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JadeWeb chroniques #1 /
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Chroniques #0
Tennis - Klimperei - Stylus - Clarence Parker - Liquid sphere - Pascals - La kuizine - Pauline Oliveros - Sébastien Tellier - Eglantine - Dream - Acetate Zero - Maxime Lavièville/sébastien Eglème - BS 2000 - Bip-Hop - Crunch - Heimelektro Ulm - My Jazzy Child - Antenne - Jérome Noetinger/Lionel Marchetti - General Magic - Michel Banabila & Hannes & bobby - Scratch Pet Land - 386 DX

 

Penumbra
Skandinavien
(Iris Light
Mèl /import/wave
)

Difficile de traiter des compositions de Penumbra sans faire état, petit laïus de rigueur, de son approche de la musique au sein de Zoviet France, formation industrielle / dark atmosphérique et visionnaire des early eighties, formation qui aura su traduire et intégrer les nouveaux sons, mouvances et techniques sans jamais renier leur part d'héritage à toute la scène Dark Ambiant.
Penumbra assagit ses vues, fait rompre les battants des volets et ouvre ses pièces à la lumière nocturne et aux souffles lunaires.
Les quelques morceaux qui jalonnent ce Skandinavien révèlent des ressources étonnantes de loops en résonances. Les 2 morceaux qui ouvrent l'opus me rappelle invariablement, la lente montée d'Aguire, où la colère de dieu, rendue célèbre par Popol Vuh, même climat éthéré, même moiteur, également. L'album gagne en rythme par la suite, sorte de rythmique périodique minimale (lignée Pan sonic), entremêlée d'atmosphères opaques. A ceux qui n'attendent plus rien de la musique atmosphérique, ils trouveront dans ce disque un peu de la sérénité à laquelle ils aspirent depuis si longtemps, Liminal et spectral.
JJ.

 
     
   

Wagon Crist
musipal
(Ninja Tunes/PIAS)


Wagon Crist, Plug, Vibert/ Simmonds, autant de noms d'emprunts pour un seul homme, luke Vibert, chef de division chez Rising High, Rephlex et Ninja Tunes, dont ce dernier sort aujourd'hui après divers maxis, "Throbbing Pouch" et "Tally Ho!" le magistral "Musipal". Issu de cette longue péninsule aux côtes découpées, talon de l'Angleterre, , Luke Vibert vient à l'occasion goûter d'un peu de la sérénité du lieu, prétexte géographique à la réflexion, à la domestication des sons, art dans lequel il est passé maître.
Faussement cataloguées ambiantes, ses mélopées ont le charme du dépaysement. Ni ostensiblement house, ni foncièrement électronique, avec des passages drum'n bass c'est l'exotisme qui gouverne. Ses morceaux voguent entre ces courants prenant de rythmes et de mélodies ce qu'il faut. Une vision qui lui octroie ce son si particulier, dont on ne sait vraiment trop s'il provient du bas ou du haut dans la mesure où il s'attache davantage à construire une ligne mélodique qu'à intégrer un cahier des charges de beat. Les ajouts sont des suppléments d'âmes, ni nécessaires, ni gratuits, mais qui au fil des écoutes se révèlent indispensables et rafraîchissants. Un album de haute volée, un de plus à son actif.
JJ.

 
       
   

Antibalas
liberation afro beat
(Ninja Tunes/Pias)

La musique d'Antibalas me fait irrémédiablement penser à la fougue communicative des albums de Fela Kuti. C'est évident dès la première mesure. D'autant plus évident à l'écoute de certains morceaux chantés en langue Yoruba. Un afrobeat léviathique, pimenté de cuivres, une musique spontanée, insidieusement free, sans attache réelle aux Etats Unis, d'où ils sont originaires, si ce n'est certains thèmes où les passages vocalisés en anglais rapprochent le vieux continent de son cousin américain. Un rap polyglotte, qui se fait le temps d'un album l'étendard des langues minorées, passant sans vergogne de l'anglais à l'espagnol, puis au Yoruba, nous l'avons dit (langue officielle du Nigeria et plus largement de l'Afrique occidentale). Antibalas nous propose de retrouver un peu de la ferveur de Fela Anikulapo Kuti, par delà sa mort. L'album, brillant au possible laisse une saveur douce amère dans la bouche, lorsqu'on prend la mesure de ce que doit être Antibalas sur scène. Dans cette attente, l'écoute prolongée de l'album se révélera un merveilleux palliatif.
JJ.

