SOMMAIRE

ENTRETIENS


A LA LOUPE
Le label SOFTL
Le label V/VM
Le label Z & Zoé
Le label Optical sound

Chroniques de
Julien Jaffré

[Contact]

Ce mois ci

CHRONIQUES 18
13 & GOD.WORLD STANDARD. TROY VON BALTHAZAR. VLAD. L.PIERRE. THE REMOTE VIEWER. Robin FOX. FS BLUMM. POPULOUS. THE GASMAN. SINISTRI. Keith FULLERTON WHITMAN/ greg DAVIS. PXP. THE KONKI DUET. LAUTER. MARGO. JASMIN01. Alexander PETERHAENSEL. Dino FELIPE. V/a RONDA. TARAB. LOOPER. Masha QRELLA. COLEMAN/ HAUTZINGER/SACHIKO M/YOSHIHIDE. Jon MUELLER. The CHOPSTICK SISTERS. The WILD BUD. The DAYS. ELEKTROPHONVINTAGE. ROOM 204. OBADIA. Ben GIBBARD/Andrew KENNY.Ronnie SUNDIN. Xabier ERKIZIA. PASTACAS. LOUIS. ROOTS MANUVA. THEODORE. ENON. SETTLFISH. THE THING. V/a TOYTRONIC . OCHRE. 3PCONCEPTS. ABRAXAS PROJECT. SHANE COUGH. NAVEL. MLADA FRONTA. John CONVERTINO. AMON TOBIN. STUNTMAN 5. SKUGGE & STRAVOSTRAND.FENIN. ECHO DEPTH FINDERS. IGNATUS. COLLEEN. PERCEVAL MUSIC. SPRINGINT GUT. SNA-FU. V/a TALES OF THE UNREST.Michael GALASSO.Johzn SKUGGE. BUSDRIVER. INNOCENT X. SUPERCILIOUS. THE PREFECTS. RUBIN STEINER.

CHRONIQUES 17
John ZORN . KAADA / PATTON . THE BERG SANS NIPPLE . KILN . SOLVENT . PAN/TONE . Alexander RISHAUG . BLACK EYES COUGH . Damien MINGUS . Stepahn MICUS. Q AND NOT U . STYROFOAM . DANA HILLIOT . O.BLAAT . PROPERGOL Y COLARGOL . Vitor JOAQUIM . PSYKICK LYRIKHAH . KAMMERFLIMMER KOLLEKTIEF . BJORGULFSSON/ PIMMON /THORSSON . HANALEI . TETRAULT/ OTOMO . THE PATRIOTIC SUNDAY . MORCEAUX DE MACHINES . POLA . AUTODIGEST . DIE WELTTRAUMFORSCHER . GOO . PATRICK WOLF . STATE RIVER WIDENING . WILLIT/ DEUPREE . MARCLAY . MOUSE ON MARS . GRAILS . SUN PLEXUS . EPSYLON ZYGMA CLUB . FRANCESCO ARENA . LUDMILA . Michaela MELIAN . FS BLUMM . HENKE . ENCRE . V/a NOISE &THE CITY . V/a NEUROT . FORMANEX . REUBER . TILIA . INFANT . ENABLERS . ILIOS . V/a MONIKA FORCE . TREVOR DUNN S TRIO . SUSANNA & THE MAGICAL ORCHESTRA . ISIS . MILGRAM. SKOLTZ KOLGEN . V/a PORC EPIC . ARMAND MELIES . RD16 . KREIDLER . BLOOD AND TIME . MARSEN JULES . AETHER . NIMP . SUPERCILIOUS . TOOG . RUBIN STEINER . MATTIN/ WORKMAN . ICHLIEBELOVE . PRINCESSE ROTATIVE . STAFOENN HAKON . CANCEL N. PARESSANT . THE SOFT RIDER. KAMIDO TU . MALAUSSENE Vs BANGA . JAMES T COTTON . ANA . GREG HEADLEY . NOWHERE . SOFUS FORSBERG. OBNY . LOSOUL . OHM EDITIONS/ AVATAR . KOTRA . BORISOB/ NIKKILA.


CHRONIQUES 16

COBRA KILLER . TRAVAUX PUBLICS . V/a STAUBGOLD . KARATE .. LALI PUNA . KERRIER DISTRICT . STRATEGY . Pascal SCHÄFER . V/a Antologia de musica electronica portuguesa . FIRE WERE SHOT . SWOD . PATERAS/ BAXTER/BROWN . SCHURER .. @C . ADAM WILTZIE . RAN SLAVIN . THE ETERNALS . CHILDRENS OF MU . MAX EASTLEY/ DAVID TOOP . CHARALAMBIDES . ANGIL . BIP-HOP VOLUME 7 . EYVIND KANG . COCOON . VENETIANS SNARES . LULLATONE . Corker Conboy . POST INDUSTIAL BOYS .. STEPHAN WITTWER . GROWING . ILIOS . YANNIS KYRIAKIDES/VEENFABRIEK . MINIT . THE GO-FIND . MICHAEL J SCHUMACHER . MILOSCH


