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Pierre Maurel
vu par l’ontologie de Gilles Deleuze

Initiation à l’ontologie de Jean-Claude Van Damme #1

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Monsieur Vandermeulen Censuré

Historique de la bande dessinée Belge

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Littérature
pour tous
L'ouvrage

Extrait #1
Madame Bovary

Journal
janvier 2003 (extraits)

 

 

 

 
 
 

 

 
 

 
     
 

Ceci n’est pas la Belgique

La Belgique est un petit pays pluvieux et insolite, composé de deux peuples culturellement très différents, les Flamands et les Wallons – et dont la langue n’est pas la moindre de leurs distinctions ! Ce minuscule pays -qui habillé et mouillé ne pèse guère plus de 10 millions d’habitants (1)- fut constitué en 1830 et aura vu naître dans le désordre : Jacques Brel, Enzo Sciffo, Georges Simenon, Martens XV, la Castafiore Amélie Nothomb, Dirk Frimout (notre image), l’incommensurable Jean-Claude Van Damme et Pieter Bruegel l’Ancien. Le lecteur attentif s’étonnera certainement de voir ici mentionné le nom de Pieter Bruegel l’Ancien (1525-1569) alors que la constitution de la Belgique date de 1830 seulement. C’est effectivement un phénomène curieux, mais assez ordinaire, car le belge aime à se découvrir d’illustres compatriotes au sein d’une diaspora allégorique ou des temps révolus. C’est pourquoi un véritable belge vous soulignera toujours que Johnny Hallyday est Bruxellois, Charles Quint Gantois, et les anges de Van Eyck Brugeois. Ce trait local aurait sa source dans un succinct alinéa de la Guerre des Gaules d’un certain Julius Caesar, où l’on vantait curieusement déjà les vertus des braves Belges (Julius Caesar, c’était bien avant 1830).

Il était donc dit que ce petit coin de terre, confiné au beau milieu de l’Europe, politiquement aussi étrange que les déconcertantes toiles de René Magritte, allait devenir le berceau du surréalisme, de l’autodérision et du consensus parlementaire. Autant de qualités dont se souviendra probablement longtemps Sa Sainteté le pape Jean-Paul II qui, pour sa première visite en Belgique, dû se résoudre (après d’âpres compromis) à baiser le tarmac de l’aéroport militaire national plutôt que le sol flamand de Zaventem (l’aéroport civil) et ainsi rasséréner les jalousies wallonnes. L’on excusera dès lors les quelques 5.990.000.000 de personnes pour qui le mot Belgique et ces quelques chroniques n’évoquent que peu de choses, à l’instar du jeune tennisman André Agassi qui, lorsqu’il se rendit en Belgique pour son bref contrat d’exclusivité avec la firme de boyaux pur porc Donnay© (fleuron de l’industrie sportive belge), remercia la France devant toutes les instances politiques du pays médusées. Mais n’accablons pas ici les sportifs -d’autres s’en chargeront bien mieux que nous- et concluons ce petit aperçu en admettant que la Belgique n’est qu’une fantaisie administrative, que sa capitale, européenne de surcroît, n’est pas autre chose qu’un formidable melting-pot culturel, brassant et puisant ses identités au nord comme au sud.



la couverture du fameux journal par Géraldine Servais

Pelure Amère

La Mokka Revue de Lambé, Corbel et Larue
- mai 1990

Frigo revue

Pour une Internationale Graphique…

Cet état de fait, la brochette d’auteurs présente dans ce journal, étalons de la jeunesse créatrice vivant en Belgique, l’a parfaitement assimilé. Ces jeunes gens (ils ont entre 20 et 36 ans), tous issus du mouvement que l’on dénomme communément les indépendants, émergent dès les années 1990 avec la parution de revues collectives telles que Mokka, Pelure Amère, La Cinquième Couche, Bill (fraction flamande du phénomène), ou encore les très élégantes Frigo Revue. Ce sont les lieux de toutes les expérimentations où les jeunes Lambé, Corbel, Fortemps, Deprez, Long, Van Hasselt, Goblet, Poot et Löwenthal (et bien d’autres) aiguisent leurs talents avant de réaliser leur albums propres. Ces publications, véritables contre-pieds à la bande dessinée traditionnelle belge, déroutantes tant par la forme (formats, façonnages et paginations inhabituels) que par le fond (disparition du récit d’aventure de type feuilletonesque et du héros récurrent), se démarquent par leurs prétentions littéraires et par une ouverture fondamentalement internationale. Ces nouveaux auteurs, souvent mal compris de leurs aînés comme des comités rédactionnels historiques, se réclament plus – parfois avec un brin de provocation, faut-il ajouter – des légataires de Pessoa, Kafka et Robbe-Grillet que des sacro-saints Jacobs et Hergé. Bien vite ils s’organisent en structures éditoriales et deux groupes se distinguent : les éditions Fréon et sa petite cousine la Cinquième Couche. Ces jeunes auteurs/éditeurs (énergiques et impatients comme sait l’être la fougueuse jeunesse) créent bien vite, avec la contribution des éditions Amok établies à Paris, les conventions internationales Autarcic Comix, véritables pôles d’échanges culturels. C’est ainsi que les éditions Fréon, instigatrices dès 1994 de ces événements, réussissent à dresser un catalogue cosmopolite, dont les figures les plus marquantes sont Martin Tom Dieck (Allemagne) ; Stefano Ricci (Italie) ; Alberto et Enrique Breccia (Argentine) ; Richard Castells (Espagne), Alex Barbier (Fillols) (2).
L’équipe de La Cinquième Couche porte parallèlement son jeune regard sur le monde et orientera ses attentions vers la diffusion du langage de la bande dessinée aux quatre coins du globe (tel Tintin ?), en formant de nombreux ateliers à Ouagadougou ou Tétouan, jusqu’aux villages indiens Tawahkas des forêts tropicales du Honduras.