 
       
   

RM 74
mikrosport

(domizil /Wave)


Un digipack qui rappelle les fractals perturbés de Nobukazu Takemura ou d'Autechre, voici pour l'entrée en matière. Le reste est un dispositif sonore où les effusions de glitchs et de cliquetis désassemblés traduisent une certaine idée d'un mal-être. Une activité sonore en ébullition, qui commence dans les franges de l'expérimental pour finir dans un imbroglio de sources.
Une approche assez théorique de la musique, qui offre des vues vers des labels tels que Ash ou Touch, avec une inclinaison pour les sonorités chères à Raster Noton ou Microwave. Domizil a fait son miel de cette musique. RM74 fait de l'expérimentation sa marotte, son esthétique de vie, avec des sons bricolés à la lampe à galène. Sous ce nom se cache Reto Mäder, qui nous livre ici des compositions digitales granuleuses, mécaniques, qui par transparence laissent deviner un goût pour la micro tonalité, le choix de pixels plus que d'images. Un peu comme si Pan sonic avait laissé tomber son matos dans un évier plein de flotte. Mikrosport ou l'ère de la biologie sonore moléculaire.
JJ.

 
       
   

Imagho
images des mondes flottants
(Loom rec/catharsis) Mèl

L'album d'Imagho envahira votre corps de doux frémissements, enivrera vos sens par l'extrême onction de sa forme ; de lentes phases de guitares, qui à la manière du flux marin, vont et viennent en d'interminables ressacs. Une musique fragile, isolée, qui se laisse effleurer du bout de l'oreille, une gamme de sons friables et périssables, fouillés à l'extrême, avec le silence en point d'orgue, l'écho d'un touché de piano comme chant du cygne. Jean -Louis Prades remet en culture les terrains vagues que de précédentes formations avaient laissé en friche, gastr del sol sur "lake street…", un peu de la fluidité de rafael Toral et des espaces sans limites de John Fahey. Un album qui rend compatible simplicité, dextérité, et sens de la mélodie. L'évocation brumeuse de paysages sonores trop rarement foulés. Merveilleux.
En guise de conclusion, j'ai envie de souffler cette phrase de Joe Chaikin : "Au début du siècle, raconter une histoire constituait une forme véritable, et les gens avaient un peu l'impression que ça correspondait à leur vie. Cette longue forme- début, milieu et fin - avait vraiment un sens pour eux. Peut-être qu'aujourd'hui nous vivons dans un temps où ça n'a plus de sens. Un temps qui exige quelque chose de nouveau, d'autres types de conceptions. Peut-être que l'histoire ressemble davantage à des moments, plutôt qu'à cette longue forme épique qui n'a plus aucun rapport avec notre vie, tellement tout est fragmenté et brisé".
JJ.

 
       
   

Sound Drifting (triton/MEGO) Site

Sound Drifting est une fabuleuse quête d'esthétisme urbain, une réflexion pure sur les disfonctionnements de la vie sociale et les richesses qu'elle recèle.
Une publication luxueuse qui développe son entreprise sur deux supports distincts: une publication papier, recueil de textes, de rapports et d'images captés en différents points du globe. Le support audio , format double Cd qui l'accompagne, est la synthèse, pendant auditif de 9 jours de prise, où se sont succédés, 16 Projets internationaux, sur 3 continents à l'occasion des Ars Electronica 99.
Les projets sont à l'initiative du label Triton, en collaboration avec l'Orf Kunsradio et proposent la confrontation de plus de 50 artistes, poètes, plasticiens, urbanistes, architectes, vidéastes, danseurs dans ce tour de table de l'urbanité et de la citoyenneté citadine. La musique rappellera aux curieux, amateurs d'expos les bornes auditives disséminées lors de l'exposition Mutations au CAPC de Bordeaux, où l'on retrouvait pèle mêle l'international déconnant, Merzbow, R&D et autres activistes du bruit blanc et de la prise de sons concrète de la ville en marche. Résumé: le principe du livre est la ville comme matériau, élément central des échanges d'informations et de données, un système complexe de visions reliant chaque être humain et ici, les différents projets. Un beau livre en Anglais et deux disques où les artistes présents développent une certaine idée du bruit et de l'investigation sonore. Du beau linge, donc.
JJ.