2004
CHRONIQUES #15
BATHYSCAPHE . TRAVAUX-PUBLICS . SPEKTRUM . LUNT . BAKA ! .. V/a MUSIK EXPERIENCE . LANGUAGE COMPUTER . AGF . Tô .. TRICATEL . MEN’S BEST FRIEND . MAX HAIVEN/JON VAUGHN . V/a List . RYOICHI KUROKAWA . SKETCHES OF PAIN . MINOTAURE SCHOCK . Z_E_L_L_E . V/a Rural Psychogeography . MARGO . FORMA. 2.03 . FAUST Vs DALEK . MANITOBA . COURTIS / MARHAUG . LUCKY R’ . EXPLOSIONS IN THE SKY . REMARC . JOSH RITTER . GROWING . CHRISTIAN RENOU/ANEMONE TUBE . BREEZY TEMPLE . GUINEA PIG . V/A Kraakgeluiden doc1 1999-2003 . DIRGE . ATONE . HARPAGES . DEPTH AFFECT . REBECCA . JONO EL GRANDE . SKYPHONE . PUYO PUYO . MEAT BEAT MANIFESTO . WESCHEL GARLAND AND WORLD STANDARD . BRAILLE . HAMLET . O.Lamm & Sutekh . V/A HAUNTED WEATHER . MITCHELL AKIYAMA . ALEX GARRACOTCHE & STEPHAN KRIEGER . FUNKSTORUNG . HELIOGABALE .. THE SIDE OF JORDAN . FROM:/TO:  . RAUD & HOLLAND .. EXCAVATION SONORE . HYPO . THE LOOP ORCHESTRA . CLOUDHEAD . PAULO RAPOSO & MARS BEHRENS . V/A Nothing but a Funk Thang . Jorg PIRINGER . KID SPATULA . AIRPORT CITY EXPRESS . EPSYLUN ZYGMA CLUB . SUGAR PLUM FAIRY . Jean Luc Guionnet & Eric La Casa . CM VON HAUSSWOLFF . JOHN BUTCHER . YEYE . Pierre BONDU . MINIMALISTIC SWEDEN . BABY FORD . DJ DAMAGE . FLUNK . ALCAHA SOUNDSYSTEM . DAY &TAXI . PHI LIFE CYPHER . NHX . 90 DAY MEN . Fort Laudendale . Le POP 2 . PERLON . TBA . TANDY . WHOPPER . Villalobos . LUNGFISH . TWERK . MICHAEL YONKERS BAND . Andrew Thomas . SERGEJ MOHNTAU . The Limps Twins . ABSiNTHE (PROVISOIRE) . Gustavo Lamas . SETH P BRUNDEL . The Sound Of Warhammer . BEXAR BEXAR . Active Suspension at Vooruit, GENT . PLANETALDOL .. FEIST . THE SHINS . Arman MELIES . GREENBANK . ROSIE THOMAS . V/A STEREO DELUXE . JASCH . KAMIDO . ARMAND-FLORIAND DIDIER . TANTE HORTENSE . METAMATICS . HELLFIRE . Laurent PLESSIET . ISO 68 . BMB Con . CARLO FASHION . JAS

CHRONIQUES #14
EXTENSIONS . LEFT / MIDDLE / RIGHT . BERNARD FLEISCHMANN . CHARALAMBIDES . KAFFE  MATTEWS . TRIOSK MEETS JAN JELINEK . NAO TOKUI . FANTOMAS . DEAN ROBERTS . CINELUX . FUTURE PILOT AKA . KAT COSM . OLAF HUND & HIS ORCHESTRE TOUT JUSTE . FORMANEX/AMM . PLURAMON . V/A LOST IN TRANSLATION .. KID 606 . THOMAS MERY . PAUL WIRKUS . POLMO POLPO . NITRADA . MELODIUM . DUDLEY . BIAS . HANS JOAQUIM  IRMLER . ENCRE . KHANATE . ADVENTURE TIMES . V/a CIRQUE . PIANO MAGIC . THE HIGH LLAMAS . THE BOOKS . REFREE . XANOPTICON . GRIDLOCK . WILLIAM ELLIOT WHITEMORE DIM MAK . PARADISE ISLAND . DANCE DISASTER MOOVEMENT . EKKEHARD EHLERS / JOSEPH SUCHY / FRANZ  HAUTZINGER . OKKERVIL RIVER . ANTIFROST . THE PAPER CHASES . THE SILVER mt ZION MEMORIAL ORCHESTRA & TRA-LA-LA BAND WITH CHOIR . RED SNAPPER . AUTODIGEST . SUMUGAN SIVANESAW / DURAN VAZQUEZ .LEE VAN DOWSKI .WE GOT MONKEYS . RAINIER LERICOLAIS . GRASSKIRT . ANABEL’S POPPY DAYS . FABRIQUE DE COULEURS . METAXU . XIU XIU . NOVEL 23 . ERIK FRIEDLANDER .. DICKY BIRD . SANTA CRUZ . PW LONG . DO MAKE SAY THINK . CHICA & THE FOLDER 42 . CLEAR HORIZON . TELEFON TEL AVIV . Ms JOHN SODA . Phrênésie #2 . EINOMA . BRUNO DESCOUT . J XAVERRE

 

chroniques 2003
chroniques 2002
chroniques 2001

LA DEMOTHEQUE #1
LA DEMOTHEQUE #2

 
CHRONIQUES #18

13 & GOD (the notwist & themselves)
(Alien transistor / La Baleine)

Certaines déclarations récentes et dithyrambiques à l'égard des protégés d'Anticon par Markus Eischer , puis quelques remixes inédits de Lali Puna par Alias et Boom Bip, et un Ms John Soda adapté par Subtle de Lex.. auront prédisposé notre esprit à cette alliance hors du commun. Pas la peine de tergiverser sur le cas de ce disque, l'association de ces 2 entités Themselves et Notwist, soit 7 personnes sera sans doute la meilleur chose arrivée cette année à nos oreilles. Jamais on aura poussé si loin, avec un tel soucis de détail et d'achèvement, la synthèse de 2 genres, de 2 univers d'apparence opposés mais qui , de leur 2 " malheurs " font émerger une sorte de bonheur. Les climats ill-hop asthmatiques de Themselves, ces voix nasillardes et susurrées, voilées par une épaisse brume spectrale entrent avec une évidence corporelle en incantation avec les atmosphères nébuleuses, les mélodies d'éther du quatuor allemand. L'essence de cet album correspond trait pour trait à cet adage relatif à l'amour : un même esprit dans 2 corps distincts…Ici, la vieille Europe et le nouveau continent ont fusionné, ont entremêlé leur histoire et leur culture dans ce petit chef d'œuvre musical sans retour. On retrouve les ambiances Jazzy teinté d'électronica, qui faisaient le charme des productions de The Notwist, à mi-distance d'un Kammerflimmer Kollecktief et d'un Remote Viewer et les ambiances plombées àmi-chemin de Flying Saucer Attack et de Cloudhead de Themselves. Cet album est majestueux, une pure abstraction de beauté.

www.alientransistor.de

WORLD STANDARD Alabaster
(Vertical Form/ La Baleine)