Extraits du Journal
Jean-Christophe Long
Christophe Poot
Xavier Löwenthal
William Henne
Masson


Underground et minis-récits

Dans un second temps, au milieu des années ’90, apparaissent à Liège, Mons et Bruxelles, de jeunes dessinateurs héritiers d’un tout autre univers culturel, plus inspirés par le ton underground de Robert Crumb et les désinvoltures françaises de Hara-Kiri. Toutefois, malgré ces influences innovantes (et fort peu catholiques, admettons-le), ils maintiennent quelques passerelles avec le lourd patrimoine de l’âge d’or qu’ils semblent assumer (Dieu merci !) plus aisément. De jeunes auteurs assimilés à cette culture " fanzine ", tels que les Liégeois Phil, José Parrondo ou le Bruxellois Jean Bourguignon, commencent à produire de minuscules brochures photocopiées rappelant quelque peu l’esprit des minis-récits du journal de Spirou, mythiques petits livrets agrafés pas plus larges qu’une main d’enfant. Des revues collectives apparaissent : Courant d’air puis Kollectiv se présentent comme de copieux périodiques où l’esprit "self made man" y est l’apophtegme infatigablement soutenu. Des structures comme Brain Produk et Clandestine Books se créent et propagent avec vitalité leurs petites publications aux quatre coins de la francophonie. Quelques années plus tard, vers la fin des années ’90, l’actif collectif L’Employé du Moi, suit tout naturellement ce chemin tracé et constitue la relève du mouvement en éditant ses comics hebdomadaires Spon, théâtres d’individualités particulièrement talentueuses.

Extraits du Journal
José Parrondo
Jampur Fraize
Manche
David Libens

Et ce n’est pas tout…

Nous n’avons malheureusement pu qu’effleurer ici les richesses du panorama du mouvement indépendant car l’approche exhaustive d’une si fourmillante activité serait difficile à rendre en une si étroite tribune. Nous ne pouvons toutefois la clore sans témoigner de l’importance du groupe Hécatombe, influencé par le roman noir moderne et les ambiances lourdes à la Charles Burns et dont certains membres, tels que Jürg, Ptoma ou Nikola Witko, ont su prouver, par leurs récents albums, qu’ils maîtrisaient avantageusement ce sujet. Nous ne pouvons pas davantage omettre le travail particulièrement soigné des trop discrètes éditions Pyramides, découvreur des talents confirmés Merkeke et Olivier Quéméré, deux excellents auteurs qui rejoignent bien vite les collectifs Récits de Ville édités par les éditions Fréon. Citons également les aînés, Louis Joos et Joe Pinelli, deux maîtres du noir & blanc qui tous deux animent depuis de nombreuses années des ateliers de bande dessinée et voient ainsi émerger d’intéressantes nouvelles mines. L’on pense ici plus spécialement aux associations Mycose et Taches Productions qui sont, avec le groupe Habeas Corpus et une légion de jeunes électrons libres, les nouveaux espoirs de cette scène graphique belge en perpétuelle ébullition.

Extraits du Journal
Merkeke
Olivier Quéméré
Matthey

dessin réalisé pour le journal par Gof, membre du collectif Mycose
dessin publié dans le journal par Gof, en accord avec la société Moulinsart

En guise de conclusion…

Aujourd’hui encore, certains critiques et défenseurs de la bande dessinée belge n’ont que malaisément admis les infidélités de cette nouvelle génération envers un patrimoine aussi estimable et sacré (3).

Mais fort heureusement ces considérations n’ont aucune incidence sur l’enthousiaste activité de nos nouveaux défricheurs et leurs œuvres ne sont pas encore prêtes à se laisser pendre aux cimaises des musées ni à enjoliver les premières ferronneries Horta venues. Car ces jeunes héros sont des chercheurs tous azimuts et ont encore de bien vastes champs à conquérir ; n’hésitez donc pas à les lire.

Monsieur Vandermeulen

 
   

Leçon 1 Pierre Maurel vu par l’ontologie de Gilles Deleuze
Leçon 2 Initiation à l’ontologie de Jean-Claude Van Damme ou Le Concept Aware, la pensée en mouvement
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Journal janvier 2003 (extraits)
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