Presse 2002
Presse 2001
JadeWeb presse #13
Nous vous rappelons que certaines de ces revues ne se trouvent pas forcément en librairies et que le meilleur moyen de se les procurer reste la VPC en contactant directement leurs auteurs/éditeurs (qui ne mordent pas).

 

presse #12
L'HORREUR EST HUMAINE #7 . FERRAILLE #21 . CYCLOPS, AIM FOR THE EYE . L'ENFANCE DU CYCLOPE . PEACE WARRIOR #19 . LE JOURNAL DE JUDITH & MARINETTE #10 . PLG #37

presse #11
LES DESSOUS DE TERMINAL BEACH #1 > Jampur Fraize . EN MONTANT GODOT (AGRUM COMIX #5) > David Vandermeulen .
FLIPPER LE FLIPPÉ > Morgan Navarro . D.T. COMIX #3 > Pierre Druilhe
. LAPIN #33 . VERTIGE #1 . À LA BELLE ÉTOILE > Nicolas Filloque

 
 
 

LE FEUILLETON DE L'ETE

Après avoir largement réintroduit la revue en librairie et en kiosque depuis -déjà- une dizaine d’année, les petits éditeurs ont du faire face aux difficultés de sa pérennisation face à un public toujours avide de nouveautés et facilement las. Tous ont tenté d’apporter des solutions afin de préserver cet espace de création indispensable à l’émergence de jeunes auteurs et lieu idéal d’exposition de leur politique éditoriale. Trois formule en onze ans pour Lapin, une nouvelle formule qui fait grand bruit pour Ferraille -mais qui se heurte à l’arithmétique violente des kiosques-, une noyade prévisible et effective pour un Jade hétéroclite et sans projet éditorial, un Flblbl luxueux et sympathique qui avance à la rame, une remise en question bienvenue, voire salutaire pour Ego Comme X... et l’apparition de petits nouveaux : Patate douce dont le troisième numéro se hisse -enfin- à un niveau correspondant à ses ambitions. On pourra ajouter La lunette, dont la bande dessinée n’est que l’un des composants, ce qui ne facilitera pas son accessibilité tant le mélange des genres semble susciter la défiance des lecteurs. Citons encore le tabloïd Vertige qui donne la part belle aux graphistes tout en s’attaquant exclusivement aux kiosques ou l’underground et liégeois Mycose qui, du fond de sa Belgique natale, poursuit un chemin d’une belle constance.
De leur côté, les gros éditeurs trempent le pied dans l’eau pour sentir la température (Y z’ont vu des gens qui se baignaient, alors y viennent), mais le temps reste couvert : hydrocution estivale pour Pavillon rouge ; un Calliope qui, en choisissant le giron de Sémic, semble apprécier la plongée hasardeuse tant cet éditeur est le roi de la série interrompue ; Casterman s’essaye à faire des bulles dans l’eau avec Bang !, privilégiant le créneau 9e Art mais s’y jetant sans bouée institutionnelle. Du côté des mammouths, Fluide glacial continue sa plongée en apnée dans les grands fonds coelacanthiques où rien ne bouge ; en creusant un peu, on déterre un Pilote plein de goudron juste pour la journée... Bref, rien de bien réjouissant semble-t-il.


EGO COMME X #9
Une très belle réussite que ce neuvième numéro d’Ego comme x où tout a été repensé, de la maquette au contenu, pour donner un nouveau souffle à la revue de l’éditeur éponyme. Tout d’abord une nouvelle maquette -dans la lignée des ouvrages modelés par Frédéric Poincelet- et mis en forme sur un papier lorgnant vers le manga. Plus de pages et donc plus d’auteurs, pas moins de dix-huit, tous inédits chez cet éditeur. On retrouve des têtes connues de la petite édition, comme Pierre Druilhe (Requins Marteaux), Jimmy Baulieu (Mécanique générale), Gregory Jarry (Flblb) ou Jean-Yves Duhoo ainsi qu’une belle brochette de très jeunes auteurs, moins connus, issus de L’atelier Pacôme ou de collectifs belges comme L’employé du moi et Mycose. La revue pioche vraiment du côté de la jeune génération et met en avant quelques auteurs épatants comme Frédi Aster (Cf. Les feuilles mortes > Top Vain livres #14), Lucas Méthé (Cf. Des haricots > Top Vain presse #10) ou encore Stéphane Rey (dont on peut suivre par ailleurs la série Les bums dans Jade comics). Avec Accumulation de neige au sol, Jimmy Baulieu retravaille une nouvelle version, plus aboutie, de son récit publié en janvier dans l’anthologie québécoise L’enfance du Cyclope ; Pierre Druilhe livre quelques pages de son projet autobiographique Welcome to America ; Bert et Nathalie proposent Photomaton, formidable récit -qui fait l’ouverture et donne le ton du numéro- décrivant une relation père-fille tout en pudeur et magnifiquement servie par un graphisme classieux. La cité des flaques, de Cathy Del Magro permet une variante du Dormir de Simon Hureau paru dans le numéro précédent de la revue, tandis que Bosley, délaissant son comix Cerveau Brouillant nous raconte son souvenir d’enfance du drame du Heysel. Bref, 180 pages très bien remplies, bercées de souvenirs d’enfances et d’intime pour un Ego comme x rempli de jeunes auteurs à découvrir absolument. Très certainement la revue du moment.
JP.