Déjà croisé sur Morr, en duo avec Weschel Garland, le petit monde de World Standard [Sohichiro Suzuki] pourrait se résumer à l'incarnation d'un piano, d'un timbre de voix et de quelques résonances perverties à l'usage de sons analogiques… il n'en faudrait pas davantage à Sohichiro SUZUKI pour exprimer toute la gamme de sentiments qui inonde cet album. Malgré cela, le jeune musicien ne cède pas au minimalisme ; derrière ce projet, on devine beaucoup de savoir-faire et de complexité technique...ne serait ce que par la multiplicité des instruments manipulés : guitares, ukulélé, mandoline, basse, piano, kalimba, cymbales, electronics… Tout commence par cette gymnopédie pour piano, tout semble aller pour le mieux puis doucement la mélodie glisse, se met à onduler, se modifie, se voit corrompue par des effets d'ondulations et de ralentissements. Ces 10 échos de sonates sont pervers, car, en définitive, c'est bien ici la technologie qui pervertit la tradition classique, qui l'oblige à muter, à endosser une forme belle mais bouleversée. On navigue dans les références, depuis l'incontournable Erik Satie aux compositions plus contemporaines de l'école estonienne (Part, Urmas Sisack, Erkki-Sven Tüür…) Il y a bien quelque chose d'irrévérencieux, de sacrilège à manipuler avec si peu de soin ces écrits liturgiques, mais qu'importe, c'est fait avec une telle grâce païenne ! Quelques instants limpides et lumineux.
www.verticalform.com

VLAD Emo-Droidz
(Laboratory Instinct/ La Baleine)

VLAD a toujours affectionné, aussi loin que remonte son engagement musical, l'atonalité rythmique, la dissymétrie électronique, les concrétions analogiques, les agrégats et scories de Click'n cut. Après quelques compilations disparates pour premiers faits d'armes, il fait un coup d'éclat en sortant sur Warp son premier maxi : une sorte de parabole heureuse sur les vertus des hauts et bas reliefs ; suivront un autre ep pas moins pulsé sur Musik Experience et divers autres travaux épars. Emo-droidz est peut-être l'album que les journalistes aiment à nommer de la maturité ; il contient bien davantage de nuances mélodiques que ses prédécesseurs. Les paraboles rythmiques (quoique très présentes) restent ici confinées à l'arrière plan, privilégiant la construction de nappes et de textures ondulantes. Néanmoins VLAD nous entraîne dans une pérégrination étrange, les climats et atmosphères sont mouvementés, fluctuants, oscillant au gré d'une courroie rythmique cadencée, froissée, invectivant avec une souplesse et une vigueur rare tous les atomes présents. Des samples vocaux, hip-hop viennent surajouter une dimension à sa musique. Cet album est à cheval sur une dimension purement hédoniste et une recherche croisée d'expérimentation et de capture. Le Luke Vibert/Wagon Christ français ! Pas moins.
www.laboratoryinstinct.com

ROBIN FOX Backscatter (Synaesthesia/ Metamkine )

On avait déjà pu entrevoir les potentialités musicales de l'Australien Robin Fox à la faveur de sa contribution avec Anthony Pateras (Coagulate, Synesthesia 007) un minimalisme électro-expérimental post industriel, des plus intéréssants. Ici, l'esthétique et la plastique générale de sa nouvelle production sont gansées d'une enveloppe scientifique. Ces travaux ont ainsi été composés à partir des rayons cathodiques d'un oscilloscope de telle manière que l'électricité utilisée pour générer les sons sert également à exciter un proton lumineux au travers d'un écran phosphorescent. La parfaite symbiose entre image et son, au-delà de la simple conceptualisation invite à s'interroger sur la place de la technologie et de la science dans nos vies, de la capacité à extraire une certaine poésie/ philosophie de ces practices sonores. Entre apprêtée rythmique et récursivité, un DVD qui s'écoute/se voit dans la durée… intéressant.
www.synrecords.com

KEITH FULLERTON WHITMAN / GREG DAVIS yearlong (Carpark/ Chronowax)

Yearlong est une belle histoire d'amitié, l'histoire d'une collaboration intime débutée en 2001, la chronique d'un disque annoncé après une pléthore de concerts et d'enregistrements live. Yearlong est le fruit synthétisé de ce bel engrenage humain. Keith fullerton Whitman (aussi connu sous son pseudonyme Hrvatski [albums sur Mu] et Greg Davis ont en commun cette soif de diversité qui sied si bien aux défricheurs. Ils disséminent leurs albums depuis une poignée d'années sur des labels aussi excitants que variés. De puis Kranky à Lex, en passant par Carpark, Locust, Staubgold, Shematic, V/Vm, Sub Rosa, ou encore 12K ou Anticon. Sans doute leur pratique commune du lap-top, méta-outil musical transversal et protéiforme entre tous (sampling cut-up) leur aura ouvert un champ large de questionnements et de créativité Yearlong se présente ainsi comme un recueil de samples, un succédanée concentré en 45 minutes de près de 18 heures d'enregistrement. A ce titre, on devine que ce disque, particulièrement orienté vers une approche " sensitive" est sans doute le premier d'une série où l'on pourrait voir chaque facette du travail de ce duo. Dans cette expectative, on savourera la fragilité sonore de ce premier opus, la multitude d'évènements et de sources qui se superposent et se stratifient rappelant un heureux mélange de souvenirs et de références variées ; passages mélodiques, rythmique atonale, avalanches de glitchs et de cut sons spectraux, musique déconstruite, décousue puis rapiécée, voilà ce qu'offre à notre oreille ce yearlong. Exigeant à souhait.
www.carparkrecords.com

TARAB surfacedrift (Naturestrip / import ) tarab@eudoramail.com
LOOPER squarehorse
( Naturestrip/ import) www.loopersite.com

De l'océanie, On connaissait les labels Drunken Fish (Nouvelle Zélande) puis surtout Dorobo et Soleilmoon en Australie ; il faudra désormais compter sur ce nouveau venu de la sphère restreinte des labels intuitifs et aventureux, Natureship, basé à Victoria. Deux très beaux objets, l'un au format digipack, le second à la forme ovale cartonnée. Tarab est un trio composé d'Eamon Sprod, de Rust Objects et d'Emily Jones. La motte de terre rouge, qu'on devine issue du bush australien ornant le rond central du cd permet une approche évidente de leur musique, emprunte qu'elle est de musique pastorale, profondément ancrée dans des rituels culturels de ce pays. Pour autant la grandeur de cette musique environnementale est à rechercher ailleurs, dans les silences et les manipulations fragiles qu'ils mettent en œuvre au fil des ces 4 titres qui rappellent quelque peu le Outside the circle of fire de Chris Watson.