 
       
   

Couch
profane
(Kitty-Yo/ PIAS)


Le très bel album Fantasy, très beau trait d'esprit musical ( ligne épure, teintes chaudes ) avait quelque peu entériné le style." Profane" est de cette veine ; des arrangements à base d'instruments acoustiques, où contrebasse, trompette et cordes jouent les troubles fêtes, volant la vedette au clavier .
Les relais médiatiques auront tôt fait de leur coincer l'étiquette Post-rock dans le cou, et même s'il est vrai qu'on décèle quelque chose de Tortoisien sous le canapé ("couch"), ils empruntent aussi de leur vocabulaire aux musiques rock progressive (Deep Purple) et Krautrock (Can) les rapprochant en cela des formations plus contemporaines, chaudes et éprises des vibrations chaloupées du Jazz (Genf, Ganger, Salaryman). Des mélodies douces à l'oreille, qui s'encrent à nos attentes, prennent possession de l'espace de la pièce.
Couch n'invente sans doute pas grand chose, mais à bien y considérer, ne vaut-il pas mieux un bon album qui se trouve qu'un mauvais qui se cherche? Profane est à la fois une violation en règle, un pillage orchestré de ce qui s'est déjà pratiqué et un hommage brillant à ces styles. Que demander de plus?
JJ.

 
       
   

Prefuse 73
Estrocaro
(Warp/source)

Difficile de rester impassible à la véritable tornade d'influences qui gravite dans la tête de Prefuse 73.
Scott Heren est à l'heure actuelle un génie du son. Il a réussi à synthétiser les plus vibrantes émanations de la culture électronica (tendance replex, Warp) avec les meilleurs des stratèges Rawkus. Un hip hop furieux, très sensuel par moment, qu'il déstructure à loisir, séquençant le débit du MC comme autant d'interférences. Si vous espériez passer le Printemps confiné dans votre appartement, oubliez tout. Vos jambes vous supplieront de vous livrer à Prefuse 73 et à son hip hop satanique. Excellent!
JJ.

 
       
   

ROB
don't Kill (Chevauchée/Source)


Comme pour injurier l'air du temps, cracher sur les cultures-références du moment (hip hop /électronique), ou tout simplement pour faire son truc, Rob, revient avec un album Don't Kill, hymne à la béatitude des 70' et à ses légions de chœurs féminins très Fame, appel aux longues envolées. Des arrangements grandiloquents à coup de guitare, de fuzz, de batterie, pas si éloigné des formations eighties lignée Supertramp et Toto, de la mégalomanie qui sert la musique. On aura le même plaisir renouvelé à écouter Le tube Amour, triste et baroque.
Désuète, la musique de Rob l'est certainement, bien qu'on ressente des influences plus récentes. Ces titres nous rendent aussi fou de joie que d'exhumer des vieilles photos passées d'un grenier. La nostalgie, le souvenir, le temps qui passe…
A l'instar de Sébastien Tellier, Rob cultive ce même goût âpre pour la mélodie Vrai même si sa démarche est autrement plus démonstrative.
La force de ses chansons, c'est la familiarité qui les auréole, cette sensation qu'elles ont de nous faire croire qu'elles ont toujours existé au fond de notre oreille, tapis dans l'ourlet. S'il ne devait rester qu'un fan, je serais celui là. Brillant et indispensable.
JJ.

 
       
   

SHUDO (Quatermass/Tripsichord)

Bien davantage que les superstructures économiques ou les entités politiques extraterritoriales, les labels (ici Sub Rosa/Quatermass) ont su comprendre la potentialité inhérente au patrimoine culturel européen. Une culture "en train de se faire", audacieuse et inventive qui trouve des bases aux 4 coins de la communauté. Le fait que Shudo soit catalan, originaire de Barcelone n'est pas le fruit du hasard ; Il souligne simplement la vitalité de la scène locale, portée par la dynamique du festival Sonar, mettant en exergue l'attrait croissant des labels électroniques pour cette région de l'Espagne. Quatermass est à présent une entité autonome, laboratoire électronique exilé de sa maison mère Sub Rosa. Shudo est un des chantres de l'interdisciplinarité, expérimentant dans les sphères vidéo, audio mais également porteur de réflexion sur l'interactivité du support Net.
La dichotomie image/son est si tactile, présente dans son œuvre, qu'elle donne un aspect plastique et cinématique à sa matière sonore. A mon sens, l'approche la plus juste de son travail est à la croisée des chemins entre le Necropolis de DJ Spooky, panorama nocturne d'une urbanité déclinante et le traitement de son si particulier à Oval, succion de nappes en travelling arrière. Une vision sensible de l'abstract électro qui à le goût de la réussite.
JJ.