 
Collectif | EGO COMME X #9
184 pages | 15,00 Eu | éditions Ego comme x
ISSN1165-9491 | ISBN 2-910946-36-3
[site]
 
 
 

LA LUNETTE #2
Un concept osé comme on dit. Nourri de récits de voyages et de reportages, La lunette se veut un journal de réflexion et d’information en prise sur le réel, par la lunette -justement- d’auteurs maniant la bande dessinée, la photographie ou le récit. On pensera évidement à L’œil électrique, qui navigue dans des eaux voisines mais l’importance accordée à la bande dessinée et à la photographie semble au cœur de La lunette. Il faut dire que la bande dessinée est en train de s’ouvrir largement au témoignage, comme au récit de voyage ou au reportage. Des ouvrages de Joe Sacco, Art Spiegelman, Guy Delisle, Emmanuel Guibert ou encore Philippe Squarzoni ont fait une entrée remarquée dans le domaine. Ce numéro 2 explore toutes ces voies, proposant un entretien avec Emmanuel Guibert ou présentant des travaux d’auteurs issus des Balkans (dont Aleksandar Zograf reste la référence -discutable parfois-). Un long reportage, assez éprouvant, sur le tourisme sexuel au Burkina Faso, de Christophe Dabitch et Jean-Denis Pendanx reste la pièce maîtresse de ce numéro -par ailleurs largement consacré à des visions de guerre- et qui se complète d’un témoignage photo dans la bande de Gaza. Une approche particulièrement intéressante à développer même si parfois on touche les limites du " cliché objectif " avec, par exemple, un reportage en bande dessinée dans le quotidien d’un commissariat bordelais pas plus pertinent -ni moins- qu’un reportage télé basique et qui laisse dans l’expectative sur ce que l’on a voulu nous dire. Quoi qu’il en soit, voilà une revue à soutenir grandement.
JP.

 
Collectif | LA LUNETTE #2
64 pages | 7,50 EU | édition Némo
5, rue Tombe L’Oly - BP 61 - 33036 Bordeaux cédex
[mèl] | [site]
 
 
 

THE DEATH OF A CYCLIST
Nous profitons de la réédition (la troisième nous semble-t-il) du petit livret photocopié The death of a cyclist, pour confirmer en ces colonnes toute la foi que nous portons au jeune et nouvel auteur, Ilan Manouach. De cet Athénien on sait peu, juste quelques dispositions – que l’on nous souffle heureuses – pour la musique de jazz. D’autres sources nous confient qu’il serait sujet à d’enflammés appétits pour les plus élégantes Grâces de l’Art, élans passionnels aux pouvoirs hautains, qui se manifesteraient chez l’atypique par une indocile conduite que de sèches et vindicatives sentences soigneraient ; c’est que l’animal ose insulter l’indigne et le laid, une excentricité que notre lecteur daignera bien pardonner à l’inconnu, parce que si juvénile.
Que l’on ne s’y trompe pourtant : les 48 pages à l’italienne du premier ouvrage d’Ilan Manouach constituent un livre d’une redoutable maturité. Récit muet, conduit par un dessin au noir et blanc âpre, jamais, nous a-t-il semblé, un fanzine photocopié aussi médiocrement broché de deux pauvres pointes fer – car oui, c’est de cela qu’il s’agit ! –, eût pu laisser échapper un tel souffle lyrique. Poésie déstructurée, l’enquête mélodique et improvisée menée sur la mort de l’écliptique cycliste de Manouach ne saurait se laisser raconter avec des mots, ni des notes d’ailleurs, tant il nous manque ici les airs qui ont dû résonner dans le cerveau de l’auteur. Il apparaîtra néanmoins à l’amateur, sa lecture accomplie, le plaisir d’entendre à son tour, tel un écho qui s’affaiblit au lointain, la discrète perception d’une mélodie inédite. Jamais, depuis Aristophane et Frédéric Coché on ne s’était autant fait surprendre ; Ilan Malouach, nous en faisons le pari, saura bientôt s’imposer comme l’un des plus indispensables.
Monsieur Vandermeulen

 
[extrait] - [mèl]
Ilan Manouach | THE DEATH OF A CYCLIST
48 pages | 4 EU| Auto-édition
   
 
   

VACHES À VOIR
Dans l’innombrable production d’Olivier Texier (’tain, il a que ça à foutre, plus de dix bouquins par an, c’est pas du jeu), notons son Vaches à voir, vingt-quatre déclinaisons tortueuses d’une vache passée à toutes les sauces et compte rendu de son travail exposé à l’occasion de l’exposition collective "Peaux de vaches et autres artistes" organisé par un centre culturel belge. Les représentations bovines absurdes frôlent un surréalisme goguenard, un tout petit ouvrage sans prétention où l’on s’amuse bien.
JP.