Pareil à des fils invisibles, des filigranes de câbles tendus dans l'air, ce second disque [Looper] du label est sobrement construit autour des élans de 3 instruments, le saxophone de Martin Küchen,le cello de Nikos Veliotis et d'Ingar Zach (tonos). Ce trio offre ici à l'oreille une musique contemplative et dronienne, réceptacle inventif, microtonal et minimaliste du souffle nocturne de territoires sans fins.. Enregistré par Andreas berthling, mis en forme par Maya Lavda. Une ode à la nature.

www.naturestrip.com

FS BLUMM Zweite Meer
(Morr Music/ La Baleine)

Après diverses contributions, pour Tomlab, Plop, Staubgold, Audiodregs et autres, Blumm annonce son retour sur Morr après l'album de ces débuts Mondkuchen. La fragilité dont FS Blumm enserre ses petites compositions est sans doute à mettre en parallèle avec la sensibilité de son auteur. Zweite Meer, littéralement la seconde mer est un carnet de voyage, le journal de bord d'un périple mené depuis le Canada jusqu'au Mexique, par la cote Ouest du continent Nord Américain, avec pour compagnons de route E*rock et Greg Davis. Des paysages sans frontières, des perspectives sans bornes ni papiers d'identités, des étendues sans limites, voilà ce que Zweite Meer a à nous livrer. La perception intime d'un auteur, sa vision reflétée du monde. Ces fragments de vues, ces souvenirs retranscrits, patiemment annotés, ré-assemblés, viennent aujourd'hui composer ce qui peut s'apparenter à un album sonore, où harmonie et mélodie s'entremêlent, amorces de rythme, séances de courtes fluctuations folks. A mesure que les sons nous enveloppent, on acquiert une perception accrue de ce qu'a pu être la vision de FS Blumm lors de son voyage. Une lente dérive folk apaisante. Zweite Meer est une carte postale passée par le soleil, qui réanime pourtant par ses sons tout en microrelief, les couleurs de nos vies. A noter la voix de velours du grand David Grubbs sur certains titres..

www.morrmusic.com

ELECTROPHON VINTAGE we sang a yeye song
(Unique records/ la baleine)wwwuniquerecords.org

La musique d'Electrophon Vintage est à l'image des Diaries de Jonas Mekas, Super8 poussiéreux, d'un temps passé, journal intime au format sonore de l'enfance à jamais révolu. C'est de cette maladresse, avérée ou apparente du jeu de guitare autant que de la sobriété émanant de la voix de Rémi Persson qu'electrophonvintage tire son dynamisme. Une force issue de sa somme de faiblesses, en quelque sorte, où les termes de sensibilité, de fragilité, d'affectivité ne sont pas galvaudés. Ainsi, la beauté de l'existence prend généralement les atours de la simplicité ; une matinée ensoleillée, le sourire d'une jolie femme, l'odeur des croissants chauds... A cette courte litanie des plaisirs simples, des joies et satisfactions éphémères du quotidien, il faudra à présent amender l'album d'Electrophon Vintage. L'écoute de ce disque invoque beaucoup de sources musicales heureuses, qu'il soit question de Vincent Gallo, évident sur my Mountain town mais aussi d'Adam Green, des Moldy Peaches, de Belle & Sebastien pour cette candeur pastelle. Ces quelques ritournelles pausées enveniment notre esprit de leur joie abstraite, de leur vitalité douce-heureuse. Un lent travelling arrière sur sa jeunesse perdue qui ricoche dans nos âmes comme si c'était la notre. Accompagné d'Anicet Rohée (A place for Parks) à la batterie et de Sébastien Linares (Won, A place for Parks) à la basse, ce trio amplifie le jeu du jeune homme solitaire sans toutefois briser la solitude envoûtante qui émane de ces petites chroniques du quotidien. Très agréable.

wwwuniquerecords.org

The CHOPSTICK SISTERS l'une bouge, l'autre pas
(3pattes/ http://3pattes.free.fr ))

Ca pourrait ressembler à un petit délire vocal entre amis, pourtant, ce trio, emmené par les voix envoûtantes d'Anna et Nadine (mise en musique par Alain Neffe) laisse une trace pregnante dans nos esprits. Anna Homler est tout sauf une débutante, elle a usé ses cordes en solo aux côtés de grands noms de l'expérimentation contemporaine…Steve Beresford, Steve Moshier, David Moss, Richard Sanderson, Peter Kowald, Voices of Kwahn, Pavel Fajt, Tom Cora, Temps Perdu… Ces 2 acolytes n'ont pas à rougir, Alain Neffe mène le label Insane et a participé à de multiples aventures, Human Dance, I scream, , Sic, Vortex, Kosmose ou avec Bene Gesserit, Ornament ou Crime Arkehstra pour Nadine Bal. Construite à partir d'une guitare préparée et de loops sibyllins, les voix oniriques de ces deux chanteuses, impose à la mélodie d'étranges atmosphères. On pense d'emblée aux duos célèbres de Catherine Jauniaux et Ikue Morie sur ReR, les intonations, l'esprit libre qui s'en dégage,…pourtant comme avec Maja Ratjke sur rune Grammophon, elles prolongent toujours plus loin l'expérience, agrémentant leurs timbres suppliciés, sibyllins, " inuites " de sources annexes, de gisements de sons externes. Déroutant et intense. Pour les amateurs d'ocora et d'Alga Marghen.

JASMIN01 (Rotesonne rec./ Import ) www.rotesonne.de
Alexander PETERHAENSEL
Longing for moments of objectivity (Rotesonne//www.12rec.net )

Sobrement intitulé O1, ce court album de Jasmin, trio munichois composé de Andreas Bernard (guitare) Christian Schwenkmaier (basse, guitare) et Alexander Peterhaensel ( Schalgzeug/ elektronik), diffuse les courbes voluptueuses et discrètes de ses fragrances musicales. Une musique enivrante bien que tentée par la translucidité, qui s'aventure avec talent dans le domaine électro-acoustique ; l'association d'arpèges de guitares, mêlés aux parfums d'électronique offre une touchante, vibrante étude autour de l'exercice de fébrilité. L'approche est similaire à la beauté des compositions des Rachel's ou plus certainement de L'altra sur Aesthetics dont la flamme est ici magnifiquement entretenue [malgré l'évidente singularité de leurs morceaux]. Des compositions, donc, entrelaçant avec justesse et humilité des phases de compositions complexes sous couvert de simplicité mélodique. L'apaisement que leur musique procure tient pour beaucoup du domaine de la thérapeutique De l'art d'édifier des chefs d'œuvre d'instants fugaces. Le DVD associé à cette noble entreprise, est l'œuvre de A. Peterhaensel, qui mieux que quiconque est à même de saisir la subtilité esthétique de la musique (celle de Jasmin dans le cas présent) et d'en restituer l'intégrité dans son pendant visuel. Un très court métrage de 4'25 ou des images opaques et volontairement hors champs évoquent la douce errance qu'on retrouve sur le morceau…Très bon.