 
       
   

Nappe Mèl
tic
(SMI/Orchestra)


La musique électroacoustique et improvisée a tout a gagner dans le rapprochement des genres, dans la collusion des outils musicaux. C'est en tout cas ce que nous soumet le label SMI (label du saxophoniste de St Etienne, Bruno Meiller ) par l'intermédiaire de la formation Nappe. Loin de traîner des pieds, la sphère improvisée jette un regard clairvoyant, avec juste ce qu'il faut de recul, et livre des productions souvent raisonnées, amusantes, brillantes sur le matériau électronique, bien plus, d'ailleurs que les scènes électroniques traditionnelles, intellectuellement mornes et peu audacieuses. Nappe, groupement fluide composé de 2 membres, Pierre Faure et Christian Malfray sont issus de cette scène. Autodidactes, didactiques, ils ont su galvaniser leurs compositions d'un maillage électronique, entrelacs de samples, fruit d'un travail long d'expérimentation et d'influences délicatement agencées.
L'adhérence réciproque de ces sphères assure un maintien solide aux fibres de leur construction. L'approche, pour expérimentale qu'elle soit, n'en dénigre pas moins les aspects dansants et œuvre avec virtuosité pour le rythme.
Une ambiance où les maîtres du minimalisme électronique (Massimo, Ikeda) auraient maille à partir avec l'abstract électro d'un Autechre ou d'un Pimmon, et le close-up sonore d'un Voicecrack.
Une vision hémisphérique du monde, profonde et fouillée, instable et cohérente, improvisée et séduisante.
JJ.

 
       
   

Ochre
infrasonic waves
(Ochre/import)


Ochre, couleur nuancée de la gamme polychromique de l'échiquier musical entretien depuis cinq le feu d'une musique à captation vibratoire, dont les ramifications en France ont donné vocations à nombres d'activistes, de Meridians à la clique Ursa en passant par Monopsome...
Une musique vibrante, dronienne, ondulatoire, qui se courbe à une certaine mélancolie. La liste très impressionnante d'artistes et de formations présentes, laisse se dessiner en arrière plan, l'ampleur et l'envergure qu'à du jouer et prendre Ochre dans l'émergence et la pérennisation de cette scène.
De même que Kranky, Space Age ou Drunken Fish, Ochre a su , au long de ces années de repérages, faire sienne une certaine idée de l'ambiante et de l'atmosphérique… créant une identité suffisante à sa structure pour laisser entendre que tous ses groupes ont un avenir et une destinée commune, des racines et des ancêtres à honorer (lignée Spiritualized / Spaceman 3).
La liste résonne dans nos oreilles comme un panel idyllique d'une discothèque enviée. Voilà ce qui grise mon attention dans ces regroupements, toute l'évidence de ces points d'ancrage qui les lient à une même scène…et le soucis de détail, la pointe de pittoresque qui anime chacun d'eux et les différencie à l'écoute. Des noms connus, Avrocar, Magnetophone, Stylus, 90° degrees south, Amp Studio, des homonymes distingués, Lakescene (Land Of Nod), Igirisu Jin Futari ( longstone), Five Way Mirror (Windy & Carl) et des formations en devenir, Mount Verron Arts Lab, Freed Unit, Yellow G, The Groce Rie….De tous ces noms et dans le contexte forcément subjectif de la compilation, on retiendra de beaux développements et appendices. Pop névrotique, boucles magnétiques et émissions électro désabusées, voici le bonheur, la vision du monde que nous offre Ochre.
JJ.

 
       
   

Berliner Theorie
Live
(Staalplaat/Metamkine)


L'emploi abusif du terme d'expérimental a très souvent tenté de justifier une action artistique dans une structure préexistante. La seule démarche expérimentale valable se fonde sur le critère exact des conditions existantes, et leur dépassement délibéré. On ne saurait appeler création ce qui n'est qu'expression personnelle dans le cadre de moyens crées par d'autres. La création n'est pas l'arrangement des objets et des formes, c'est l'invention de nouvelles lois sur cet arrangement. La théorie Berlinoise n'est pas de ces sombres préceptes qui cherchent à expliquer l'univers autour d'obscures formules. Rien moins que la volonté de nous familiariser à l'électronique et l'expérimentation.
Dans cette optique, Sam Avinger et Rupert Huber ont radicalisé l'utilisation de l'art Radiophonique avec un tournant abstrait à leurs travaux. Un positionnement irascible pour les amateurs de mélodies douces. Les autres curieux et amoureux de compositions sans visage jouiront de tout leur soûl.
JJ.