 
Olivier Texier | VACHES À VOIR
28 pages | 2,50 EU | Auto-édition
23, rue de Chateaubriand - 44000 Nantes
[mèl]
   
 
   

MYCOSE #15
À fond underground bien que toujours à l’heure, revoici Mycose, spécialité liégeoise à base de graphistes forts et servie frappée bien que le cosmopolitisme guette : avec la couverture de Mezzo et quelques pages de Gilles Rochier (oui, notre Gilles national à nous), les extra-Suisses Ben et Ibn Al Rabin, le batave Marcel Ruijters ou encore l’ineffable Mike Diana qu’on ne présente plus (c’est l’auteur qui est toujours publié en V.O., ce qui quelque part est très chic). Hormis ces clandestins, on retrouve la bande habituelle, de Bosley à Benjamin Monti en passant par P’tit Marc ou Fifi, de jeunes auteurs fort charmants mais qui mordent sur le papier, mélangent les genres -du souvenir d’enfance au récit de voyage en passant par toutes les fictions- et tracent lentement mais avec sincérité leur chemin graphique et leurs voix discordantes dans la production belge, fut-elle alternative. Déjà quinze numéros, une flopée de petits titres (sur lesquels nous reviendrons) et d’expos, à coup sur quelques auteurs dont on entendra parler dans les années qui viennent.
JP.

 
   
Collectif | MYCOSE #15
68 pages | 4 Eu + port | éditions Mycose
rue Naimette 35 - 4000 Liège - Belgique
[mèl]
 
   
 
   

LE PETIT GUIDE NATUREL ET MORAL DU GRAPHISTE EN PROIE AU DOUTE
Alors ça, c’est une bonne surprise et ça fait plaisir, saluons le retour d’un des activistes de Sortez la chienne, label graphique qui fit les beaux jours de nos jeunes années de lecteurs énervés. Avec Le petit guide naturel & moral du graphiste en proie au doute, Jean-Jacques Tachdjian (alias El Rotringo) décline en typographies allumées et vectorisations sauvages une vingtaine de maximes à l’usage du graphiste, sacré nouveau démiurge économique. De "Le graphiste doit inventer sans cesse de nouveaux emballages afin d’assurer la vente continuelle des mêmes produits" à "Le graphiste doit donner à ses clients un contrôle total sur l’encadrement de la création et la possibilité de coloniser l’espace mental des consommateurs" en passant par le créneau du street marketting : " Le graphiste se doit de recycler des idées neuves pour les banaliser et les transformer en arguments de vente de produits branchés". Que du bon sens, celui-là même qui s’est évaporé des esprits hype qui, adolescents, s’usaient l’idéal sur les bancs des écoles d’art. Ça doit être le temps qui veut ça, on a pu lire dernièrement dans une jeune revue d’art terriblement fashion une définition parfaite de la compromission librement consentie et formidablement dans l’air cynique du temps. Ce petit guide jaune permettra au jeune graphiste égaré et harassé de travaux alimentaires de s’organiser quelques pauses salutaires.
JP.

 
   
Jean-Jacques Tachdjian
LE PETIT GUIDE NATUREL ET MORAL DU GRAPHISTE EN PROIE AU DOUTE
40 pages | 10 EU PC | éditions La chienne
48, rue Léon Gambetta - 59000 Lille

[mèl] - [site]
 
   
 
   