www.rotesonne.de

V/a RONDA label je suis un étranger (Ronda/ chronowax)

Les compilations à thèmes, ou à concepts, fleurissent depuis un certains nombres d'années avec un succès critique ou esthétique plus ou moins au rendez-vous. Pourtant, à l'occasion, certaines sortent du lot. L'angle d'approche de Ronda est ici éminemment culturel, à portée européenne et au-delà… Il est ici question de langage, pris comme matériel sonore, potentiel d'ambiances. Le talent des musiciens réside dans leur capacité à travestir ces langues, ces volutes de sons codés Tout en en conservant un mince sens. Au-delà de la qualité indéniable de la majeure partie des prestataires ici présent (Mils, transbeauce, Lucky R, Sun plexus, Silencio, Hypon Xerak, Seb.R, do shaska (très Muslimgauze), l'excellent dscl (travaux sur K7), aka_bondage, dDamage, displacer, bleetch) c'est la concordance auditive de certaines langues, leur rapprochement improbable qui étonne, comme c'est le cas pour le Portugais, l'Allemand et le russe, et ce malgré le talent de camouflage des artistes présents. Un pied d'appel original qui propose de multiples repères sonores, spatiaux, rythmiques, et qui, dans tous les cas, offre l'insigne plaisir de découvrir la jeunesse défricheuse (et talentueuse) française (pour l'essentiel) et de nous replonger dans nos vieux enregistrements de poésies sonores, Jaap Blonk et Artaud en tête, ce qui n'a pas de prix, convenons-en. Excellent.

www.ronda-label.com

GENE COLEMAN/ FRANZ HAUTZINGER/ SACHIKO M/ OTOMO YOSHIHIDE
Concert in Saint Louis (GROB/ Metamkine ) GROB 656

La rencontre de Gene Coleman, bass clarinettiste, qu'on a notamment pu entendre vrombir sur Gastr Del Sol, Franz Hautzinger (trompette) Sachiko M (microphone contact) et Otomo Yoshihide (Turntable, guitare) est toujours un petit évènement en soit. Grob défend ici une certaine idée de l'improvisation, pluraliste, incertaine, loin des clichés éreintants qui stigmatisent invariablement ce courant (éructations, violence de la gestuelle musicale, cacophonie rythmique,etc… ) Ici, le disque a trait à une certaine forme de délicatesse, d'aménité,une caresse électro-coustique ni tout à fait froide (la présence des cuivres de Coleman et Hautzinger) ni totalement chaude (le pointillisme digital de Sachiko M). Un entre-deux eaux, qui charrie pourtant son lot d'imprévus, de textures déliées et délicates. On s'enfonce avec une douceur étrange dans cette musique, qui débute par une longue plage de 51 minutes, lente ascension au cœur d'un environnement protéiforme. On traverse un climat spectral, quasi spatial où interfèrent à mesure qu'on s'y plonge, voix lointaines, sons assourdis, petites scories digitales. Le travail commun des musiciens recrée à merveille l'environnement phtisique des bayous, où s'alternent accalmie fébrile, tension moite et atmosphère plombée. Une belle élévation qui fait honneur à cette exploration mesurée en terre électroacoustique. (un terme qui n'aura jamais aussi bien porté son nom).

www.churchofgrob.com

POPULOUS Queue For Love (Morr Music/ La Baleine)

Il est heureux de voir qu'en 2005, il existe encore des pochettes qui peuvent piquer l'esprit par la simplicité de leur charme. Une colombe, perchée sur des arbres étranges aux couleurs pastels (humanempire design), entre autres exemples. Le premier album de Populous, Quipo construit autour de la guitare, nous avait déjà surpris à l'époque pour son parti pris chaleureux et jazzy, malgré une esthétique musicale ancrée dans l'abstract électronica. Ce second volet assume bien davantage les références de l'artiste italien, allant bien au-delà dans ces courants " traditionnels " pour s'orienter vers quelques classiques du jazz, du hip-hop, de la soul, de l'easy listening (Crippled rec) et du funk canal-historique dont se sont faits les hérauts Soul Jazz ou Harmless pour n'en citer que deux. On retrouve ici l'esprit de vieilles BO Blaxploitation/italian movies de la fin 60 et début 70'. Pour autant, Andreas Mangia ne se livre pas à un pur travail formel de fax similé, il insuffle une dimension électronique et acoustique (par l'usage intensif de Glokenspiels et de guitares) La participation de Dos-One de Clouddead offre une perspective intéressante de hip-hop brumeux, une vision neuve dans cet entremêlement de mélodies, entre rap contemporain, sons datés et folk électronica introspective. Le climat général évoque une sorte de compromis entre Broadcast, Themselves, Tommy Guerrero, voire Red Snapper par certains aspects. Un album franchement épatant, léger et plein de trouvailles qui ravira vos tympans internes.

www.morrmusic.com

THE KONKI DUET il fait tout gris (Active Suspension/ Chronowax)

Tout part d'un immense mensonge, un mirage dont seules les femmes ont le secret, puisque ce duo est un trio. L'histoire est quant à elle simple et presque banale, 3 copines (au départ deux, d'où le duet) qui ont en commun l'amour du thé et de la musique décident de passer le pas, et de mutualiser cet amour irrémédiable du rythme et de la mélodie bien sentie. 3 jeunes filles qui ont pour partie déjà goûté aux joies de la scène, comme c'est le cas pour Zoé avec My own ou Tamira qui a prêté son souffle à Celluloïd Mata, Ultra Milkmaid et d'autres projets occasionnels. 3 jeunes filles, donc, lettrés et humaines, bien enracinées dans leur époque qui ont choisi de faire de leur rencontres des petits moments inoubliables, des petits conciliabules musicaux attachants ou déroutants, soniques et intimistes, petits instants de perditions naïves et de délires ludiques. C'est le cas sur Faith to grey, magnifique reprise de Visage s'il en est ! On pense à Wyatt, à Bach, à Stereolab, à Blonde Redhead et à rien en définitive. Konki signifie la persévérance en japonais ; une constance et une énergie qui ne se défilent pas à l'écoute de ces 12 comptines féminines de l'aire Post électronique.