 
       
   

Peter, I'm Flying !
formotiondisconfort, callflightattendantforbagdisponable
(Pan/autoprod)


Certainement le logo le plus explicite quand aux vertus de cette musique (qui devrait à lui seul en justifier l'achat).
Les amateurs d'une triade Active Suspension/clapping music/tout l'univers (rajoutons Goom) retrouveront avec un plaisir sans faille un peu de l'énergie et de l'intuition de ces labels dans cette compilation.
L'écueil a éviter dans ce genre de compilation est la mise en orbite d'Artistes dont les références avouées (Warp/Musik Aus Strom/Morr, Payola…) deviendraient de malheureuses révérences, ou fac-similés aux labels suscités.
On est vite rassuré, et même si VLAD, parrain de circonstance (il a sorti un sublime ep sur Warp) surveille de sa bienveillance la petite tribu, on est bien loin du plagiat.
En fait, les Groupes trouvent un certain salut dans le travail, en allant fouiller au plus profond d'eux même pour signifier dans leur musique les caractéristiques et aspects qui les définissent au mieux. Ainsi, on passe allègrement de l'électro cheap japonisante d'Anne Laplantine, à l'intimité douce et féminine de Shinsei ( Eno/boards of Canada), aux nappes électro -freefanfare de Mils qui est un pendant convainquant d'un Pierre Bastien analogique. O.Lamm, quand à lui, donne dans le glitch /blip en abstraction avec une fin heureuse ("le réveil des synthétiseurs") et une conclusion digne de Microwave.
Snark est son drôle de signe que je n'arrive pas à matérialiser sur mon ordinateur avec un titre assez mélancolique (sur l'intro) pour prendre en rythme par la suite et avec ce traitement de son qui lui est si singulier ; herri Kopter (le projet électronique de Jérôme Minière) qui développe de longues phases dépressives qu'on verraient volontiers sur Kranky sur ce "aux chiens écrasés"; Gel: un ton au dessus des autres avec un titre éponyme magnifique de simplicité et d'onirisme; Mitchell Akiyama nous ramène brutalement sur terre avec ses rythmes hard-techno aquatiques et répétitifs ; King Q4 , qu'on retrouve avec un plaisir non dissimulé, et qui semble, à la manière des bons vins, se bonifier avec le temps; Chris Cole est un "i just want someone to know this is me" somptueux, où les lentes montées, mélopées mélancoliques d'un Satie entre en guerre avec une armature drum'n bass à résidu Jazzy. Excellent !

Encre, distille son Barbara aux dernières heures de la journée, quand le ciel inonde les toits des maisons encore brûlantes. A base de cut-up sonores et digitaux, la répétition bienvenue dans ce morceau enivre sans mesure. Beau
"me tracks for hyperactive kids" et son raining drums très cinématographique avec toujours ces mélodies lancinantes au piano, instrument réminiscent chez divers des artistes présents. Et Vlad et son Electro qui tue pour clore dans la joie cette superbe compilation, qui est une syncrétisation parfaite entre ce que la pop recèle de plus mélodique, d'attachant et l'électronique de dérapages contrôlés et d'aspérités caressantes.
JJ.

 
       
   

Bourbonese
Qualk on uncertainity

(Korm Plastic/metamkine)


