le vide (aphex twin Vs Pierre Bastien), Akrhe et son laboratoire chimique, Dapsone et ses plongées électroniques nocturnes, Stuntman et son groove épileptique, Hardcore joels et son hardcore feutré de salon ou Spasm et ses drones lascifs... Chacun, sans fioriture, dresse un état réaliste, moins naïf que d’autres, des sentiments et assentiments qui les gouvernent.
Musik experience, ou un pied d’appel vers une obscurité recherchée (nécessaire ?).
JJ.

 
       
   

Bad Sound rec Les petites salopes (va te faire foutre dans ton cul) ; Alain Bertrand and the Vibrators (greatest flops) ; Vibrazob (saved me) ; Putrella forever ( 100 % lurex) (Bad Sound)

Pour crétin et punkesque que soient ces quatre productions du label lyonnais Bad Sound, il se dégage de leur projet une sympathie communicative… Des attouchements sonores non- conventionnels, des petites beuveries entre amis, de l’électro au post à galène et à la TB303 de récup sont quelques-unes des bases du projet ; Vibrozob, côtoient les petites salopes, Alain Bertrand s’acoquinent avec Putrella forever... au-delà du lyrisme poétique fin de siècle des noms de groupe (sans commentaire), on peut résumer en une phrase chacun des intervenants... Vibrozob distille de l’électro bas de casse ludique et monolithique avec des titres drôles : les ordinateurs bronzent aussi, est-ce que changer tes seins ça change ta vie ? Quelque part entre le punk, la no-wave et les premiers bosco (mais à l’autoradio. Alain Bertrand and the Vibrators reprend les standards yéyé et rockabilly au fond d’une MJC de province ; Putrella et son rock basique (primaire de chez primaire) ou les Ramones sans studio ni matériel. Une fan des Stooges (la reprise de I wanna be your dog le confirme, d’ailleurs) et enfin les petites salopes s’occupent de régler leur compte à la scène 60’ française (France Gall, tiens-toi bien). Bien que dispensable, le label s’impose un rythme de galérien, soit deux albums CDR par mois, et invitent le quidam à acheter pour 99 F les 6 premiers volumes de cette saga. Pour les amoureux du lo-fi crade-2pistes...
JJ.

 
       
   

WIZZZ !
Psychorama Français
V/a (Michalon vibrations / Delabel)

WIZZZ ! est une compilation dans l’air du temps qui oeuvre à la reconnaissance d’une frange oubliée de la musique Pop ’60 (et ses dérives psychédéliques) comme l’avaient fait en leur temps (mais sur une époque différente) la pléthore de label indé d’Inflight (plus à cheval sur la période 60-70) Hot wax, et consort.
Sans être devin, l’aspect décalé et kitchesque, oscillant entre rires et nostalgie qui se déploient au long de ces 15 titres, est l’effet recherché aussi bien chez l’auditeur que chez les heureux fossoyeurs de cette compilation (ici Michalon vibrations). Une mosaïque d’artistes, dont les noms aux consonances hybrides (Charlotte Leslie, les fleurs de pavot, Richard de Bordeaux, les papyvores) seront pour la plupart passés aux oubliettes de la postérité ! Si ce n’est Danyel Gérard et William Sheller (avec une belle étrangeté). Une évocation naïve, désuète et gentiment conne de cette période, encore faut-il l’avoir connue pour juger. Et de retourner dans les greniers de nos géniteurs pour dénicher la perle rare qui sévira sur la suite de ce Wizzz ! (Très) sympathique.
JJ.

 
   
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