www.activesuspension.org

PXP Nada (Dekorder/ Metamkine/mange disque)

The Departement for Penetration and Pervertion (PXP) revient salir nos oreilles de son flux tendu d'informations, ruissellement de données digitalisées. Après un premier album aux allures de bug informatique while (p) print ". " ;"xp$p++) :, paru sur Wavetrap revoilà les nihilistes du computer, armés d'un prix d'excellence électronique d'Ars. La musique "de PXP est une sorte de chimère informatique, une compression de la masse énorme d'informations qui nous environnent, une vision synthétique des magmas et des aléas (accidents) générés par le progrès. D'une certaine manière, Nada, comme son prédécesseur est le pendant musical du Microserf de Douglas Copland, ou plus précisément d'une partie des interrogations d'un Paul Virilio sur la face cachée de la modernité et du progrès. Difficile d'accès, à moins de connaître un ORL compétent. Il faut davantage entrevoir les membres de PXP, émanation dure et ludique des FarmersManuels, comme des théoriciens d'une penséepost-informatique. Dense et enjoué, leur magma d'algorithmes et de flux digitaux a-synchroniques a le mérite de poser les bonnes questions. Quant aux réponses…

www.dekorder.com

ROOM 204 Trans Panda (Effervescence/ La baleine)

Des personnes qui paraphrasent avec révérence Robert Musil, le majestueux auteur de la bêtise (entre autre), pour asseoir leur discours sont forcément des gens bien. " tout ce qui se prolonge perd le pouvoir de frapper " Cette phrase s'applique avec une telle évidence à la musique de Room 204 qu'il est difficile d'en faire abstraction au fil de l'écoute de ce Trans Panda. En effet, quel groupe peut se prévaloir de procurer dans les confinements de sa musique une telle densité d'accords, une telle profusion d'arythmie, une telle compacité de mélodies ténues et graciles dans le même temps. La musique de Room 204 est un sentiment inhibé, refoulé au plus profond de soi, qui gronde et s'amplifie jusqu'au point de rupture avant d'exploser. Cette décharge d'énergie est patente, elle explose comme un cri. Une forme (dé)structurée de vie revisitée. A la gravité heureuse de ces propos, il faut opposer le juste second degré des musiciens, qui préfèrent se grimer en pandas survoltés que de jouer la pause (ridicule) . Un excellent album à ranger aux côtés des tout meilleurs du genre. (Don caballero, Shipping News, A minor forest..) Vraiment bon.

www.kythibong.org

BEN GIBBARD & ANDREW KENNY Home ep Vol V (Morr Music/ La Baleine)

Frileux d'un folk introspectif, ennemis des sérénades sombre-heureuse pop, adversaires des sentiments légers et des émotions pastelles, passez votre chemin car Monsieur Morr, invite à sa table à l'occasion de cette nouvelle sortie, un duo, composé de Ben Gibbard et Andrew Kenny, " armés " d'une guitare sèche et d'une voix imprégnée. Le naturel et la simplicité des mélodies, voguent de concert avec l'évidence d'un matériel sommaire et spartiate. On navigue ainsi sur cette fébrile embarcation fouettée par les embruns salés et virevoltants, balayée d'une traîne de soleil d'hiver et d'un air associé frais et revigorant. Ce disque, sorti en 2003 est la réédition européenne d'une série orchestrée par le label américain Post Parlo. L'idée de cette réédition est due pour une large part à Styrofoam et aux liens ténus qu'il a tissés avec The postal Office, Dntel, Jimmy Tamborello, the American Analogue Set lors de remixes réciproques Le principe des Home ep est simple et s'apparente à une recette de cake : prendre 2 artistes , leur faire enregistrer 3 titres originaux et un titre du répertoire de l'autre (cover version).Secouez (doucement) ! Ce 5ème opus a fait appel à 2 calibres du genre en les personnes de Ben Gibbard, bien connu pour ses investigations sur The Postal Service ou Death Cab For Cutie et Andrew Kenny, membre du Analogue. L'esprit d'une maison imaginaire, chaleureuse et protectrice, perdue au bord d'un lac est ici entretenu d'une bien belle manière. Rien de nouveau sous le soleil si ce n'est une belle quête de fraîcheur et d'authenticité des sentiments qui se marie bien, somme toute avec ce renouveau de la vie végétale qu'on nomme Printemps. Très bon.

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OBADIA where does dust come from ep. (Autre direction in music/ www.autresdirections.net)

De même que l'usure des pierres entraîne l'érosion, synonyme de poussière, l'usure des mots et des actes dématérialise lentement ceux ci, le temps oeuvrant, en souvenirs. Les sentiments passés ici vus comme poussière musicale de nos actes à jamais éteints. OBADIA nous offre sur près de 7 titres, 5 années de cheminements créatifs l'ayant mené des doutes les plus malléables aux certitudes trempées comme l'acier. Stephane Obadia, nous présente ici Une poigné de petits opus, enregistrés entre 1998 et 2003, qui distillent avec la même authenticité qu'un pèlerin égrainant son chapelet les univers intimes de ses créations. On passe d'une électronique spartiate et enjoués (Rubix groove) à une drill'n bass dynamique puis à des climats plus posés, plus chaleureux, collages mid-tempo sortes de frères de son d'un Stuntman 5 - Prefuse 73 nourri de Console/ LFO. Beaucoup de chaleur, de fraîcheur, de classe et de groove au long de cette trop courte demi-heure. Un choix bienveillant qui encore une fois est à attribuer au nez creux des hommes de l'ombre de chez Autres Directions.. Le grand Stephane pour pas le nommer.

www.autresdirections.net

RONNIE SUNDIN Hagring (Antifrost/ Metamkine)

Ce musicien suédois a toujours su faire montre d'une sensibilité artistique peu commune, qu'elle s'exprime au détour de la musique ou du graphisme. Ce triptyque, entamé sur Ground Fault en 2001 (Sleepwalk) puis sur Hapna en 2002 avec Morphei vient ici se clore sur Antifrost avec ce Hagring, dont le sens nous échappe malgré ce dessin évocateur d'enfant corné, de progéniture diable en pochette. Les thèmes récurrents qui hantent l'esprit de Ronnie Sundin ont trait à sa fascination pour le somnambulisme, les effets d'hallucinations auditives et de mémoires du son. Un rapport étrange entre réalité et illusion de vérité, au fond duquel se dissimule un minimalisme assourdissant, tellurique. Les premières minutes du disque forcent l'oreille à guetter le silence, y discerner des formes abstraites et transparentes qui peu à peu se précisent, dessinent leurs contours, assument leur silhouette. On s'enfonce alors sous terre, dans des cavités qui nous mènent irrémédiablement vers les tréfonds de l'écorce terrestre. Cette expérimentation sur le son et la texture, très délicate, proche de l'apesanteur (étonnement) est un bref mais marquant moment d'apaisement dans l'agitation diurne de nos existences.