VERTIGE #3
Formidable ! Vertige sort un troisième numéro et, été oblige dans la jungle des kiosques, la thématique du numéro ne manquera pas de se situer au dessous de la ceinture. Mais voilà, Vertige cultive des auteurs en marge et les sujets dérangeants, on ne verra donc pas de culs manararisés façon Calliope ni de tests illustrés sur les amours de vacances, non, Vertige à préféré disserter sur le texte de référence des perversions sexuelles dans le monde psychiatrique, à savoir le Psychopathia sexualis du docteur Richard Von Krafft-Ebing. Les fougueux graphistes habituels sont comme des poissons dans l’eau, de Fredox [interview] à Mike Diana en passant par Jonathan Rosen, avec des guest stars comme Stumead ou Mirka Lugosi [interview], excusez du peu. Comment ne pas jubiler sur cette façon de savoir mettre soigneusement les pieds dans le plat, de reléguer aux poubelles l’hypocrite imagerie médiatique qui vend du yahourt grâce à des paires de fesses. Vertige, à la manière d’un Russ Meyer, sait abonder dans le sens du média et pousser le bouchon juste au-delà de la fausse image de transgression qui suinte des hebdos pluri-culs. Un numéro épatant qui se lit le cœur bien accroché -Frédox sait nous le rappeler à chacune de ses images- et met en exergue toute l’ambiguïté du propos médiatique mou car on ne s’encanaille pas avec des édulcorants, sauf chez les chiffes-molles.
JP.

 
Collectif | VERTIGE #3
(disponible en kiosques)
20 pages | 3,50 EU | éd. Publia
[mèl]
   
 
   

SUSHI BONDAGE # 2
Le retour des sales garnements de la planète fanzine : toujours aussi beau ce Sushi bondage qui se plait à jouer, masqué, la partition de l’iconoclaste de base. De base mais avec quelle poigne, le Tintin au tarterets de Dutreix -transposition actuelle du Tintin au Congo de vous savez qui- est à se taper le bide par terre, une version trash du TNT en Amérique de Jochen Gerner, tout à la fois moins ambitieuse et moins prétentieuse. On retrouve également au sommaire un roman photo toujours impeccable de Duveau (qui signe la couverture), des pages délicatement nécro-porno, d’un Witko à peine déguisé, Baladi, l’épatant Syl, un Bertrand Molle si proche du style de Jean-Christophe Menu qu’on se demande même si... et bien d’autres dans un capharnaüm comique et trash toujours bien vu et cleanement emballé. Beaucoup pourraient en prendre de la graine.
JP.

 
Collectif | SUSHI BONDAGE # 2
48 pages | 3,14 EU | Sushi bondage prod.
[mèl]
Ne demandez pas d’adresse, y’en a pas.
   
 
    FERRAILLE #22

Encore plus épatant que Ferraille #21, il y a Ferraille #22. Sous sa somptueuse couverture de l’inimitable Stéphane Blanquet, on retrouve tout ce que le "nouveau" Pilote n’a pas, à savoir une alchimie parfaite entre une poignée de jeunes auteurs sans complexes et parfaitement maîtres de la grammaire de la bande dessinée dans ce qu’il a de plus intéressant : une force créative qui épouse l’air du temps. Et s’il y a bien une chose dont a besoin la bande dessinée, c’est bien de cela : une heureuse rencontre graphique, narrative, inventive et prospective avec le monde d’aujourd’hui. On peut faire confiance à Ferraille pour ça. La bande à Winshluss pose les bonnes questions et on se régalera, par exemple d’un Imius tâtant de la S.F. contemplative et totalement exempte d’évènement (qu’attendre du futur semble t-il nous dire) ou d’un Morvandiau, nouveau roi de bande dessinée/réalité qui fait la nique à tous les "nice people" du monde. Mais condamné à ne pas faire appel à la publicité pour cause de bon goût (Prosper Partouche ne sachant pas dessiner aux dernières nouvelles), cette nouvelle formule se heurte -bien évidemment- au piège des kiosques.
Les rumeurs vont bon train sur le possible arrêt, voire le passage en anthologie annuelle, de Ferraille et tout le monde y va de sa petite larme mais autant mettre les choses au point tout de suite : Ferraille existe dans les kiosques depuis août 1996 dans l’indifférence générale ou presque et les meuglements habituels de dernière minute, on a déjà vu ça (comme dirait le commandant Turbo). Le problème de fond demeure toujours le même, les jeunes revues audacieuses et sans grands moyens n’ont que peu d’espoirs face au public traditionnel (et le mot est judicieux) de la bande dessinée qui ne jure que par fanisme et souvenance pré-pubère. La frange très minoritaire qui constitua le public des petits éditeurs ces dernières années semble aujourd’hui se contenter d’héroïc fantasy (quel retournement) et de Canada dry.
Mais cessons là ces atermoiements, ce numéro 22 est vachte chouette et on retrouvera aussi avec grand plaisir le totalement frappé Morgan Navarro, Guillaume Bouzard qui rêvait depuis toujours de pouvoir parler de foot -c’est chose faite-, ainsi que Monsieur Vandermeulen en pleine explication de choses et faisant des infidélités à Jadeweb, à la recherche de ce jeune public qu’il affectionne tant.
JP.

 
Collectif | FERRAILLE #22
(disponible en kiosques)
96 pages | 5,50 Eu | éditions Les requins marteaux
ISSN1279-1970
       
   
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