"Dans l'incertitude", voilà un sentiment noble et judicieux qui signe à merveille les travaux de cette formation prestigieuse, et emblématique et peu reconnue de l'underground expérimental/analogique des 80'.
On comprend dés lors l'intérêt que leur porte Frans de Waard, issu de cette même scène (Kapotte Muziek) et le souhait intime qu'il formule à voir les générations actuelles faire œuvre de reconnaissance. Evidemment, le son du groupe à quelque peu évolué, néanmoins les sources, même anciennes du groupe n'ont jamais été exclusivement électronique ou analogique. La formation a toujours eu à cœur un télescopage franc et l'assimilation d'instruments acoustiques à leur compositions. Les récents conflits Anarchiques, au centre de Londres, le mois dernier ramènent les BQ au devant de l'actualité tant leur musique à longtemps sous-tendu liberté absolue et spontanéité de l'individu, fondements de base de cette idéologie. Leur dernière apparition publique, courant 1993, préfigurait les courants et thèmes ultra-bruitistes chers à Praxis, UHT saoulaterre; pendant sludge électro-core d'un Doom. Rien de commun a "on uncertainity" qui s'inscrit dans une optique résolument Ambiante, où les stratifications de guitares répondent aux arpèges de rythmiques âpres et spartiates, rappelant dans une large mesure les travaux de Nigel Ayers et Origami Republika…. C'est d'ailleurs sans doute au sein de ses formations de vieux routards, Kapotte Muziek, Nocturnal Emissions, Muslimgauze, Coil qu'on trouve le plus d'intensité, d'acuité intellectuelle et sonore…l'âge de la sérénité.

JJ.

 
       
   

Gen Ken Montgomery
icebreaker

(Staalplaat/metamkine)


L'adaptation des artistes au monde contemporain et à son cortège de médias obligent ceux-ci, les invitent à organiser leur pensée et leurs travaux au travers d'un corpus de méthodes et d'analyses. Ma conviction est la suivante : Un musicien, pour peu qu'il fraye dans les musiques vouées à l'expérimentation, qu'il prenne à partie le son doit dans le même temps s'interroger sur l'environnement de ce son (ex: les images auxquelles il renvoie) , et le contexte dans lequel il est émis, etc…c'est donc un travail polymorphe, agissant sur plusieurs supports, au travers de techniques diverses. Gen Ken Montgomery est à la fois plasticien et musicien. Depuis 1978, il expérimente dans un soucis de création ludique le son et l'image (vidéo) et leur relation. Ses collaborations avec Conrad Schnitzler s'élaborent autour de la perception des sonorités (l'installation est une pièce baignée dans le noir le plus total, le "ice-O-matic" où est diffusé via 8 haut-parleurs, de façon alternative, correspondant aux compositions présentent sur ce mini CD) Ce disque est un succédané de la performance originale longue de 4h 30, orchestré en 1992 au Generator Sound Art Gallery, NYC : bruits de craquements, glace qu'on brise, crispation, pas dans la neige….A écouter dans le noir, les paupières closes ou non.
JJ.

 
       
   

AS11
5000m New WR
(Antifrost/Metamkine)


Ce mini-album 3 titres format "cinéma pour l'oreille" est une déclinaison intégrale de ce que notre cœur peu avoir a subir. Il marque dans un premier temps le retour à l'avant-scène du discret AS11, grec de son état. Son travail de conceptualisation prend ici pied dans le course de (demi) fond, soit le 5000m. Evidemment, qui mieux qu'un grec, dont sa mère patrie est le foyer des olympiades, pouvait s'attacher à rendre intelligible une des épreuves reines . L'idée étant de simuler chaque étape rythmique , révéler ce qui se passe de souffrance intime, de lutte intestine contre le métabolisme, le cœur en étant l'acteur principal et le souffle l'interprète. L'anecdote est prolongée jusqu'à composer des morceaux, qui réunis, égalent le record mondial de la distance, établit par un Ethiopien : partager un peu de sa souffrance et de son adrénaline, une vrai thérapie emphatique.
Antifrost est une structure grecque ayant pour objet de promouvoir les travaux du groupe Elios et à l'occasion ceux d'AS11. Cependant, elle s'est déjà ouvert à l'international en la très jolie personne de Sachiko M pour un Detect.

JJ.

 
       
   

Panoptica
Certificate 18
(Electronic projects/La baleine)


Vous laisserez errer vos très jolis yeux/oreilles ourlées sur le très beau premier album de Panoptica, dansant et déterritorialisant. le Mexique, terre de pérégrination musicale de Robert Mendoza, et loin des clichés précautionneusement établis, influencé qu'il est par l'électronica chère à Kruder &Dorfmeiter, Photek, on est donc loin des Tequila, citron vert et autres trompettes pour Moustachu. 8 titres qu'on écoutera en relisant le motel chronicles de Sam Shepard, même si en définitif, un bon John Fahey aurait largement fait l'affaire.
JJ.

 
   
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