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MARGO furtives furies (Peter I'm Flying/ Chronowax)

L'immuabilité, l'immobilité, souvent synonymes de stagnation font rarement bon ménage avec la créativité, qui pour survivre doit se renouveler dans un mouvement constant, une perpétuelle impulsion. Margo l'a bien compris, et délivre à nos oreilles de nouveaux paysages, de plus larges panoramas auditifs, à mesure qu'il pratique et distille sa musique. Après un premier album teinté d'une électro-pop diaphane proche de Lali Puna, une succession de remixes aventureux brisant l'apparente douceur de The Catnap (Schneider TM, Mils, Laudanum, Styrofoam, Broker/dealer), un parterre de remixes et collaborations bien senties (pour Goom Trax, Les Thugs, Schneider TM, Traum…) et une contribution croisée avec le médium vidéo (la musique du film d'animation Le Musicien) Margo nous donne à entendre sa nouvelle mue. Furtives furies est une petite machine à créer des ambiances à cheval entre une multiplicité de courants de genres et d'époques, et qui, à force de croisements, d'interactions et d'imprégnations finit par offrir un genre à part entière à ceux qui la joue.
Une étrange membrane, en fait, qui assimile avec une singulière souplesse les couplets naïfs d'un Taxi girl, la malice et l'innocence française façon Suburbia/lio , les heureux malaises rythmiques et sautillants d'un Kid Spatula, le bricolage d'un Casiotone ou l'étrange ambiance d'un Stereolab. La gageure tient au chant, quasi exclusivement en français. Un tournant intéressant quoique déstabilisant qui donne un caractère nettement plus léger, et par le fait original à ces Furtives furies.
www.peterimflying.com

LAUTER a walk will take my mind off things (Herzfeld/ Autoprod)

Chanteur et guitariste de Drey, Boris Kohlmayer développe ici avec Lauter une émanation sensible de son projet principal. D'une mélancolie presque palpable, le jeune homme, ici appuyé par la batterie et les percussions de Fabrice Kieffer, a insufflé dans ses compositions un peu de l'âme de sa région strasbourgeoise autant que l'esprit de ses racines Lauterbourgeoises. Frimas de mélodies, discrétion mesurée des arrangements, mesure des accords. Un grand -petit écart, en fait entre une contribution plutôt rock dans le sens sonique du terme (The sea & the cake) et des évocations folk qui inspirent des représentations de forêts hivernales. Une musique de la transition climatique, cernée entre la douceur automnale et l'âpreté hivernale. D'une beauté nue.

MASHA QRELLA Unsolved Remained (Morr Music/ La Baleine)

Le petit filet de voix qu'on devine en introduction de ce disque donne déjà une juste mesure de ce que Mascha Qrella a à nous proposer. Ce Unsolved Remained est le second album à son actif. Il fait suite à Luck, le bien nommé puisqu'il a débouché sur ce second opus. Ce qui marque l'esprit, c'est ce fiévreux équilibre, funambulesque, entretenu entre la mécanique fébrile de la mélodie et la voix légère de la jeune femme. Les petites constructions musicales effleurent les rives de la pop autant qu'elles privilégient une certaine approche des musiques traditionnelles ou électroniques. On devine ici ou là quelques variations folk qui assoient avec une naturelle beauté l'ensemble. Les détails qui émaillent les mélodies de Masha Qrella, laissant, à la manière d'un bateau coupant la mer sur son passage, une nuée de remous, une multitude de sentiments et d'émotions discrètes. Cette simplicité de surface n'enlève rien à la complexité des arrangements, qu'il soit question des pulsations rythmiques, de modulations électriques/acoustiques de guitares, d'ambivalence entre électronique et acoustique, également Cet album est un territoire dont les frontières ouvertes ont offert l'accueil à quelques heureux émigrés du son : Norman Nitzsche (Mina, NMFarner) qui a participé de tout son cœur à l'enregistrement et la production d'Unsolved Remained ; le collectif Rechenzentrum et Henrik Johansson ont également apporté leur savoir-faire, de manière ponctuelle, sur la texture de certains des morceaux. Un album intime et entêtant, totalement plaisant.
www.morrmusic.com

JON MUELLER What's lost is something important. What's found is something not revealed
(Crouton / Metamkine)

L'esthétique est à ce point une seconde nature chez Crouton qu'il peut à l'occasion voiler le fond au profit de la forme. Ce n'est, rassurons-nous, pas ici le cas, même si la délicieuse et simple idée de sertir cet album dans un format Ep 45t ravit notre attention quelques heureuses minutes. Ces 2 compositions, basées sur un travail sensoriel de percussion où viennent se sédimenter, recueil de sons et textures [cloches nocturnes, drones chauds et vibrant, rythmes bancal] ont une beauté rémanente, apaisante, aux courbes diffuses. Ce disque, fouille notre réflexion autant qu'il brasse une multitude d'idées sur le rythme, la philosophie des effets, etc..… quelque part entre la poésie minimaliste d'A bruit secret et le caractère ethnologique d'un Jorge Reyes. Jon Mueller est un habitué du label ; on a souvent vu son nom associé à d'autres, parmi lesquels Pele, Asmus Tietchens, Jason Khan, Hal Rammel, Jack Wright, Bhob Rainey, Achim Wollscheid, Steve Nelson Raney, entre autres. Il est également membre de l'excellent collectif, Collections of Colonies of Bees. Aux amateurs de captations sensorielles douces et vibrantes.
www.croutonmusic.com

XABIER ERKIZIA Entresol (Antifrost/ Metamkine)

Cet Entresol est un mensonge bien gardé; la réalité de la musique de ce jeune basque qu'on a vu aux côtés de compatriotes de labels tels que Mattin, Ilios , tv Pow ou encore de camarades de finesse tel que Alejandra et Aeron, Eddie Prevost ou encore Josh Abrams… ; La réalité de sa musique, donc est de toute évidence intimement liée à la mer. Ainsi, Entre deux flux semblerait un titre plus approprié. Les grésillements discrets qui sont ici mis en forme, (exception faite du déchirement numérique en phase 2), les petits appendices et stridulations d'ultra sons (Ryoji Ikeda, est-tu là) qui émaillent la surface de cette composition horizontale rappellent étrangement le mouvement régulier et lent du sac et ressac de la mer sur le sable. Un va et vient hypnotique, majestueux et réglé qui prédispose notre esprit à une pleine et entière relaxation. Ce premier album, bien que minimaliste et expérimental, offre une belle carte postale sonore de ce que sont, de ce que peuvent être les côtes ourlées du Pays basque certaines nuits d'hiver.

www.antifrost.gr

ROOTS MANUVA too cold ep (Big Dada/ PIAS )
ROOTS MANUVA Colossal insight ep (Big Dada/ PIAS )

Est-il encore besoin de présenter ou de défendre le maître Manuva? S'il en était encore besoin, ces 2 maxis de remixes viennent une fois (encore) entériner la maestria du jeune homme, qui avec 3 albums désormais au compteur fait toujours figure de leader, de tête de proue d'un Hip hop britannique en mal de groove. 2 titres confiés à la crème des remixeurs européens qui trouvent ici un magnifique terrain d'études (la voix de Roots Manuva, ses climats étranges) à l'expression de leur savoir-faire. Sur Too Cold, on retrouve, outre l'edit traditionnel, des remixes par Sa-Ra, Wood Harris et Daedalus, la non moins excellente prestation de Nightmares on wax avec une entrée folk-rock fraîche et bien sentie ou encore Go !team . Colossal Insight quant à lui laisse la part belle à Röyskopp, Ricky Rawking ou encore Jammer & mizz beatz . 2 courts ep qui confirment cet adage bienveillant : " A très bon album, très bons maxis ".

www.bigdada.com

PASTACAS Tsaca Tsap (Kohvirecords/ Meridians)

Pastacas a déjà un long passif dans le domaine musical, et étonnement, il se dégage une fraîcheur crâne, une assurance susurrée de sa musique. Bien davantage portées sur l'étude du chant, ses 16 nouvelles compositions portent en elles leur charge d'émotion, distillant au fil de Tsaca Tsap, une étrange litanie peuplée de sons étranges, d'étonnants collages de timbres, de vocalises oniriques, de chants estoniens trafiqués, de résonances inventées. Une sorte de Volapük personnalisé et remis au goût du jour. Les harmonies appuient leur discours musical sur une perspective faussé de jazz, tordue aux préceptes d'un folk acoustique traditionnel en provenance des Balkans et d'arpèges post-rock et pop. Mêlée à quelques samples et effets électroniques, sa musique place toujours et nécessairement l'homme au centre de sa problématique musicale. Plus simplement, ses compositions pop sont salement enjouées, communicatives, chaleureuses et défoncées. Plusieurs anecdotes émaillent cet album, qui méritent d'être notifiés, points de détails qui ont nécessairement leur importance du fait du caractère hautement humain qu'ils donnent à l'entreprise Tsaca Tsap : Ramo Teder a joué l'ensemble des parties instrumentales ; d'origine estonienne, il vit à Helsinki, capitale étrange entre toutes où les journées durent 33h33 ; la pochette a été co-dessinée par l'auteur et Janus Tamme, ainsi que sa fille de 3 ans. Etonnant.
www.kohvirecords.ee

LOUIS Dreams never die (Metaphrog/ Fat Cat )

L'apparente naïveté de cette pochette/bande dessinée mettant en scène un personnage imaginaire naïf et sincère (Louis ?) n'a en fait rien d'apparente et n'a d'autre objet que de réfléchir, tel un miroir la belle candeur et innocence de cette musique. Un court (très court) maxi d'à peine 10 minutes, co-édité par Fat Cat (gage de qualité s'il en est) et sorti sur le label Metaphrog. Hey (Klaus Tschabitzer) compose ce petit morceau (dreams never die) chanté en français, sur fond d'organisme candide. Mùm remixe ce morceau avec le même attachement à la légèreté et à l'absence de gravité. Frais.

www.louisandfc.com

TTROY VON BALTHAZAR s/t (Olympic disk/ www. sweetreceiver.com )

Les inconditionnels (dont je suis) du groupe californien Chokebore auront reconnu sans peine dans ce court maxi le patronyme original de son leader charismatique Troy Von Balthazar D'aucun pensait, en toute bonne foi, qu'il avait donné toute son énergie et sa générosité créatrice à son groupe. Il n'en est rien. M. Balthazar aura gardé sous le pied quelques mélodies ravageuses nocturnes, rhapsodies mélancoliques et sincères de l'aube qui prennent les détours de folk songs de l'intérieur, de petits édifices musicaux sensibles. Des textes, composés dans l'isolement d'un deux pièces, entre Honolulu, la Californie, l'Allemagne et la France , avec pour compagnie Anton Fesit, Neyzen Siyah, megumi Kakumoto (qui assure les cœurs) ou encore Léonard Cohen, excusez du peu. Bien que ce disque ne refléte jamais qu'un témoignage isolé, le ressentiment d'échos d'une vie ; sa musique associée à son timbre touche fréquemment à l'Universel. Eminemment humain et beau.

www. sweetreceiver.com

L. PIERRE Touchpool (Melodic/ La Baleine)

Les clichés majestueux de Nadia Bradlay (le corps nu et lactescent d'une inconnue) nous immergent dès les premières secondes dans l'univers de L Pierre : intimité, féminité à fleur de peau, inclinaison à la douceur…Aidan Moffat projete ici la part la plus dissimulée de son être dans ce projet. La musique de L. Pierre semble instinctive, spontanée, régie par une profusion de sentiments troubles étagés entre la tristesse, la fébrilité et le bonheur contenu. Difficile de décrire la richesse de ce qui capte notre attention dans cette musique. Des oraisons néo-classiques aux confins du liturgique et du paien, où se mélangent sections à cordes, effets post-rock et douceur tactile de folk, où sont atteints des sommets de beauté sur Crusch ou Rotspots from the crap map. Aidé de Dave Mac Gowan , Malcom Middleton, Allan Wylie, les quelques courtes mélodies de cet album emportent notre cœur et notre adhésion loin de tout tracas. Le quotidien d'un homme qui nous fait oublier notre quotidien, en quelque sorte. 7 brefs versets pour le paradis. Splendide.
www.melodic.co.uk

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